La « loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023 », signée vendredi soir par le chef de l’État après la validation de l’essentiel de la réforme par le Conseil constitutionnel, a été publiée au Journal Officiel très tôt samedi.
L’Élysée a annoncé dans la foulée que le chef de l’État s’adresserait aux Français lors d’une allocution lundi soir, a priori à 20H00.
Emmanuel Macron s’exprimera « dans une logique d’apaisement », pour « faire le bilan » des trois mois de crise et « regarder aussi ce qui a avancé à côté des retraites », a promis sur TF1 le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, citant la baisse du chômage et des impôts.
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« Accélérer »
La Première ministre a lancé dès samedi : « dans les semaines et les mois qui viennent, autour du président de la République, nous sommes prêts à accélérer » les réformes.
« Nous voulons bâtir la France du plein-emploi », « garantir l’égalité des chances », « agir » pour la santé et encore l’éducation, a martelé Elisabeth Borne lors d’un Conseil national du parti présidentiel Renaissance à Paris.
Mais, refusant d’entrer dans l’ « agenda » d’après-crise de l’exécutif, tous les syndicats ont fait part de leur « détermination » à poursuivre le combat contre le recul de l’âge légal à 64 ans. En commençant par décliner une invitation mardi à l’Élysée.
La publication ultra-rapide de la réforme, alors que l’intersyndicale, unie depuis trois mois de contestation, « avait demandé « solennellement » au président de « ne pas promulguer la loi », est « totalement honteuse », a dénoncé la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet.
Emmanuel Macron « est en train de devenir le président du chaos » et « ouvre un boulevard au Rassemblement national », a-t-elle cinglé.
« Le mépris renvoyé aux travailleurs aura été constant », a réagi son homologue à la CFDT Laurent Berger.
Marine Le Pen a épinglé une « énième provocation contre les Français ».
C’est un « absurde affichage d’arrogance » pour le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, et un signe de « fébrilité » selon le numéro un du PS Olivier Faure qui a promis un « harcèlement démocratique » pour revenir sur les 64 ans. Députés et sénateurs socialistes ont prévu de déposer un texte législatif demandant l’abrogation de la réforme.
Le député LFI Eric Coquerel a indiqué à l’AFP que son groupe avait initié des discussions avec les indépendants de Liot et l’ensemble de la Nupes en vue d’un potentiel dépôt de motion de censure.
Olivier Véran a pour sa part confirmé que le passage progressif de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans commencerait bien dès septembre, au rythme d’un trimestre par an. La réévaluation de certaines petites pensions de retraites sera lancée au même moment.
À peine la réforme promulguée, des violences ont de nouveau émaillé samedi une manifestation à Rennes où des commerces ont été vandalisées, deux voitures brûlées en plus d’affrontements avec les forces de l’ordre.
À Paris, 300 personnes ont défilé dans une ambiance calme dans le XIXe arrondissement, aux cris notamment de « Paris debout, soulève-toi ».
« Colère cheminote »
L’intersyndicale mise sur le traditionnel rendez-vous du 1er mai qu’elle souhaite transformer en « journée de mobilisation exceptionnelle et populaire » contre le cœur de la réforme, la retraite à 64 ans.
Le patron de la CFDT souhaite « que le 1er mai, « on casse la baraque » en nombre de manifestants dans la rue ». « Sur les décrets, la mise en œuvre concrète des mesures, on ne va pas lâcher le gouvernement », a-t-il dit au Parisien.
En attendant, les quatre syndicats de la SNCF ont annoncé « une journée d’expression de la colère cheminote », jeudi.
Et la CGT a évoqué des actions dans tous les secteurs jeudi également, ainsi que le 28 avril.
La 12e journée de mobilisation jeudi dernier avait livré le deuxième plus faible score de mobilisation depuis le début du mouvement (380.000 manifestants selon le ministère de l’Intérieur, 1,5 million selon la CGT).
Renouer avec les syndicats ne sera pas chose aisée. « Il y aura du ressentiment, des cicatrices », glisse un proche du chef de l’Etat.
Et pour avancer avec quelle majorité? Élisabeth Borne a fait part cette semaine des conclusions de ses consultations à Emmanuel Macron.
Un statu quo s’esquisse : « Si l’heure n’est pas aux coalitions, des majorités sont possibles, projet par projet, pour offrir des solutions aux Français », a avancé samedi la cheffe de gouvernement.