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Mpox : vers une nouvelle épidémie mondiale ?

Le virus cause déjà une grave crise sur une partie du continent africain. (Photo d'illustration/ TNTV)

Qu’est-ce que le mpox ?

On a longtemps connu cette maladie sous le nom de « variole du singe », car elle est causée par un virus proche de la variole. Mais les autorités sanitaires n’emploient plus ce terme pour éviter des connotations racistes.

Le mpox se caractérise par des lésions cutanées, comme des pustules, une forte fièvre et des douleurs musculaires. Identifiée pour la première fois en République démocratique du Congo (RDC) en 1970, la maladie est longtemps restée circonscrite à une dizaine de pays africains. Mais, en 2022, elle a commencé à s’étendre dans le reste du monde, notamment des pays développés où le virus n’avait jamais circulé.

Quel danger ?

Il est difficile de dire précisément à quel point le mpox est meurtrier. Avant l’épidémie de 2022, on évoquait un chiffre vague, compris entre 1% et 10% de mortalité. Ces importantes variations sont en partie liées à l’existence de deux grandes familles de virus du mpox: le clade 1 et le clade 2, beaucoup moins dangereux.

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C’est ce dernier qui s’est répandu lors de l’épidémie de 2022. Celle-ci a, de fait, été très peu meurtrière, avec un taux de mortalité bien inférieur à 1%, ce que l’on peut aussi expliquer par la meilleure efficacité des systèmes de soins des pays développés.

Quoi de neuf ?

Cette fois, c’est le clade 1 qui alimente une épidémie de mpox depuis bientôt un an en RDC et, dans une moindre mesure, dans d’autres pays africains comme le Burundi et le Kenya. La RDC a dit jeudi avoir recensé 548 morts depuis le début de l’année, pour près de 16.000 cas « potentiels » recensés. Cette flambée est en partie liée au clade 1 d’origine, mais aussi à l’émergence d’une nouvelle version dite 1b. On soupçonne qu’elle puisse être encore plus dangereuse, mais ce n’est pas avéré.

Ce nouveau variant a été détecté cette semaine en Suède, une première hors d’Afrique. En Asie, un cas de mpox a pour la première fois été repéré au Pakistan – on ignore la souche impliquée.

« Il n’est pas surprenant, étant donné la gravité et la propagation de l’épidémie en Afrique, que les voyages entre les continents aient amené ce cas en Europe« , a commenté Brian Ferguson, professeur agrégé d’immunologie à Cambridge, auprès du Science Media Center (SMC) britannique. Il s’attend à « probablement davantage » de cas dans le monde dans la mesure où aucun dispositif spécifique n’est mis en place.

Qui est menacé ?

En Afrique, l’épidémie actuelle a essentiellement été fatale aux enfants. Sans surprise car le clade 1 « est connu pour causer des maladies plus graves chez les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées« , comme le rappelle au SMC le virologue Jonas Albaraz. Mais le clade 1b, lui, « se retrouve surtout chez de jeunes adultes avec une propagation qui semble se faire par voie sexuelle« , précise-t-il.

Ces différences posent la question du mode de transmission privilégié du virus. En 2022, l’épidémie s’était manifestement propagée par voie sexuelle, touchant très majoritairement des hommes homosexuels ou bisexuels. Toutefois, le virus se transmet plus largement par plusieurs fluides corporels, comme la salive, ou contact direct avec les lésions, ce qui explique que les enfants soient concernés.

 Et maintenant ?

On ne sait pas encore à quel point l’épidémie se propagera hors d’Afrique. Le cas en Suède revenait du continent et « à ce stade il n’existe pas de preuve d’une transmission en Europe« , selon le Pr François Balloux, de l’University College of London.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) juge ce risque faible. Mais cette agence de l’UE a considéré vendredi « très probable » que les pays européens soient confrontés à une augmentation de cas importés de clade 1 et recommandé aux « autorités sanitaires » d’être prêtes pour « permettre une détection et une réponse rapides à tout nouveau cas« .

Si les autorités sanitaires regardent avec une inquiétude l’épidémie actuelle, à commencer par l’OMS qui a déclenché son plus haut niveau d’alerte, c’est d’abord pour ses conséquences déjà lourdes en Afrique.

A ce titre, la vaccination apparaît cruciale. Plusieurs vaccins sont très efficaces contre le mpox, mais ils manquent en Afrique alors qu’en 2022, des campagnes ont pu facilement être lancées dans les pays développés. « Il est possible » de combattre cette épidémie mais cela nécessite une coopération internationale rapide« , selon Brian Ferguson.

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