« Moi je suis surtout favorable à la libération de Paul Watson », a répondu sur franceinfo la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, interrogée sur la demande d’asile politique faite par l’Américano-canadien de 73 ans dans une lettre à Emmanuel Macron.
« Je l’ai dit à mon homologue danois et je lui redirai », « puisque la situation de Paul Watson va être réexaminée par les autorités danoises », « donc (nous allons) réitérer avec le président de la République le fait que les faits qui lui sont reprochés, de notre point de vue, ne motivent pas, ne justifient pas une détention, et effectivement appeler à la libération de Paul Watson », a-t-elle ajouté.
Quant à sa demande d’asile politique en France, où s’est établi Paul Watson, la ministre a rappelé la difficulté technique déjà invoquée récemment par son collègue des Affaires étrangères. « Pour simplement examiner l’asile politique, il faut le faire en étant arrivé sur le territoire français, et vous voyez bien que le point clé, c’est sa libération », a-t-elle souligné.
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Le farouche opposant à la chasse à la baleine a été maintenu en détention mercredi jusqu’au 13 novembre par la justice groenlandaise dans l’attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d’extradition du Japon. Paul Watson aura ainsi dépassé les 100 jours de détention à cette échéance si une décision n’intervient pas d’ici là. « Je m’attends à ce que le ministère prenne une décision avant l’expiration du délai en novembre« , a affirmé à l’AFP Finn Meinel, un avocat de Paul Watson, présent lors de l’audience à Nuuk, capitale du territoire autonome danois.
Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson a été arrêté le 21 juillet alors qu’il était en route avec son navire, le John Paul DeJoria, pour intercepter un navire-usine baleinier nippon.
Selon son équipe de défense, Paul Watson est poursuivi pour « obstruction à une activité commerciale » et accusé d’être co-responsable de dommages et de blessures lors de heurts dans l’océan Antarctique début 2010. Dans le détail, il est poursuivi pour des blessures qui, selon l’accusation, auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l’acide butyrique, et pour l’abordage du même navire quatre jours plus tard. « Nous ne sommes toujours pas autorisés à présenter les preuves montrant que les poursuites engagées contre Paul ne sont pas fondées. C’est très frustrant », a ajouté M. Meinel.
Dans un rare commentaire sur cette affaire, le ministre nippon des Affaires étrangères Takeshi Iwaya avait estimé début octobre que la demande d’extradition de son pays relevait de « l’application de la loi » plutôt que de la pêche à la baleine. À sa sortie du tribunal mercredi, Paul Watson a dénoncé une instrumentalisation politique de la part du Japon. « Ils utilisent le système judiciaire danois pour arriver à leurs fins (afin de) recommencer à tuer des baleines dans le sanctuaire baleinier de l’océan Austral », a lancé le septuagénaire aux caméras de la chaîne publique KNR.
Demande de la nationalité française, selon sa défense
Le militant écologiste Paul Watson a également demandé la nationalité française, a annoncé jeudi l’avocat Jean Tamalet, coordinateur de son équipe de défense, à l’AFP.
Cette demande a été formulée mercredi, a précisé Me Tamalet, estimant que celle-ci « prend tout son sens quand on réalise que, depuis 1977, il met tout en œuvre pour protéger l’écosystème marin là où la France possède la deuxième façade maritime au monde ».
Soulignant la reconnaissance de Paul Watson et de ses défenseurs face au soutien affiché par le gouvernement français et la « lame de fond de soutien de la population française », Me Tamalet a fait part de son espoir que le gouvernement danois « entende cet appel ».
Interrogé mercredi à sa sortie du tribunal par la chaîne publique groenlandaise KNR pour savoir s’il avait un message à adresser à Emmanuel Macron, Paul Watson a répondu : « Merci », en français, et dit sa hâte de « retourner en France et devenir un citoyen français ».