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Après une longue incertitude, les pays européens s’engagent à livrer des armes à l’Ukraine

Crédit : "AFP PHOTO / Ukraine presidency / handout"

Fin janvier, alors que plus de 150 000 troupes russes étaient déjà massées à la frontière ukrainienne, le gouvernement allemand, hostile à des livraisons d’armes, s’était attiré les moqueries de son opposition en annonçant la fourniture de 5 000… casques militaires à Kiev.

« C’est de l’équipement, ce ne sont pas des armes. Mais cela aide, cela apporte un soutien. Et c’est exactement comme ça que nous allons continuer à travailler dans ce conflit », avait justifié la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht.

« La question, pour nous, ce n’est pas de livrer des armes ou de pas livrer des armes, c’est de livrer ce qui est nécessaire à la préservation de la sécurité et de la souveraineté ukrainienne », discourait au même moment Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique du président Macron.

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Trois jours après l’invasion russe, le consensus semble avoir évolué. « La coalition anti-guerre fonctionne », se réjouissait samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, longtemps critique de l’attentisme occidental. « Armes et équipements de nos partenaires sont en route pour l’Ukraine », indiquait-il sur Twitter.

L’Allemagne a ainsi brisé un tabou en acceptant de livrer des armes à l’Ukraine en guerre, rompant ainsi sa politique suivie ces dernières années d’interdiction de toute exportation d’armes létales en zone de conflit.

Berlin a autorisé la livraison à Kiev de 1 000 lance-roquettes antichar, de 500 missiles sol-air Stinger et de « plusieurs » obusiers, a annoncé le gouvernement.

« Egoïsme en béton »

Samedi, la Belgique a ainsi annoncé fournir 2 000 mitrailleuses et 3 800 tonnes de carburant à l’armée ukrainienne. Le ministère de la Défense des Pays-Bas a indiqué avoir « expédié samedi une partie des marchandises déjà promises, notamment des fusils de précision et des casques ».

Dans une lettre au parlement néerlandais, il a encore écrit qu’il fournirait « dès que possible 200 missiles antiaériens Stinger à l’Ukraine ».

La France a également « acté » des livraisons d’armes défensives à Kiev, selon son état-major des armées, quand l’Ukraine avait, d’après son ambassadeur à Paris, notamment demandé des « moyens de protection antiaérienne » et numérique.

Bon élève européen, la République tchèque qui avait déjà approuvé un don à Kiev de 4.000 obus d’artillerie d’une valeur de 1,5 million d’euros, encore à livrer, a annoncé samedi qu’elle enverrait « dans les heures qui viennent » à l’Ukraine un petit arsenal d’une valeur de 7,6 millions d’euros: 30.000 pistolets, 7.000 fusils d’assaut, 3.000 fusils mitrailleurs et plusieurs dizaines de fusils de précision ainsi qu’un million de cartouches.

Le Pologne, dont le Premier ministre Mateusz Morawiecki dénonçait samedi « l’égoïsme en béton » de certains pays occidentaux, coupables selon lui de ne pas imposer de sanctions suffisamment écrasantes à Moscou, a de son côté expédié des dizaines de milliers de munitions au voisin ukrainien.

« La difficulté de cette affaire, c’est que personne n’a cru » à une invasion russe sur tout le territoire ukrainien, « pas même Zelensky », affirme le général Vincent Desportes, ex-directeur de la prestigieuse Ecole de guerre française, interrogé par l’AFP.

« Armées pauvres »

Maintenant, « chacun fait ce qu’il peut » et « personne n’a des milliards d’armements en trop. Toutes les armées européennes sont sous-équipées », poursuit-il, quand 200 000 Russes assistés de missiles balistiques assiègent l’Ukraine.

« Quand vous envoyez 2 000 mitrailleuses, vous les prenez sur votre propre stock. (…) Les armées européennes sont des armées pauvres. On n’a pas de matériel, pas d’argent », constate M. Desportes.

Mieux dotés militairement, les Etats-Unis, pourraient faire une plus grande différence, eux qui ont annoncé samedi une nouvelle aide militaire à l’Ukraine d’un montant de 350 millions de dollars, pour atteindre un total de « plus d’un milliard de dollars d’aide (…) sur l’année écoulée », a annoncé samedi leur chef de la diplomatie Antony Blinken.

Mais « les routes sont complètement bloquées, les aéroports bombardés. Quand vous avez des armes à Baltimore, elles ne sont pas exactement à Kiev », remarque le général Desportes.

Interrogé sur le sujet, un diplomate occidental basé à Bruxelles se voulait plus optimiste vendredi, « beaucoup de dirigeants alliés » au sein de l’Otan étant désireux selon lui de fournir du matériel militaire « autant que possible » à l’Ukraine.

Et d’ajouter : « Il est dans notre intérêt d’essayer de ralentir le plus possible l’avance russe, et qu’elle soit la plus coûteuse possible pour Poutine ». 

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