Quelques heures avant de toucher terre, sur l’île de Catanduanes vers 04H50 (20H50 GMT samedi), Goni s’était encore renforcé, passant dans la catégorie des super-typhons, avec des vents soutenus atteignant les 225 km/h, selon l’agence météorologique philippine.
« Les vents sont violents. On peut entendre les arbres être secoués, c’est très violent », a déclaré à l’AFP Mae Borras, 21 ans, depuis sa maison située sur la côte à Legazpi.
Les toits de deux centres d’évacuation ont été emportés par les vents et leurs occupants déplacés au rez-de-chaussée, a indiqué sur une radio un responsable régional de la sécurité, Cedric Daep.
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Le chef de la protection civile ricard Jalad avait indiqué samedi que près d’un million de personnes avaient été évacuées dans la région de Bicol, qui comprend la partie méridionale de l’île de Luzon et l’île de Catanduanes. Mais un porte-parole de ce même service, Alexis Naz, a précisé dimanche que quelque 316 000 personnes avaient été évacuées jusqu’à présent.
« Le dernier contact que nous avons eu avec nos personnels à Catnaduanes remonte à 03H30. Ils nous ont dit que la pluie et le vent étaient très forts et ensuite nous avons perdu le contact avec eux », a-t-il précisé.
Quelque 31 millions de personnes se trouvent sur l’intinéraire que devrait emprunter Goni, y compris à Manille où on prévoit des évacuations dans les zones de bidonvilles où le risque d’inondations est très élevé. L’aéroport de la capitale a été fermé.
« Des vents d’une violence catastrophique et des pluies intenses et torrentielles » sont à attendre au cours des prochaines 12 heures dans la région de Bicol, dans le sud-est de l’île principale de Luzon et sur celle de Catanduanes, avait affirmé samedi l’agence météorologique.
Celle-ci se montre particulièrement préoccupée par la situation à Catanduanes, qualifiée plus tôt dimanche d’« extrêmement dangereuse », redoutant une hausse du niveau de la mer allant jusqu’à trois mètres et des « dégâts catastrophiques dus au vent ».
Goni arrive une semaine après Molave, qui a touché la même région, faisant 22 morts et inondant une grande région agricole avant de continuer sa route vers le Vietnam.
« Nous nous attendons à des ondes de tempête, et nous surveillons les volcans Mayon et Taal pour d’éventuelles coulées de boue volcanique », a déclaré à la télévision ABS-CBN Mark Timbal, porte-parole de l’agence chargée de la réponse aux catastrophes naturelles.
Le virus complique les évacuations
« Les vents violents et les pluies diluviennes » attendus pourraient provoquer inondations et glissements de terrain en masse dans cette région de 20 millions d’habitants, ont prévenu les services météorologiques.
Les autorités ont envoyé samedi dans les zones à risque des véhicules du matériel et des équipes de secours en prévision de l’arrivée du super-typhon.
Les établissements scolaires vides depuis le début de l’épidémie de Covid-19 servent de centres d’hébergement d’urgence pour les personnes évacuées, ainsi que les salles de sport et les centres d’évacuation gérés par le gouvernement.
« L’évacuation des populations menacées est rendue encore plus difficile cette année à cause du Covid-19 », a expliqué à l’AFP le porte-parole des services de défense civile régionaux, Alexis Naz.
Mary Ann Echague, 23 ans, ses deux enfants, ses parents et des frères et sœurs ont fui leur domicile situé à Legazpi, ville côtière de la région de Bicol, pour venir se réfugier dans une école où ils partagent une salle de classe avec plusieurs autres familles.
La famille, déjà éprouvée par de précédents typhons, a emporté un réchaud, de la viande en conserve, des nouilles instantanées, du café, du pain, des oreillers et des couvertures.
Plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées bloquées après que les garde-côte eurent ordonné aux ferries et aux bateaux de pêche de rester à quai, les vagues pouvant atteindre 15 mètres de haut en mer.
Goni devrait s’affaiblir « considérablement » en traversant l’île de Luzon avant d’atteindre lundi matin la Mer de Chine méridionale, selon les services météorologiques.
Les Philippines sont touchées chaque année en moyenne par une vingtaine de tempêtes tropicales et de typhons, qui détruisent les récoltes, les maisons fragiles et les infrastructures, maintenant des populations entières dans la pauvreté permanente.
Le pire de l’histoire récente a été, en 2013, le super typhon Haiyan, qui avait fait plus de 7 300 morts, notamment dans la ville centrale de Tacloban submergée par des vagues géantes.