Le phénomène lié au changement climatique, qui menace la survie de récifs riches en biodiversité, touche désormais plus des deux tiers des coraux, dans l’Atlantique, le Pacifique et l’océan Indien.
« La planète se trouve actuellement au beau milieu de l’épisode de blanchissement le plus massif jamais enregistré« , a déclaré à l’AFP Derek Manzello, coordinateur du programme dédié aux coraux de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).
L’épisode, qui est toujours en progression, est le quatrième depuis 1998. « Entre le 1er janvier 2023 et le 10 octobre 2024, environ 77% des récifs coralliens du monde ont connu du stress thermique à des niveaux compatibles avec le blanchissement« , a-t-il ajouté par email. « Ce pourcentage est toujours en augmentation« .
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La chaleur inhabituelle stresse les coraux, qui expulsent de ce fait leurs zooxanthelles — des algues vivant en symbiose avec eux qui leurs fournissent les nutriments dont ils ont besoin. Privé de ces algues, le corail perd sa couleur et risque de mourir.
Après deux épisodes en 1998 et 2010, le précédent record avait été recensé entre 2014 et 2017, durant lequel 65,7% des récifs coralliens de la planète avaient été touchés. « Nous avons donc dépassé le précédent record de 11,3% en moitié moins de temps. Ce pourcentage est toujours en train de croître« , a ajouté Derek Manzello.
La NOAA a obtenu des rapports confirmés sur des phénomènes de blanchissement dans 74 pays ou territoires, dans les hémisphères Nord et Sud.
Environ 850 millions de personnes dans le monde dépendent de récifs coralliens pour travailler et s’alimenter. Les récifs, qui abritent des écosystèmes très riches et diversifiés, protègent aussi les côtes des tempêtes et de l’érosion, selon l’ONG WWF.
Le rythme de réchauffement des océans a presque doublé depuis 2005, selon un rapport de l’observatoire européen Copernicus publié fin septembre. Ce phénomène s’accompagne d’une multiplication des canicules marines. Ainsi, 22% des océans du globe ont connu au moins une vague de chaleur sévère ou extrême en 2023.
Ce réchauffement s’explique par le fait que les océans ont absorbé depuis 1970 « plus de 90% de l’excès de chaleur du système climatique« , provoqué par les émissions massives de gaz à effet de serre de l’humanité, selon le Giec.