« Gilets jaunes » : les étapes d’une fronde inédite en France

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Publié le 03/12/2018 à 8:13 - Mise à jour le 03/12/2018 à 8:13

> Vidéo accusatrice
Dans une vidéo sur Facebook le 18 octobre, une parfaite inconnue, Jacline Mouraud, interpelle « Monsieur Macron » pour dénoncer « la traque aux conducteurs ». Ce « coup de gueule » devient rapidement viral et une pétition « Pour une baisse des prix du carburant » cartonne sur internet, où les appels aux blocages de routes enflent. 

> « Mobilisation générale »
Le samedi 17 novembre, la première journée de blocage des routes et autoroutes rassemble à travers la France près de 290 000 manifestants arborant le gilet jaune fluorescent, action organisée en dehors de tout parti ou syndicat. On déplore un mort et 227 blessés, dont sept graves.
Le lendemain, le Premier ministre Édouard Philippe assure que le gouvernement va « tenir » son cap.
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner dénonce le 20 novembre la « dérive totale » du mouvement. En quatre jours, l’agitation, qui exprime désormais une colère sociale plus large, a fait 530 blessés et entraîné une deuxième mort accidentelle.
La Réunion est secouée par une flambée de violence, due notamment à de jeunes casseurs. Un couvre-feu partiel est instauré le 20 novembre sur l’île, pour cinq jours. 

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>  « Acte 2 » 
Samedi 24 novembre, pour l' »acte 2″ de leur mobilisation, plusieurs milliers de manifestants s’opposent durement aux forces de l’ordre sur les Champs-Elysées à Paris. Les heurts font 24 blessés dont 5 côté forces de l’ordre, 101 personnes sont placées en garde à vue.
M. Castaner blâme des « séditieux » de « l’ultra-droite », les partis d’opposition reprochent au gouvernement de vouloir réduire le mouvement aux violences et de rester sourd aux revendications.
Un bilan officiel provisoire recense plus de 106 000 manifestants en France (dont 8 000 à Paris), un bilan réévalué ensuite à 166 000.

> Rencontre avortée    
Mardi 27 novembre, Emmanuel Macron annonce vouloir adapter la fiscalité des carburants aux fluctuations de prix et organiser une « grande concertation » dans les territoires.
Pas convaincus, des « gilets jaunes » appellent, après une première rencontre avec le ministre de la Transition écologique François de Rugy, à une nouvelle manifestation le 1er décembre sur les Champs-Élysées.
Jeudi, Edouard Philippe reçoit un « gilet jaune ». Vendredi, deux autres se rendent à son invitation, mais l’un d’eux repart presque aussitôt.

> « Acte 3 » : chaos à Paris

Samedi 1er décembre, la troisième journée de mobilisation donne lieu à de multiples violences, surtout à Paris, où l’Arc de Triomphe et plusieurs quartiers huppés sont le théâtre de scènes de guérilla urbaine. 
Une troisième mort accidentelle a lieu en province.
L’Intérieur recense 136 000 manifestants en France. La journée a fait 263 blessés et à Paris, 370 manifestants sont mis en garde à vue.

> Réunions de crise
Dès son retour du G20 en Argentine, Emmanuel Macron convoque le dimanche une réunion de crise à l’Elysée.
Dans le Journal du Dimanche, dix « gilets jaunes libres », dont Jacline Mouraud, appellent à une « sortie de crise ».
A Marseille, une octogénaire décède après avoir été blessée samedi chez elle par des éléments d’une grenade lacrymogène en marge des incidents.
Edouard Philippe reçoit lundi les chefs des partis politiques. Des représentants des gilets jaunes annoncent qu’il ne se rendront pas à une réunion prévue mardi -finalement annulée- car certains ont reçu des menaces de mort.
Des blocages de routes et dépôts pétroliers se poursuivent, des pénuries de carburant apparaissent.
Porté par cette contestation, le mouvement lycéen contre les réformes dans l’Éducation nationale perturbe 188 lycées.

> Moratoire et concertation 
Mardi, Edouard Philippe annonce la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité sur les carburants et du durcissement du contrôle technique automobile, ainsi qu’un gel des tarifs du gaz et de l’électricité « durant l’hiver ». 
Cette suspension pourrait se transformer en abandon si n’étaient pas trouvées des mesures « d’accompagnement justes et efficaces » lors d’une concertation locale menée jusqu’au 1er mars.
Des annonces jugées insuffisantes par l’opposition. Des gilets jaunes appellent à poursuivre les actions, notamment à Paris samedi.

AFP

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