What do you hear?! Yanny or Laurel pic.twitter.com/jvHhCbMc8I
— Cloe Feldman (@CloeCouture) 15 mai 2018
Ce garçon de 18 ans a relaté qu’après avoir téléchargé le mot apparemment anodin sur un site de vocabulaire, il avait été intrigué par la façon radicalement différente dont l’entendaient les personnes autour de lui, a rapporté mercredi le New York Times.
Posté ensuite sur Instagram sous la forme d’un sondage, l’enregistrement est devenu viral sur internet, avec l’aide de célébrités optant soit pour « Yanny », soit pour « Laurel ».
« J’entends Laurel », a tweeté l’humoriste américaine Ellen DeGeneres.
« C’est clairement Laurel. Je ne peux même pas imaginer qu’on puisse entendre Yanny », a abondé la mannequin Chrissy Teigen, suivie par l’ancien porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer.
L’écrivain Stephen King ou l’actrice Mindy Kalling ont eux rejoint le camp des « Yanny ». « Mon Dieu, voilà que j’entends désormais Laurel », a par la suite tweeté le romancier.
Literally everything at my show just stopped to see if people hear Laurel or Yanny. I hear Laurel. https://t.co/efWRw1Gj0L
— Ellen DeGeneres (@TheEllenShow) 15 mai 2018
Le ministère américain de la Défense a ri de la controverse sur son compte Twitter, avec une photo d’une jeune recrue enguirlandée par son instructeur pour avoir compris « Laurel » au lieu de « Yanny ».
Le pianiste et compositeur grec Yanni, actuellement en tournée aux Etats-Unis, a lui tweeté: « J’entends seulement Yanni, hahaha ».
L’aspect le plus bluffant du débat, qui a dépassé les frontières américaines, est que la majorité des auditeurs entendent bien distinctement soit « Yanny » soit « Laurel », rares étant ceux qui se trouvent dans le flou du terrain médian.
Un sondage express (et non représentatif) au sein du bureau de l’Agence France-Presse de Washington a ainsi donné comme résultat : Yanny 17 (dont 8 francophones), Laurel 14 (dont 8 francophones), entre les deux: 3.
Interrogée par l’AFP, la professeure Poppy Crum, experte des laboratoires Dolby à San Francisco, explique que la réalité en soi n’existe pas, mais plutôt la façon dont nous la percevons.
« Les choses auxquelles nous sommes exposées dans notre univers modifient la façon dont nous considérons l’information arrivant à notre cerveau », dit-elle.
En clair, le cerveau a besoin de « catégoriser » les éléments de discours quand ils sont ambigus, les faisant passer soit dans la case « Laurel », soit dans la case « Yanny ».
Ce processus peut être influencé par de multiples paramètres, parmi lesquels l’âge, le sexe ou la langue natale de l’auditeur. Ou encore les sons qu’il a récemment écoutés.
« L’appareil sur lequel vous écoutez, que ce soient des enceintes ou des écouteurs, le fait qu’il y ait une personne dans la pièce à côté, les sons se répercutant autour, tout cela va affecter l’intensité de certaines fréquences par rapport à d’autres », souligne la spécialiste.
Quand l’accent est mis sur les hautes fréquences, l’auditeur a tendance à entendre « Yanny », et à l’opposé à entendre « Laurel » avec de basses fréquences.
Élaboration sonore de synthèse, le mot « Laurel/Yanny » est « ambigu », confirme Jody Kreiman, professeure à l’université UCLA.
Ce son « ne ressemble pas vraiment à un nom courant du discours habituel. Quand les auditeurs entendent un tel signal, ils utilisent tous leurs acquis du discours pour l’interpréter », assure-t-elle.
Le débat « Yanny/Laurel » rappelle un précédent qui avait enflammé internet il y a trois ans au sujet de la photo d’une robe bicolore que certains voyaient blanche et or, d’autres noire et bleue.