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Essais nucléaires : à Hao, un “sentiment général d’abandon” 

(Crédit Photo : Archives du gouvernement)

Jusque-là nourrie d’auditions en France, la commission d’enquête des essais nucléaires impulsée par la député polynésienne, Mereana Reid-Arbelot, rappelle dans son compte-rendu sa volonté de « s’imprégner du tissu social polynésien » avec une mission sur place du 23 au 28 mars. Objectif : rencontrer les habitants, écouter les témoignages, et confronter les discours officiels à la réalité vécue dans les territoires directement touchés par le Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP).

Afin de compléter leur travaux par une immersion de terrain, les députés ont donc sillonné Tahiti et visité les anciens sites militaires de Moruroa et Hao. L’ancienne base logistique du CEP a notamment accueilli une audition publique permettant aux habitants de raconter comment ils ont vécu l’arrivée et le départ du CEP, les maladies, la « comestibilité perturbée du poisson du récif » et le lien qu’ils en font avec les essais nucléaires, devenus pour beaucoup, le point de départ de tous les maux. 

“Ces rencontres ont été l’occasion de confronter les efforts des autorités concernant le suivi des sites du CEP et des conséquences plus générales de ses activités à la relative imperméabilité des discours rassurants vis-à-vis de populations des îles, largement ignorantes ou indifférentes aux dispositifs existants” indique la commission d’enquête, qui relève ainsi « la frustration et le sentiment général d’abandon dus à la fin du faste des activités du CEP ».

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La délégation a également auditionné des services de l’Etat et du Pays, comme le personnel en charge des indemnisations (CIVEN), le service du suivi sanitaire (DSCEN), la CPS ou le service des archives (SPAA), afin d’identifier “comment est-ce que concrètement les dispositifs législatifs et réglementaires d’accompagnement des demandeurs, de conservation des archives et de construction de la mémoire étaient mis en place”.

Des absents de marque

Difficile pour la commission de passer à côté d’acteurs emblématiques de l’histoire du CEP, comme Jacky Bryant, militant écologique anti-nucléaire. “Fin connaisseur de l’histoire des archipels polynésiens” c’est lui qui a accompagné les députés pour un tour de l’île avec une escale à l’Ifremer et à l’ASNR (Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection). Des rencontres avec des acteurs de la recherche environnementale et la surveillance radiologique afin de “mettre en tension les discours les discours scientifiques et militants, l’analyse des faits et leur mise en récit. Cette double approche n’avait pas tant pour but d’opposer les discours que d’en mesurer la distance qui les séparait ou leurs éléments concordants”.

Au total, la délégation a réalisé 18 auditions du dimanche 23 mars au vendredi 28 mars. Mais certaines figures politiques clés n’y figurent pas, comme Antony Géros, Édouard Fritch ou Gaston Flosse. Seul Oscar Temaru, leader indépendantiste et farouche opposant aux essais, a pu s’exprimer devant la commission.

Les auditions se poursuivront en métropole jusqu’en mai. Elles prévoient notamment, cette fois-ci, celle d’Edouard Fritch en tant qu’ancien président et celle du ministre actuel des Outre-mer, Manuel Valls.

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