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Te Aurahi Kora, guide de randonnée pédestre maori à Moorea

D’origine Maori, Te Aurahi Kora, guide de randonnée pédestre, fait découvrir tous les jours la beauté des montagnes et des paysages de Moorea aux visiteurs. Il milite également au sein de la fédération Tahei Auti Ia Moorea pour préserver le patrimoine culturel et naturel de l’île. Te Aurahi se confie à Hommes de Polynésie pour partager son admiration pour la beauté de son île d’adoption et nous expliquer son engagement au sein de cette fédération.

UN MAORI REVENU AU FENUA DE SES ANCÊTRES

Né à Auckland, Te Aurahi Kora grandit au North Shore. Après avoir obtenu une licence en géographie, il cumule quelques emplois en Nouvelle-Zélande et en Australie avant d’obtenir un poste d’assistant en anglais en Polynésie Française en 2006. Il réalise ainsi son rêve d’enfance qui est celui de s’installer un jour au fenua.

« Lorsque j’avais 5 ans, je suis venu passer des vacances à Moorea. J’ai ensuite dit à tout le monde que j’habiterai plus tard sur cette île avec une princesse Tahitienne. J’étais fasciné par ses montagnes. C’était magique. J’ai été scolarisé à 3 ans dans un des premiers Kōhanga reo d’Auckland. On nous parlait toujours d’une île mythique nommée Hawaiki (Raiatea). On nous disait notamment que les Maori sont originaires de cette île. Tout cela m’a donné envie de revenir vivre en Polynésie. »

UN GUIDE DE RANDONNÉE PÉDESTRE AMOUREUX DE LA NATURE

Après un retour en Nouvelle-Zélande en 2009 pour obtenir un diplôme dans l’enseignement, Te Aurahi revient un an plus tard au fenua. Vers 2013 il travaille  sur un yacht pour faire  découvrir les différentes îles du fenua aux touristes. En 2021, il décide de suivre une formation de guide de randonnée pédestre à Tahiti. Après l’obtention de son diplôme, il choisit d’exercer sa profession à Moorea auprès des touristes étrangers et locaux.

« J’aime faire découvrir et partager les connaissances sur Moorea avec les visiteurs comme je le fais avec mes enfants. Ils peuvent s’immerger dans la nature au lieu de faire du bruit autour de l’île avec un quad ou un jet ski. C’est comme si je vous disais que je préfère le surf plutôt que le kitesurf. Pour pratiquer le second, tu as besoin de matériel comme le harnais, l’aile, … Pour le surf en revanche, tu poses tes pieds sur une planche et tu es immédiatement connecté avec l’océan, la nature, …  J’enlève aussi les chaussures lorsque je me retrouve au sommet d’une montagne afin de me reconnecter à celle-ci et au ciel. »

PASSIONNÉ DE LA CULTURE POLYNÉSIENNE ET DE LA BIODIVERSITÉ NATURELLE

Te Aurahi aime également partager ses connaissances sur la culture polynésienne ainsi que sur la biodiversité naturelle du fenua.

« J’aime bien parler des plantes, des mythes et des légendes, de l’histoire, …  Il y a aussi des connaissances scientifiques à partager comme celles de l’île de Moorea qui sort d’une plaque tectonique avec toute l’évolution qui s’en est suivie. Il y a tellement d’histoires dans la tradition orale polynésienne. J’ai appris par exemple que la zone trouée du Mou’a Tapu était un passage sacré pour les âmes. Je pense qu’on ne peut pas dire que certaines versions sont plus crédibles que d’autres. Ce qui importe, ce sont plutôt les ressentis éprouvés par ceux qui assimilent toute cette richesse culturelle. »

ENGAGEMENT AU SEIN DE LA FÉDÉRATION TĀHEI ‘AUTĪ IA MOOREA

Grand amoureux de Moorea, Te Aurahi rejoint naturellement la fédération Tāhei ‘autī ia Moorea, créée en février 2022, qui milite pour la préservation du patrimoine culturel et naturel de l’île. C’est d’ailleurs lui, avec trois autres guides de randonnées pédestres, qui a ouvert la première cérémonie du Tahei Auti Ia Moorea, organisée sur la plage de Temae en entonnant des pū (conques marines) sur le sommet du Moua Puta. La fédération a été créée pour lutter contre les « projets destructeurs », entre autres les projets immobiliers sur l’île sœur.

« Les membres de la fédération se soucient de l’avenir de Moorea. Si on avait laissé les promoteurs faire ce qu’ils voulaient, le site Paetou aurait été vendu n’importe comment. Il y aurait eu de grands commerces comme un Carrefour ou un Mac Donald à Maharepa. Je crois vraiment qu’il faut mettre un frein à ce soi-disant progrès qui en fait, ne fait que remplir les poches de certaines personnes. C’est la mentalité occidentale qui pousse les gens à toujours agrandir leur business et à posséder encore plus. Il va y avoir beaucoup de conséquences néfastes. Les promoteurs veulent construire encore plus d’hôtels et de grands supermarchés alors qu’on n’a même pas d’eau potable pour tous les résidents. »

PROMOUVOIR NOS PRODUITS DE LA TERRE ET DE LA MER

La société de consommation dans laquelle on évolue actuellement l’intrigue également. Il s’étonne en fait que la majorité de nos aliments proviennent de l’étranger alors que nous aurions suffisamment de ressources alimentaires pour nourrir la population locale.

« On avait nos habitudes alimentaires avec des produits issus de la terre  et de la mer. Notre nourriture était bonne. Une théorie avance même que la population de Moorea était estimée à 50.000 habitants à une époque. Ils exploitaient les ressources naturelles de manière durable. Je trouve cela incroyable que 90 % des aliments proviennent aujourd’hui de l’étranger. C’est vraiment dommage. »

ENCOURAGER NOS JEUNES À EXPLOITER NOS RESSOURCES NATURELLES

Le principal argument avancé par beaucoup d’élus de Moorea pour soutenir les projets des investisseurs est celui de la création d’emplois pour les jeunes. Te Aurahi pense pour sa part que l’exploitation de nos ressources naturelles est une solution pour que les jeunes créent leur activité et aussi pour que la population tende vers l’autosuffisance alimentaire.

« Les emplois dans les hôtels sont temporaires et plutôt axés sur le court terme. Ils sont en plus souvent octroyés aux gens de l’extérieur, en particulier à ceux qui maitrisent les langues étrangères. Je pense plutôt qu’on peut faire beaucoup de choses avec nos ressources comme le miel, la vanille, le pitaya, le coco … Au lieu de faire de la monoculture comme les plantations d’ananas à Opunohu, les agriculteurs devraient diversifier le plus possible leurs productions. Il y a beaucoup de choses à faire pour nos jeunes.»

TRANSMISSION DES CONNAISSANCES CULTURELLES AUX JEUNES

L’un des objectifs de la fédération est aussi de transmettre les connaissances traditionnelles polynésiennes aux jeunes à travers des cérémonies culturelles, objectif auquel Te Aurahi adhère totalement.

« La transmission des traditions culturelles auprès des jeunes est très importante. La fédération transmet par exemple la cérémonie du ‘ava, les étoiles du ciel polynésien, une technique de nage traditionnelle, …  Je pense que beaucoup de jeunes aujourd’hui ne sont pas motivés à faire quoi que ce soit. Si on arrive à les reconnecter à leur terre, leur ciel, leur océan, ils trouveraient leur propre chemin. »

©Photos : Te Aurahi Kora pour Hommes de Polynésie

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