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La France et l’Azerbaïdjan prises dans une spirale des tensions

Vito Maamaatuaiahutapu au congrès indépendantiste en Azerbaïdjan (page Facebook @BakuInitiativegroup)

Les relations entre la France et ce pays du Caucase riche en pétrole, dirigé par la famille Aliev depuis 1993, ont commencé à se dégrader l’année dernière, lorsque Paris a condamné l’offensive militaire azerbaïdjanaise contre les séparatistes arméniens du Karabakh.

La France a depuis accentué son rapprochement avec l’Arménie, le rival historique de l’Azerbaïdjan, en lui fournissant des armes et en appuyant sa position.

En réponse, Bakou, qui accueille en novembre la COP29, a choisi d’alimenter les mouvements indépendantistes dans les territoires français d’outre-mer. À la télévision et dans les journaux azerbaïdjanais, un fort sentiment antifrançais est devenu omniprésent.

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Cette hostilité s’est répandue dans les rues de la capitale azerbaïdjanaise.

« Nous aimons la France et faisons la distinction entre le peuple français et son gouvernement, mais la France de Macron est clairement notre ennemie », tranche auprès de l’AFP Vaguif Housseïnov, professeur de mathématiques à la retraite de 71 ans.

Mehriban Mirkassimova, une pharmacienne, raconte que sa fille de 14 ans a « refusé de continuer à étudier la langue française ». « Même les enfants voient l’injustice de la France », lance-t-elle.

« Aucune perspective »

Les relations ont longtemps été stables entre l’Azerbaïdjan et la France, pays où réside une importante diaspora arménienne.

Cette dynamique a changé après la reprise par l’Azerbaïdjan par la force du Karabakh en septembre 2023, qui a provoqué l’exode de plus de 120 000 civils arméniens.

Le fait que Paris, à la suite d’Erevan, ait qualifié cette situation de « tragédie humanitaire » a provoqué la colère à Bakou, souligne l’analyste Gela Vasadzé du Centre géorgien d’analyse stratégique.

Et depuis, la brouille n’a fait que de s’envenimer.

« Il n’y a aucune perspective d’amélioration des relations entre les deux pays », estimé l’analyste azerbaïdjanais Farhad Mammadov. « Seul un changement de pouvoir en France peut jouer un rôle dans (leur) amélioration », affirme-t-il.

Le politologue Rauf Mirkadirov, qui réside en Suisse, rappelle de son côté que « la politique étrangère (française) sera toujours pro-arménienne » pour des raisons historiques.

Il estime pour autant que la crise n’est pas « irrémédiable », ce que confirme la diplomatie française, selon laquelle « les agissements hostiles » de Bakou sont perçus comme un coup de canif à la relation bilatérale, sans toutefois conduire à la rupture.

Un domaine semble aussi épargné : le commerce. « Les entreprises françaises sont actives en Azerbaïdjan, y compris dans le secteur du pétrole et du gaz », rappelle M. Mirkadirov.

Soutien aux indépendantistes

Dans d’autres domaines, les tensions sont palpables.

Dans une déclaration écrite à l’AFP, le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a accusé la France d’avoir pris des « mesures anti-azerbaïdjanaises claires et explicites » et de nuire aux pourparlers de paix en cours entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

La France a, elle, recommandé à ses ressortissants d’éviter les voyages en Azerbaïdjan après la condamnation d’un Français accusé d’avoir tagué une rame du métro de Bakou à trois ans de prison, une peine jugée « arbitraire et discriminatoire » par Paris.

Début octobre, les soupçons se sont aussi tournés vers Bakou après l’assassinat d’un dissident azerbaïdjanais, Vidadi Isgandarli, poignardé à mort à son domicile à Mulhouse, dans l’est de la France. Son meurtrier n’a toujours pas été trouvé.

Et la rhétorique antifrançaise de Bakou a pris un tour inattendu avec le soutien apporté par l’Azerbaïdjan aux mouvements indépendantistes dans les territoires français d’outre-mer. 

Lire aussi > L’Azerbaïdjan accueille un congrès d’indépendantistes français avec des membres du Tavini

Dans un récent discours, l’autoritaire président azerbaïdjanais Ilham Aliev, a réclamé que la France « mette fin à sa politique coloniale » et fasse face à son « passé sanglant ».

C’est ainsi à Bakou, en juillet, qu’une vingtaine de partis politiques et de mouvements indépendantistes de Corse, de Mélanésie, de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie, des Caraïbes et des Antilles ont décidé de créer un « front de libération » commun.

L’influence de Bakou a aussi été remarquée lors des émeutes meurtrières qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie en mai, des manifestants s’étant affichés avec des drapeaux azerbaïdjanais et des portraits d’Aliev.

Pour le gouvernement français, les indépendantistes calédoniens ont clairement « passé un accord » avec Bakou. 

Des affirmations balayées par l’indépendantiste néo-calédonien Roch Wamytan, ancien président du congrès et figure du FLNKS, qui reconnaît auprès de l’AFP seulement « s’être rendu à Bakou, en 2023, parce qu’à l’époque l’Azerbaïdjan présidait le mouvement des non-alignés », dont le FLNKS est membre observateur depuis 43 ans.

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