Pas d’embouteillage ce matin malgré l’opération escargot menée par plus de 80 chauffeurs de taxis de Tahiti et Moorea. Pas étonnant pour la coordination des syndicats de taxi. Il ne s’agissait pas de déranger la population outre-mesure ce dimanche. « On a fait ça justement pour ne pas que la population soit impactée pendant les jours ouvrables. Mais si on n’a pas de réponse à la rentrée scolaire, on peut mettre 20 taxis de chaque côté par jour et faire des opérations escargot qui empêcheraient la circulation d’être fluide. Déjà qu’il y a des bouchons le matin, mais là, ça serait pire » prévient le conseiller technique de la coordination des syndicats de taxi, Bob Carpentier. « On espère qu’à l’issue de notre journée d’aujourd’hui, le président va au moins passer un coup de fil peut-être à son ministre en lui disant « Allez, il faut faire un effort ».
Au cœur des revendications : le rythme de délivrance de nouvelles licences de taxi. 65 au total, depuis la fin de la crise Covid. Des licences attribuées sans « contrôle stricte » selon la coordination des syndicats de taxi. Mais l’organisation s’inquiète aussi de la présence en nombre des transporteurs touristiques. Des concurrents qu’elle soupçonne d’exercer une activité pirate. “On sait très bien qu’ils font le taxi avec leurs licences de transports touristiques. Voilà pourquoi les taxis sont fâchés aujourd’hui », assène le conseiller technique. “On sait bien que demain les transporteurs touristiques (…) vont venir grapiller sur notre gagne pain” renchérit Gisèle, chauffeur de taxi.
Voilà aussi pourquoi les taxis réclament une réforme de la réglementation pour les transporteurs touristiques dès l’année prochaine. Et c’est sur cette question de calendrier que ça coince. En 2025, le Pays a bien prévu de réformer d’abord la profession des taxis… avant celle de leurs concurrents. La rencontre vendredi avec le ministre des Transports, Jordy Chan, ne leur a pas permis d’obtenir gain de cause.
– PUBLICITE –
“On voulait faire une réforme sur les transports touristiques avant de faire celle des taxis puisque nous, on a déjà une loi de pays » poursuit le conseiller technique, dénonçant une concurrence déloyale. « Il faut arrêter de délivrer des licences de complaisance (…) voilà pourquoi les chauffeurs de taxi sont fâchés aujourd’hui.”
Rénovation de stations, actions de contrôles et suppression des “licences dormantes” : si les chauffeurs de taxis reconnaissent des progrès, l’urgence selon eux est maintenant à la réforme des transports touristiques. “Taxi c’est être transporteur de personnes, ils (les transporteurs touristiques, Ndlr) font le même métier que nous mais ils n’ont pas le même règlement que nous tandis que nous, on nous demande de faire une licence… ils veulent faire le même métier, qu’ils fassent une licence et qu’ils attendent la commission” s’exclame Here, chauffeur de taxi.
De son côté le ministre des Transports, Jordy Chan, a d’abord rappelé le Pays avait respecté les engagements prix en avril sur 7 points de revendication. et que la réforme des transports touristiques n’interviendra de toute façon que quelques mois après celle des taxis.
Mais que sa priorité concerne d’abord la profession des taxis, soumise selon lui à un plus grand nombre de plaintes. « Qu’il s’agisse d’excès de vitesse, qu’il s’agisse de tarification abusive, de la non-utilisation du taximètre ou encore du refus de prise en charge du passager, ces plaintes concernent toute la profession des taxis et le fait est que ça nuit à l’usager, mais ça nuit également à la réputation de la profession » souligne le ministre. Donc nous, nous souhaitons réformer le cadre réglementaire de cette profession pour pouvoir améliorer la qualité de service pour l’usager, parce que notre priorité, c’est le bien-être de la population ».