Caution d’un million de dollars pour le policier accusé du meurtre de George Floyd

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Le policier blanc accusé du meurtre de George Floyd a brièvement comparu lundi pour la première fois devant une juge d'un tribunal de Minneapolis, qui a fixé sa caution libératoire à un million de dollars, sous conditions.

Publié le 08/06/2020 à 10:35 - Mise à jour le 08/06/2020 à 10:35

Le policier blanc accusé du meurtre de George Floyd a brièvement comparu lundi pour la première fois devant une juge d'un tribunal de Minneapolis, qui a fixé sa caution libératoire à un million de dollars, sous conditions.

Devenu à travers le monde le visage des brutalités policières depuis la diffusion d’une vidéo le montrant appuyer pendant près de neuf minutes son genou sur le cou d’un Afro-Américain suffocant, Derek Chauvin est apparu dans une tenue orange de prisonnier pour une audience de procédure organisée par vidéo depuis la prison de haute sécurité dans laquelle il est détenu. D’un voix neutre, il a répondu aux questions de la juge Jeannice Reding, acceptant notamment de rendre ses armes ou de renoncer à comparaître en personne.

Lors de cette première comparution, deux semaines exactement après la mort de George Floyd, la juge Jeannice Reding a fixé à un million de dollars (105,7 millions de Fcfp) le montant de la caution libératoire de l’ancien agent de 44 ans, assortie de certaines conditions, ou à 1,25 million (132 millions de Fcfp) sans condition, s’il veut obtenir une libération conditionnelle avant son procès. Son avocat Eric Nelson ne s’est pas opposé à cette somme qu’il ne pourra probablement pas rassembler. Les parties ont convenu de se retrouver pour une prochaine audience le 29 juin, qui pour la première fois abordera le fond du dossier.

Derek Chauvin (Crédit photo : Handout / Hennepin County Jail / AFP)

Le procureur Matthew Frank a souligné que le drame avait « évidemment eu un fort impact » sur la population et que Derek Chauvin risquait de vouloir fuir les poursuites et la réaction du public.

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Derek Chauvin avait été dans un premier temps inculpé d’homicide involontaire, mais les faits ont été requalifiés en meurtre non prémédité, un chef passible de 40 années de réclusion. 

Trois de ses anciens collègues impliqués dans l’arrestation fatale à George Floyd le 25 mai à Minneapolis ont eux été inculpés de complicité de meurtre. 

Dressant le constat d’une « police structurellement raciste », une majorité des membres du conseil municipal de la plus grande ville du Minnesota, dans le nord des États-Unis, a émis dimanche le vœu de la démanteler et de reconstruire en concertation avec la population « un nouveau modèle de sécurité publique ».

Mais le maire Jacob Frey a fait savoir qu’il préférait au démantèlement une « réforme structurelle d’ampleur ».

« Abandonner la police »

Partout dans le pays, des dizaines de milliers de personnes, noires et blanches, rassemblées dans un même mouvement de colère contre le racisme et les violences policières, sont encore descendues dans la rue ce week-end de façon pacifique, à l’exception d’un incident à Seattle, où un homme armé s’est approché d’un cortège en voiture et a ouvert le feu, faisant un blessé.

Sur leurs pancartes, aux côtés du cri de ralliement « Black Lives Matter » (Les vies noires comptent), de plus en plus demandaient à « cesser de financer la police ».

À Seattle (Crédit photo : Jason Redmond / AFP)

Un appel entendu par les élus démocrates du Congrès américain, qui veulent s’attaquer à ce qu’ils estiment être le fruit d’un racisme gangrénant l’histoire des États-Unis depuis l’esclavage.

Plusieurs d’entre eux se sont symboliquement agenouillés lundi entre les murs du Capitole à Washington avant de dévoiler une proposition de loi visant à réformer la police.

Le « Justice and Policing Act » entend entre autres créer un registre national pour les policiers commettant des bavures, faciliter les poursuites judiciaires contre les agents et repenser leur recrutement et formation. 

Mais l’avenir de ce texte est très compromis au Sénat, à majorité républicaine. 

Le président Donald Trump, qui doit participer dans l’après-midi à une table-ronde à la Maison Blanche avec des responsables des forces de l’ordre, continue lui de vouloir afficher aux yeux de sa base électorale la même fermeté que depuis le début du mouvement.

À cinq mois de la présidentielle, le milliardaire républicain, en campagne pour sa réélection, a encore tweeté lundi son nouveau mantra : « la loi et l’ordre ». 

« La gauche radicale démocrate est devenue folle », a-t-il écrit, accusant l’opposition de vouloir « abandonner la police ».   

Cercueil doré

Son futur adversaire dans les urnes le 3 novembre, Joe Biden, doit rencontrer en privé la famille de George Floyd à Houston, au Texas, où le père de famille de 46 ans avait vécu de nombreuses années avant de partir s’installer à Minneapolis. 

Des milliers de personnes étaient attendues à l’église Fountain of Praise pour lui rendre un dernier hommage public avant ses obsèques mardi dans l’intimité familiale.

(Crédit photo : Mario Tama/Getty Images/AFP)

L’émotion était visible malgré leurs masques sur les visages des nombreux anonymes venus se recueillir, un par un, devant le cercueil doré laissé ouvert. 

« Sa taille imposait le respect, mais ce n’était pas une brute ou rien de ce genre », se souvient l’un de ses amis, Mallory Jackson, dans le quartier majoritairement noir de la ville texane, Third Ward. « Il était toujours dans son rôle de grand frère »

La mort de George Floyd a déclenché une vague de protestation que les Etats-Unis n’avaient plus connue depuis les années 1960 et le mouvement pour les droits civiques.

De Paris à Bristol, au Royaume-Uni, en passant par l’Australie, la colère a dépassé les frontières américaines pour s’étendre sur plusieurs continents, dans un monde ébranlé par la pandémie de Covid-19, qui a encore creusé les inégalités sociales.   

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