Si l’on considère la vocation comme étant le penchant, l’appel pour une profession, alors nous pouvons affirmer que Tevai a suivi la sienne. Dès son plus jeune âge, cet enfant de la presqu’île était animé par deux passions : le skate et la musique.
Hommes de Polynésie s’est trouvé une place dans les journées bien remplies de Tevai, vidéaste travailleur et appliqué, qui nous raconte son parcours, sa mission de vie.
« Depuis toujours, c’est la musique qui me guide au travail, dans la voiture, à la maison. Je vis avec elle. »
L’APPEL DU CŒUR, UNE VOIE DÉJÀ TRACÉE
Enfants, loin de la ville et du conservatoire, Tevai et ses copains aimaient faire du bruit, et pouvaient passer leurs journées sur des parkings, à partager des moments simples autour du skate et du punk rock metal.
Tevai nous confie que déjà, à l’époque, ce qu’il appréciait au-delà de ça, c’était filmer et documenter leurs activités ; une aspiration qui ne l’a jamais quitté puisqu’il en a fait son métier.
Dans un certain esprit de contradiction, il nous avoue qu’il n’a pas suivi les codes de la société ni même fait ce que ses parents avaient imaginé pour lui. Au contraire, il s’est attelé à développer ses projets de cœur, et à se focaliser sur son appétence pour les nouvelles technologies. Adolescent, il piquait la caméra de sa maman, à qui il doit d’ailleurs cet amour de l’image.
Tout naturellement, il s’est donc investi dans des études de production multimédia, qu’il qualifie comme l’association de l’image et du son. De retour de Nouvelle-Zélande, il a travaillé pour une chaine locale, avant de lancer sa première entreprise à 21 ans.
Cependant, il a considéré, en toute humilité, qu’il était encore trop jeune et que l’experience dont il avait besoin était insuffisante.
Il évoque avec nous ses six années de salariat en tant qu’infographiste, au cours desquelles il a réalisé qu’il se trompait de voie. Tevai savait déjà depuis longtemps quelle était sa destinée, il s’est donc donné les moyens d’arriver à ses fins. Ce travailleur acharné a suivi en parallèle une formation dans le court métrage et le cinéma, avant de créer, avec un ami, le moteur de recherche Tahiti hot spot.
« Mes parents ne m’ont pas empêché, ils m’ont accompagné dans ma prise de risques, car je savais qui j’étais et là où je voulais aller. »
Il faut croire que ce qui lui était destiné a trouvé le moyen de le rejoindre, car après des années de labeur, Tevai se fait repérer par Jerry Biret. Il collabore avec lui sur l’événement mondial Earth Hour, et ensemble, ils décident par la suite de s’associer.
Très vite, le duo coopère avec le gouvernement sur le magazine Fenua Action News, qui sera la clé de lancement de leur propre produit : le JT Vert, toujours diffusé sur TNTV.
« J’ai une recette dans tout ce que je fais, je suis pragmatique, j’aime faire les choses et les faire bien. J’ai un profil assez obsessionnel. »
UN EXEMPLE DE RÉUSSITE
Complètement accaparé par son travail et son entreprise « Bigouane Prods » qu’il fonde avec Jerry, Tevai ne laisse pas pour autant tomber la musique, qui l’enrichit et le nourrit. Par la suite, ce multi-instrumentiste formera son groupe avec trois amis, et se spécialisera dans la composition et la production. Il a commencé par jouer de la batterie, et puis il s’est mis au chant et récemment à la guitare.
Tevai a un immense champ d’action : quand il ne réalise pas des clips pour des artistes polynésiens, il réalise des reportages ou œuvre sur des missions importantes pour le gouvernement (notamment sur le dossier de classement des Marquises à l’UNESCO).
Son schéma de travail est organisé et consciencieux : la préparation d’un repérage, l’histoire qu’il crée, l’étude des lieux, des sons, des lumières, des couleurs, des costumes… Tout cela dans le seul objectif de se mettre au service de son client. Il nous explique que dès lors qu’il entend les premières notes de musique, il sait déjà quelles idées et quelles images il proposera, indépendamment de l’artiste concerné.
Généralement, lorsqu’il rencontre son client, les ressentis de Tevai sont les bons, et il est toujours chaleureusement remercié pour son implication.
Les outils qu’il utilise sont à son service, mais ils ne remplaceront jamais sa vision, celle du réalisateur.
Tevai n’a jamais lésiné sur le travail, jusqu’à ne plus compter ses heures et sacrifier son temps personnel. Il aime s’entourer d’une équipe compétente, qu’il choisit minutieusement, même si selon lui « tout le monde a sa place ».
Durant l’interview, ce réalisateur ambitieux est, pour une fois, de l’autre côté du rideau. Nous le sentons à l’aise, et nous admirons la façon dont il parle de son métier-passion.
Malgré des années d’expérience, et plusieurs cordes à son arc, Tevai a encore de nombreux projets, comme celui de s’exporter à l’international.
« Je ne m’ennuie jamais, mais il m’arrive de refuser des contrats, car je privilégie l’humain et je me fie souvent à ce que je ressens dès les premiers contacts. »
Tevai est l’une de ces personnes qui ont suivi leur instinct, car il a toujours été persuadé de ce pour quoi il était fait. Son parcours a une ligne directrice, celle de l’enfance. Il n’oublie donc pas d’où il vient, et nous finirons sur un message qu’il enverrait à l’adolescent qu’il était :
« Ne change rien mec, car le plus important c’est d’apprécier le voyage, pas forcément le but. Tout est écrit. »
©Photos : Matorai Ellacott, Vaitemanu Coudert, Solène Meniaud et Niuhiti Gerbier pour Hommes de Polynésie