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Nouvelle-Calédonie : le gouvernement de l’indépendantiste Mapou tombe après des désaccords

Calédonie ensemble a mis en avant des désaccords avec le chef du gouvernement, notamment sur le plan de financement de reconstruction de la Nouvelle-Calédonie. (Photo d'archives)

Dans un courrier de démission adressé au président indépendantiste et kanak du gouvernement collégial Louis Mapou, que l’AFP a pu consulter, Calédonie ensemble (centre-droit, affilié à Renaissance) a mis en avant des désaccords avec le chef du gouvernement, notamment sur le plan de financement de reconstruction de la Nouvelle-Calédonie, mise à terre par les violents événements débutés le 13 mai.

Calédonie ensemble reproche également au gouvernement de M. Mapou, en place depuis trois ans, de s’être mué en une instance indépendante et il n’est pas le seul groupe politique à marquer son désaccord.

Depuis plusieurs semaines, d’autres groupes – Eveil océanien, Rassemblement-Les Républicains, les Loyalistes –  ont été critiques envers le plan de sauvegarde de refondation et reconstruction porté par le gouvernement collégial et surtout ses conditions de financement.

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« Depuis les événements du 13 mai, (le) pays s’est enfoncé dans une profonde détresse économique et sociale. En pareilles circonstances, la solidarité entre les institutions, au premier rang desquels le gouvernement et le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, constitue une ardente obligation« , est-il écrit dans le courrier de démission.

« Je ne peux que constater que ça n’a pas été le cas et je le regrette« , indique dans ce courrier Jérémie Katidjo-Monnier, membre démissionnaire du gouvernement calédonien, le dix-septième dans cet archipel du Pacifique-sud depuis l’accord de Nouméa en 1998 qui a acté le transfert localement de certaines compétences de l’Etat.

Ce courrier est également signé des sept autres « candidats de liste » susceptibles de lui succéder. En effet, le gouvernement calédonien est désigné par les membres du congrès, à l’occasion d’un scrutin de liste. En cas de démission individuelle d’un membre du gouvernement, le suivant sur la liste prend sa place. Seule la démission collective entraîne la chute du gouvernement.

« Là-bas l’urgence »

Dans son courrier, Jérémie Katidjo-Monnier déplore le fait que « le gouvernement qui procède du Congrès, qui est l’exécutif du pays, (se soit) transformé, au fil du temps, en une instance indépendante, et particulièrement des groupes politiques du Congrès dont il est issu, qu’ils soient d’ailleurs indépendantistes comme non indépendantistes« .

Une « indépendance gouvernementale autoproclamée, contraire à l’Accord de Nouméa et à la loi organique« , poursuit M. Katidjo-Monnier.

Il est notamment reproché à Louis Mapou d’avoir décidé « d’endetter le pays (…) sans l’autorisation de quiconque« , « à tenter d’infliger » de nouveaux impôts nouveaux aux Calédoniens et « à pratiquer la politique du fait accompli devant le Congrès, sous la houlette diligente de Bercy« .

Le congrès de la Nouvelle-Calédonie avait entériné le 12 décembre une aide de 226 millions d’euros proposée par l’Etat, pour permettre de terminer l’année.

La Nouvelle-Calédonie traverse l’une des pires crises de son histoire après avoir été en proie dès la mi-mai à des émeutes ayant duré plusieurs mois. Quatorze personnes sont décédées lors de ces troubles, qui ont éclaté sur fond de mobilisation indépendantiste contre la modification par l’Etat du corps électoral pour les élections provinciales, cruciales en Nouvelle-Calédonie.

Le projet de loi du dégel du corps électoral a finalement été abandonné. Les violences ont causé plus de 2 milliards d’euros de dégâts selon les chiffres du Congrès de Nouvelle-Calédonie, soit 25% du PIB de l’archipel. Et un salarié sur sept a perdu son emploi entre mars et septembre en Nouvelle-Calédonie d’après l’Insee.

« Il y a une attente très importante pour la reconstruction économique. C’est là-bas l’urgence. Et puis il y a un chemin de dialogue, un chemin politique à trouver. Et moi, je me place évidemment dans le sillage« , a réagi mardi sur France Inter le nouveau ministre des Outre-mer, Manuel Valls.

Louis Mapou, issu d’une coalition indépendantiste – l’Union nationale pour l’indépendance (UNI-FLNKS) – a été élu président en 2021, succédant au loyaliste Thierry Santa, après une crise institutionnelle de plus de cinq mois.

Il a été le premier indépendantiste, mais aussi le premier Kanak, à diriger l’exécutif de cet archipel, français depuis 1853.

L’élection du nouveau gouvernement doit se faire dans un délai de quinze jours, a précisé le congrès de la Nouvelle-Calédonie dans un communiqué.

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