Malgré une situation professionnelle confortable, Tumanarii Seigel a décidé de tout plaquer il y a quatre ans afin de s’adonner pleinement à sa passion pour les plantes. Il en a d’ailleurs fait son métier. Le jeune homme se confie à Hommes de Polynésie pour expliquer son choix et pour nous partager sa passion.
TOUT QUITTER POUR VIVRE DE SA PASSION
Après avoir brillamment réussi ses études avec dans l’ordre, un BTS, une licence d’Economie-Gestion puis un Master Management, Tumanarii Seigel travaille entre autres comme responsable des ventes ou de projets dans diverses sociétés du Fenua. Il décide toutefois de tout plaquer il y a quatre ans pour se lancer dans la vente d’arbres fruitiers et de fleurs.
« J’ai cumulé plusieurs jobs mais je n’étais pas heureux. Je me suis dit que cela ne servait à rien que je travaille dans un bureau. Cela ne nourrissait correctement ni ma joie et ni mon âme, bienque je gagnais bien ma vie. J’ai décidé de sortir de ma tête cette idée d’être salarié dans une entreprise et de m’investir à fond dans ma passion pour les plantes. »
UN GRAND PASSIONNÉ DE PLANTES
Il faut dire effectivement que Tumanarii est passionné de plantes depuis son plus jeune âge :
« Je suis tombé amoureux des plantes très tôt. À l’école primaire, j’avais déjà des plants de Tiare Taina ou de Tiare Tahiti que j’entretenais dans mon jardin. Au collège, j’avais carrément mon fa’a’apu dans lequel je plantais des patates ou du taro. Lorsque j’étais au lycée, je collectionnais à la maison toutes les variétés d’arbres fruitiers comme les manguiers, les citronniers ou les avocatiers. Je m’occupais aussi de mes plantes en parallèle de mes études à l’université. J’étais en fait déjà prêt lorsque j’ai décidé d’en faire mon métier. »
CRÉATION DE LA SOCIÉTÉ ARTOF TAHITI
Pour débuter, il lance sa société ArtOf Tahiti en créant sa pépinière d’une surface de 2000 mètres carrés à Paea. Il se spécialise dans la vente d’arbres fruitiers et propose également différentes espèces de fleurs.
« Je possède plusieurs plants d’arbres fruitiers dans ma pépinière comme des avocatiers, des manguiers, des citronniers, des pamplemoussiers ou des longanes. J’ai presque toutes les variétés de Polynésie. Je me suis intéressé aussi petit à petit aux différentes espèces de fleurs. Et je me suis focalisé notamment sur le frangipanier que j’importe de l’étranger. On a plus d’une centaine de variétés. J’ai aussi des plants d’adénium, de Tiare Tahiti, de Tiare Taina… »
MARCOTTAGE ET MARIAGE DES PLANTES
Sa passion pour les plantes s’explique aussi par sa fascination pour le marcottage et le mariage des différentes variétés.
« Durant mon enfance, j’allais tout le temps explorer le jardin de ma grand-mère. En observant sa collection, j’étais ébahis par cette idée de propager des plantes grâce aux techniques de marcottage. J’essayais d’ailleurs d’en faire chez moi. C’est comme si tu étais un magicien qui créé la vie à travers ce processus de multiplication. Pour être pépiniériste aujourd’hui, il faut savoir multiplier des plantes à partir de la plante mère. Si tu veux créer de nouvelles espèces, il faut savoir marier les plantes entres elles. »
INNOVATION, COMMUNICATION ET MARKETING
La clé de la réussite dans le milieu de la plante est de continuellement proposer de la nouveauté. Il est également indispensable de bien ficeler sa communication et son offre marketing.
« On essaie de communiquer au maximum sur les réseaux sociaux, de faire de belles photos et d’être réactifs. On fait aussi des efforts pour bien répondre aux messages ainsi qu’aux commentaires. Le marketing et la vente sont tout autant indispensables. Tu as beau avoir les plus belles fleurs, si tu n’arrives pas à les mettre en valeur et à trouver des clients, ton entreprise ne peut pas marcher. Il faut aussi innover en proposant des choses qui n’existent pas au Fenua. J’importe par exemple de nouvelles variétés de plantes de l’étranger. »
UNE ACTIVITÉ QUI ÉVOLUE SANS CESSE
Aujourd’hui, Tumanarii s’épanouit pleinement dans son activité professionnelle et ne regrette pas son choix.
« Être entrepreneur dans le domaine des plantes n’est pas toujours facile car il faut tenter de nouvelles choses. Tu commences avec 10 fleurs, mais tu as 100 fleurs l’année d’après et 1000 fleurs l’année suivante. Ça évolue sans cesse. Tu essaies toujours de progresser. »
ENCOURAGER LES GENS À FAIRE CE QU’ILS AIMENT
Fort de sa belle expérience, Tumanarii conclut en adressant un message d’encouragement à la population :
« Il faut que les gens trouvent ce qu’ils aiment faire. Il y a des gens qui travaillent dans un domaine qu’ils n’aiment pas. Ils reproduisent seulement des taches que les autres ont déjà réalisées auparavant. Je leur dis qu’il faut se concentrer sur ce qui les rend heureux. Si tu aimes la pirogue par exemple, il faut exercer un métier dans ce domaine sans craindre de se lancer. Il n’y a rien à perdre. »
1 MUC (Management des Unités Commerciales)
©Photos : Toatane Rurua pour Hommes de Polynésie