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Pour protéger l’humanité, la Nasa tente de dévier la trajectoire d’un astéroïde

La Nasa a lancé le 23 novembre la fusée SpaceX Falcon 9 dans le cadre de la mission 'Double Asteroid Redirection Test', ou DART (Photo by Bill INGALLS / NASA / AFP)

La mission, baptisée DART, a décollé depuis la base californienne de Vandenberg à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX, mardi. « Astéroïde Dimorphos, nous venons vous chercher », a tweeté la Nasa après le lancement.

Le vaisseau DART s’est séparé avec succès du deuxième étage de la fusée, a annoncé ensuite la NASA. « Nous avons reçu les premiers signaux de la #DARTMission qui poursuivra le déploiement de ses panneaux solaires dans les heures qui viennent, se préparant pour un voyage aller simple de dix mois vers l’astéroïde », a souligné l’agence spatiale.

Ce test « sera historique », a déclaré lors d’une conférence de presse Tom Statler, scientifique de la Nasa participant à cette mission. « Pour la première fois, l’humanité va changer le mouvement d’un corps céleste naturel dans l’espace. »

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Il ne s’agit que d’une répétition générale, l’astéroïde visé ne représentant en rien une menace pour la Terre. Mais l’objectif est pris très au sérieux par l’agence spatiale américaine. Elle répertorie un peu plus de 27 500 astéroïdes de toutes tailles proches de la Terre et « aucun d’entre eux ne représente une menace dans la centaine d’années à venir », a rassuré Thomas Zurbuchen, directeur pour les missions scientifiques à la Nasa.

Mais les experts estiment qu’ils n’ont connaissance que de 40% des astéroïdes mesurant 140 mètres et plus — ceux capables de dévaster une région entière –, la majorité restant encore à découvrir. L’idée est donc de développer une technique pour s’en protéger en cas de menace future.

Dévier l’orbite de l’astéroïde de 10 petites minutes

Le vaisseau de la mission est plus petit qu’une voiture, flanqué de deux longs panneaux solaires. Il doit frapper à l’automne prochain un astéroïde de la taille d’un terrain de football (environ 160 mètres de diamètre), qui sera alors situé à onze millions de kilomètres de la Terre.

L’astéroïde s’appelle Dimorphos et est en fait une lune, en orbite autour d’un astéroïde plus grand, nommé lui Didymos (780 mètres de diamètre).

Pour faire le tour du gros astéroïde, Dimorphos met 11 heures et 55 minutes. Les scientifiques s’attendent à réduire son orbite d’environ 10 minutes. « C’est un très petit changement mais cela pourrait être tout ce dont nous avons besoin pour dévier un astéroïde ayant une trajectoire de collision avec la Terre, si nous avions un jour à le faire, à condition que nous découvrions cet astéroïde assez tôt », a expliqué Tom Statler.

L’effet exact qu’aura l’impact n’est pas connu car il dépend de la composition de l’astéroïde. C’est ce changement de trajectoire précis, qui sera ensuite mesuré à l’aide de télescopes depuis la Terre, que les scientifiques veulent déterminer.

Les résultats serviront aux calculs pour aider à définir, à l’avenir, quelle masse doit être projetée contre un type d’astéroïde donné pour provoquer une déviation suffisante.

Aucun risque d’une nouvelle trajectoire dangereuse pour la Terre

Dimorphos est-il fait de roches solides ou plus poreuses ? Les scientifiques n’en savent rien, et l’astéroïde n’apparaîtra sur les images transmises par le vaisseau qu’une heure avant la collision. Sa forme, ronde ou oblongue, ne sera claire que 2 minutes avant.

Puis l’explosion, et le silence radio. Les images suivantes viendront d’un petit satellite développé par l’Agence spatiale italienne. Il sera lâché par le vaisseau principal dix jours avant l’impact. Trois minutes après la collision, il survolera Dimorphos, afin d’observer l’effet du choc et, avec un peu de chance, le cratère à la surface.

L’orbite du gros astéroïde Didymos autour du Soleil pourrait elle aussi être légèrement modifiée, du fait de la relation gravitationnelle avec sa lune. Mais tellement peu que le changement ne pourra pas être mesuré. Aucun risque que l’astéroïde soit placé sur une nouvelle trajectoire dangereuse pour la planète bleue.

Le coût total de la mission — la première interplanétaire lancée par la société d’Elon Musk pour la Nasa — est de 330 millions de dollars américains.

D’autres techniques sont envisagées pour dévier un astéroïde, par exemple en procédant à une explosion nucléaire près de l’un d’eux. La force gravitationnelle d’un vaisseau, volant proche d’un astéroïde durant une longue période, pourrait aussi être utilisée.

Mais la technique testée ici, dite à impact cinétique, est de loin la plus mature. A condition qu’elle fasse ses preuves lors de cet essai.

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