Le chef de l’État a débattu pendant plus de deux heures et demie, dans le jardin d’hiver, avec toutes les formations à l’exception du Rassemblement national et de La France insoumise.
Lors de cette rencontre collégiale inédite depuis le début de la crise politique déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale, il a souligné « sa volonté de ne pas dissoudre » à nouveau d’ici la fin de son mandat en 2027, selon son entourage.
Il a aussi relevé « une unanimité des forces politiques pour ne plus dépendre du Rassemblement national », tandis que seuls le centre et la droite en ont dit autant pour LFI.
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S’il a pu constater l’absence d’appétit pour un « gouvernement d’union nationale », le président espère avoir trouvé une forme de consensus vers un accord de non-censure qui permettrait au futur gouvernement de survivre plus longtemps que celui, éphémère, de Michel Barnier.
Ni 49.3 ni censure
« Les choses ont plutôt avancé » sur un « échange de bons procédés », a déclaré à la sortie le patron du Parti socialiste Olivier Faure. L’idée serait selon lui que « le gouvernement renonce au 49.3 », outil constitutionnel pour passer en force à l’Assemblée nationale, « en échange de quoi les oppositions renonceraient à une motion de censure », comme celle qui a fait tomber l’exécutif la semaine dernière pour la première fois depuis 1962.
De quoi faire dire à François Bayrou, le président du MoDem, l’un des favoris pour Matignon, que la rencontre avait été « positive de manière inespérée ». Le maire de Pau a évoqué « un accord de coopération démocratique » et proposé de temporiser sur les « questions qui fâchent », comme les retraites et l’immigration.
Le chef des députés Droite républicaine Laurent Wauquiez a lui aussi dit espérer un « accord pour au moins ne pas faire tomber un gouvernement », tout en excluant un « contrat de gouvernement avec des gens avec lesquels on ne partage pas les mêmes valeurs ».
Mais la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a tempéré cet optimisme en déplorant que le camp présidentiel ne soit, lui, prêt à « aucun compromis, aucune concession ».
Et, en réalité, personne ne s’est prononcé mardi sur sa possible participation, ou son éventuel soutien plus ou moins tacite, au futur gouvernement.
« Attendre de voir »
« On va attendre de voir » qui Emmanuel Macron va nommer à Matignon, a expliqué Marine Tondelier, à l’unisson des autres dirigeants.
Le président a promis un choix d’ici jeudi. Un de ses proches alliés a même évoqué une nomination mercredi soir.
Charge ensuite à ce Premier ministre, dont l’identité reste inconnue, de discuter « du fond » avec les forces politiques avant de former un gouvernement, selon l’entourage présidentiel.
« Personne à ce stade n’a jeté d’oukase sur le sujet de la non-censure » du futur exécutif, « donc ça ouvre effectivement les possibilités« , a assuré un conseiller du chef de l’État.
Cette rencontre à huis clos, sans collaborateurs, des communistes à la droite en passant par les socialistes, les écologistes et le camp macroniste visait avant tout à conclure un « contrat de méthode », selon les stratèges élyséens.
Reste à savoir si le début d’entente fragile esquissé mardi survivra à la nomination du locataire de Matignon.
La gauche revendique un Premier ministre de gauche qui soit « ouvert aux compromis », a martelé Olivier Faure. Pas question de participer « à un gouvernement ‘d’intérêt général’ avec LR ou des macronistes ou je ne sais qui », a aussi prévenu Marine Tondelier.
Mais dans le camp présidentiel, plusieurs cadres assuraient ces derniers jours qu’Emmanuel Macron n’avait pas l’intention de cohabiter avec une personnalité de gauche qui pourrait revenir par exemple sur sa réforme des retraites ou augmenter les impôts.
Les noms qui circulent émanent du bloc central, comme celui de François Bayrou, de nouveau reçu mardi matin à l’Élysée. Les ministres macronistes Sébastien Lecornu ou Catherine Vautrin sont aussi cités, tout comme l’ex-ministre Jean-Yves Le Drian, qui a décliné selon des sources macronistes, ou des responsables de droite comme le maire de Troyes François Baroin.
Division à gauche
En attendant, Michel Barnier présidera mercredi matin un dernier Conseil des ministres pour présenter le projet de « loi spéciale » sur le budget qui permettra notamment à l’État de lever l’impôt à partir du 1er janvier, dans l’attente d’un budget pour 2025. Ce texte, dont l’adoption ne fait guère de doute, sera examiné lundi à l’Assemblée.
Pour l’heure, ces consultations ont accentué la division à gauche.
« La politique de la chaise vide est une forme d’affaiblissement de la gauche », a commenté le Premier secrétaire du PS pour justifier sa présence à l’Élysée et déplorer l’absence des Insoumis.
Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a lui appelé le reste du NFP « à ne pas céder aux sirènes ». Et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a mis en garde depuis Redon, en Bretagne : « Qui pense pouvoir gagner un seul siège sans nous ? ».
Non convié, le RN de Marine Le Pen se félicite de voir Emmanuel Macron lui donner « la médaille de l’opposition », fustigeant des « agapes pour se partager les postes ».