Comme à Makatea, l’extraction s’est longtemps faite à la pelle. Nauru a même employé jusqu’à 4000 ouvriers, pour la plupart chinois, à ce travail harassant. Dans les années 1940, la mécanisation permet d’aller plus vite, puis plus profond. Après leur indépendance, en 1968, les Nauruans deviennent très riches et quittent leur mode de vie traditionnel.
« On a dû retourner en mer, remonter au cocotier pour chasser les oiseaux… Ca nous est tombé dessus d’un coup : il n’y avait plus d’argent. Plus d’argent à la banque… A Nauru, c’était la banqueroute. Donc on a dû s’adapter à cette nouvelle vie » raconte Cindy Limen, une Nauruane née juste avant l’indépendance.
Après avoir été la plus riche, Nauru est l’une des îles les plus pauvres du Pacifique, avec les stigmates de son passé industriel : d’immenses hangars décrépis, des installations portuaires qui tombent en ruine, et tous les déchets de l’opulence passée. Plage et colline ne sont qu’un amas de détritus.
Pour survivre à cette crise, Nauru accepte la proposition de l’Australie : accueillir dans des camps les migrants refoulés par l’île-continent. Plusieurs centaines de réfugiés traînent leur misère dans les rues de Yaren ou d’Aiwo. En contrepartie, l’Australie est, de loin, la principale pourvoyeuse de fonds de cette petite île d’onze mille habitants.
« Le véritable intérêt de reprendre l’exploitation du phosphate à Nauru, n’est pas seulement de maintenir cette activité industrielle, qui bénéficie au pays comme aux propriétaires de terres », assure Robert John Mencel, le Directeur général de Ronphos Corporation. « Nous faisons en sorte que les terres soient de nouveaux exploitables dans le futur, pour l’agriculture, pour construire maisons ou infrastructures ».
De nouveaux bénéfices et une île qui pourrait retrouver son ancien visage ? Nauru est séduite. L’exploitation des phosphates pourrait durer encore 20 à 30 ans, tout en nettoyant les affreux vestiges de l’industrie passée.
Ensuite, il faudra trouver autre chose. A priori, ce ne sera pas le tourisme : les plages sont polluées, le seul hôtel de l’île est probablement l’un des plus laids d’Océanie, et les cartes postales sont vendues 5 dollars.