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Le tapa, un art du quotidien aux Tonga

Folauhola Vaea est chargée de préserver ce savoir ancestral dans la plus ancienne ONG de l’île, Langa Fonua ‘A Fafine Tonga. (Crédit: TNTV)

Le tapa, un art du quotidien aux Tonga

Ce tapa est remballé après une inauguration de lycée. On peut s’asseoir dessus pendant des heures, ou le voir décorer le plafond d’un hôtel. Pour en produire autant, il faut beaucoup de monde et beaucoup d’enthousiasme !

Ces dix Tongiennes de la communauté de Pukë se retrouvent tous les vendredis. Chacune arrive avec une pièce de tapa, cette écorce de mûrier, qu’elles ont battue chacune de leur côté. Il faut alors les assembler sans un pli, dans un long processus d’humidification et de séchage. Mais ce jour-là, la colle vient à manquer.

L’une des plus jeunes artisanes, Fononga Fuikefu, se rend aussitôt chez elle pour en préparer quelques litres avec de l’eau et de l’amidon. « Il faut faire bouillir la mixture jusqu’à ce que la pâte prenne forme, puis attendre que cela refroidisse avant de l’appliquer pour coller les morceaux de tapa », explique la jeune femme.

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La confection du tapa est aussi un travail d’équipe. (Crédit: TNTV)

Armées de leurs seaux, les artisanes parcourent le chemin inverse pour amener à temps la précieuse mixture aux mamas impatientes. Et le travail reprend, comme tous les vendredis, jour consacré à cette activité.

« Lorsque nos enfants se marient ou fêtent leurs anniversaires, nous leur offrons un tapa. C’est important dans la vie d’un Tongien », confie l’une des artisanes, Nehusita Fa. Ces grandes pièces sècheront une journée au soleil, avant d’être peintes, offertes ou vendues, entières ou à la découpe.

Folauhola Vaea est chargée de préserver ce savoir ancestral dans la plus ancienne ONG de l’île, Langa Fonua ‘A Fafine Tonga, qui sert aussi de petit musée, de points de vente aux artisans et de centre de connaissance. « Vous êtes libres de dessiner ce que vous souhaitez, mais il y a des dessins traditionnels », indique-t-elle.

Pasimati dans ses oeuvres. (Crédit: TNTV)

Sa fille, Pasimati, bat le tapa depuis son enfance. Après quelques heures de travail, la fine bande d’écorce est devenue bien plus large. On peut la peindre à la main… ou choisir d’utiliser une planche de bois sculpté. Celle-ci date de la Reine Salote, elle est plus que centenaire. Pasimati en choisit une autre. Quelques mottes de terre serviront de peinture.

« Quand j’étais petite, je ne savais pas le faire. J’ai appris avec ma mère. J’en suis très heureuse. Je fais partie de cette génération qui sait faire du tapa. Mon message à la génération d’aujourd’hui c’est : ‘faites en sorte de ne pas perdre le tapa », dit-elle.

Cet art est maîtrisé par toutes les femmes tongiennes. Ces pièces de tapa sont donc très bon marché à Nuku’alofa, sauf lorsqu’elles sont peintes par cette artiste renommée. Mele Sinisia Mone se laisse guider par son feutre, elle peint sans projet préconçu et pour se détendre !

La réalisation d’un tapa est aussi un moment de détente pour Mele Sinisia Mone. (Crédit: TNTV)

« C’est comme une thérapie. Lorsque je m’installe pour dessiner, j’oublie tout quoi qu’il arrive. Je me contente d’apprécier, de m’assoir et de créer. C’est aussi un soulagement pour mes enfants, ou mes petits-enfants, que leur mère ou grand-mère parvienne à s’amuser toute seule », sourit-elle.

Ces œuvres très abouties se négocient jusqu’à 100 000 francs. Mais pour un touriste, difficile de quitter Nuku’alofa sans sa pièce de tapa. Un bon souvenir, et une ressource à la fois naturelle et culturelle pour les Tonga.

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