L’étincelle
Le 17 octobre 2019, le gouvernement annonce une taxe sur les appels effectués via WhatsApp. Cet impôt de plus dans un pays à l’économie exsangue fait exploser la colère des Libanais.
« Le peuple réclame la chute du régime », scandent les manifestants qui brûlent des pneus et bloquent des routes.
Le gouvernement renonce à la taxe, mais des milliers de personnes continuent à manifester.
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Le lendemain, des forces de l’ordre tirent des gaz lacrymogène pour disperser la foule. Des dizaines de personnes sont arrêtées.
Barricades
Le 19, des dizaines de milliers de Libanais se rassemblent à Beyrouth, Tripoli (nord), Tyr (sud), Baalbek (est). Plusieurs axes routiers sont bloqués.
La mobilisation culmine le lendemain avec des centaines de milliers de manifestants.
Les protestataires réclament le renouvellement de toute la classe dirigeante, quasi inchangée depuis des décennies et jugée corrompue et incompétente.
Hariri démissionne
Le 29, Saad Hariri et son gouvernement démissionnent. Les manifestants reprennent leurs sit-in sur des artères à Beyrouth.
Le 3 novembre, plusieurs milliers de personnes envahissent les rues, après un rassemblement de partisans du président Michel Aoun.
Le 12, celui-ci attise la colère en conseillant aux mécontents « d’émigrer ».
Hassan Diab le remplace
Le 11 décembre, les soutiens internationaux à Paris conditionnent leur aide à la mise en place d’un gouvernement « efficace » engageant des réformes.
La crise économique s’est aggravée avec des licenciements en masse, des restrictions bancaires drastiques et une forte dépréciation de la livre libanaise.
Le 19, Hassan Diab est désigné Premier ministre, mais l’appui apporté à sa nomination par le Hezbollah et ses alliés attise la colère d’une partie de la rue.
Violences
Le 11 janvier 2020, les manifestations reprennent après une période d’essoufflement.
Les 14 et 15, des violences nocturnes à Beyrouth et plusieurs banques vandalisées.
Les 18 et 19, au moins 546 personnes sont blessées dans des heurts. Human Rights Watch accuse les policiers d’avoir « tiré des balles en caoutchouc en visant les yeux ».
Nouveau gouvernement
Le 21 janvier, le Liban se dote d’un gouvernement, formé par un seul camp, celui du Hezbollah pro-iranien et ses alliés, notamment le parti Amal et le Courant patriotique libre (CPL) du président Aoun.
Le 11 février, le Parlement accorde sa confiance au gouvernement, en dépit de l’opposition de centaines de manifestants. Des affrontements font plus de 370 blessés.
Défaut de paiement
Le 7 mars, le Liban, qui croule sous une dette de 92 milliards de dollars (170% du PIB), fait défaut sur une première tranche de sa dette, d’un montant de 1,2 milliard de dollars.
Le 23, il annonce qu’il ne paiera pas l’ensemble de ses bons du Trésor émis en dollars.
Le 30 avril, le gouvernement annonce un plan de relance et demande une aide du Fonds monétaire international.
Le 13 mai, le Liban entame des négociations avec le FMI. Mais le processus est depuis au point mort.
Effondrement de la monnaie
Mi-juin, des manifestations éclatent au Liban après une nouvelle dégringolade de la livre.
Les 23 et 24 juillet, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian se rend au Liban et réclame des réformes attendues « depuis trop longtemps ».
Déflagration
Le 4 août, une énorme explosion au port de Beyrouth détruit une partie de la capitale et fait au moins 160 morts et plus de 6.000 blessés, ainsi que des centaines de milliers de sans-abris.
Le drame relance la contestation populaire qui s’était essoufflée avec la pandémie de coronavirus.
Des milliers de Libanais manifestent le 8 août contre leurs dirigeants accusés d’être responsables du drame.
Des heurts opposent protestataires aux forces de sécurité, qui tirent des gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc. Des manifestants occupent brièvement des ministères.
Le lendemain, de nouveaux affrontements surviennent dans le centre-ville.
Hassan Diab jette l’éponge
Le 10, Hassan Diab annonce la démission de son gouvernement à la suite du « séisme » provoqué par l’explosion.