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Keali, café et sourire dès le matin

Prendre son café le matin est un moment à part, à la jonction entre la nuit qui s’achève et le jour qui se lève, un petit bonheur réitéré jour après jour. Keali s’est greffé à ce rituel rassurant, en version délocalisée dans la rue, et destiné à tous ceux qui roulent : voitures, camions, bus, motos, vélos. Croiser Keali le matin, c’est recevoir son sourire… et son café ! Découverte d’un jeune homme motivé et jovial avec Hommes de Polynésie.

DU CAFÉ SERVI DANS LA RUE

La silhouette se faufile dans la circulation à l’arrêt. Chenille mouvante sur l’asphalte, qui ralentit et accélère au rythme des couleurs du feu. Keali a compté et s’adapte à sa cadence : 120 secondes pour le feu vert, avec mise en retrait. 35 secondes pour le feu rouge, avec passage à l’action. Une demi-minute pendant laquelle le piéton pénètre dans le fief des véhicules. Ses armes ? Des boissons chaudes, de la jovialité, des sourires, et des saluts de la main. En réponse, les véhicules vrombissants s’humanisent, baissent leurs vitres, sourient, saluent à leur tour, et réchauffent leur matinée avec un café ou un chocolat chaud.

« J’arrive sur place tous les matins dès 5h, et une demi-heure plus tard, je suis prêt pour vendre mes cafés ! »

Keali travaille pour une des entreprises qui vend le café dans la rue, nouveau concept apparu il y a quelques mois au Fenua. Il y avait les mape sur la route, à présent on trouve les cafés. Vous avez sûrement déjà aperçu le jeune vendeur, posté à l’entrée ouest de la ville de Papeete, au feu rouge de l’Uranie. Peut-être même avez-vous goûté à ses savoureux cafés aux arômes de noisettes.

UN TRAVAIL STIMULANT

Keali Maro-Leboucher a 21 ans, et chaque jour, il vient depuis Toahotu sur la Presqu’île. Départ du bus en pleine nuit, à 3h du matin, pour arriver une heure plus tard en ville. L’équipe de Haru Ton Café se rejoint à l’aube pour se répartir les boissons chaudes, cafés et chocolats, avant de se disperser aux trois coins de la ville. 

« Je suis là par tous les temps, qu’il fasse chaud, qu’il pleuve, ou qu’il vente. Je suis équipé pour la pluie, un temps favorable pour vendre du café ! »

Keali a travaillé auparavant dans la restauration, et est diplômé en santé sociale, un domaine dans lequel il n’a pas exercé encore.

« J’aime le côté social de mon métier, le contact avec la clientèle, et rencontrer toute une catégorie de gens différents. »

Keali aborde des agents de police, des ouvriers de chantier, des chauffeurs de bus, des fonctionnaires, des voitures luxueuses, ou des plus rudimentaires. Une diversité de rencontres qu’il apprécie.

APRÈS LE CAFÉ

« En période scolaire, c’est entre 6h30 et 7h30 qu’il y a le plus de commandes. Je m’organise pour être prêt avec mon plateau de boissons chaudes, car je dois être rapide le temps que dure le feu rouge. Pendant le feu vert, je remplis mes gobelets. Et au prochain feu rouge, je repars sur la route. »

Un travail propre, efficace, organisé. Keali doit juste se méfier des vélos électriques, dont l’arrivée silencieuse et rapide peut représenter un danger. Les jours et les moments ne se ressemblent pas, le challenge est de rester réactif lors des temps calmes comme pendant les fortes affluences. Quand l’activité se réduit, la fatigue rattrape Keali, car ses nuits sont courtes. 

Vers 9h, quand la plupart des travailleurs sont passés, le jeune vendeur retire son gilet professionnel, puis ses collègues le rejoignent pour ranger leur matériel, et échanger entre eux dans la bonne humeur. Keali reprend ensuite le bus vers la Presqu’île. Il va retrouver sa famille, sa femme et sa fille d’un an. Il travaillera ensuite peut-être dans sa petite entreprise de création de logos, proposera ses services pour du jardinage ou des travaux de chantier, ou partira pêcher et retrouver la mer. 

Le lendemain, nous le retrouverons en ville, et il nous lancera :

« Bonne journée ! Excellente journée ! Haru ton café ! »

Et pour une fois, attendre au feu rouge nous paraîtra bien agréable… 

©Photos : Doris Ramseyer pour Hommes de Polynésie

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