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Sea Shepherd fait entendre le « SOS de l’océan »

« Nous avons créé un cri de détresse composé de 30 sons d’animaux agonisants », explique dans une vidéo postée sur son site l’association de défense des animaux marins.

Intitulée « Sound of Sea », elle raconte la genèse de ce son émanant d’une baleine harponnée dans l’Arctique, de baleines pilotes traquées aux îles Féroé, de dauphins pris dans les mailles d’un pécheur, ou encore de l’agitation frénétique de milliers de poissons agglutinés dans les filets de chalutiers.

« Des atrocités inaudibles, invisibles et donc ignorées. Ces sons triés, amplifiés, travaillés et juxtaposés ont donné ce son unique », explique l’association à propos de ce « cri » qu’elle qualifie de « SOS de l’océan ».

Rien qu’entre janvier et mars, 1 100 dauphins ont été trouvés échoués sur la côte atlantique, selon l’Observatoire Pelagis, spécialisé dans les mammifères et oiseaux marins. Beaucoup seraient victimes de captures accidentelles des pêcheurs.

« Il s’agit d’une action de sensibilisation relative à la consommation de poisson », a précisé à l’AFP Sea Shepherd, rappelant que selon les Nations unies, si rien n’est fait pour contrecarrer la surpêche, les populations de poissons s’effondreront d’ici 2048.

L’apnéiste français Guillaume Néry, double champion du monde, s’est fait l’écho début avril de ce son sur les réseaux sociaux. « Étrange son entendu hier après-midi lors d’une plongée. Jamais entendu ça. Une idée de ce que ça pourrait être ? », dit-il dans un tweet, accompagné d’une vidéo dans laquelle on le voit plonger dans les abysses avant de s’arrêter soudain alors qu’il semble découvrir le son des animaux marins en détresse.

« Je suis très sensible à cette problématique de la surpêche », a expliqué à l’AFP l’apnéiste, de mèche avec Sea Shepherd pour cette campagne. « Je vois lors de mes plongées à quel point la situation est dramatique dans toutes les mers du globe », a-t-il assuré, disant ne consommer quasiment plus de poisson, en raison également de la « détresse visible dans leurs yeux » au moment de mourir.

Car les scientifiques semblent s’accorder depuis quelques années sur le fait que les poissons, tout comme les mammifères marins, ressentent la douleur.

« Les cerveaux d’oiseaux et de poissons ont des structures homologues à celles des mammifères, qui leur permettent vraisemblablement d’éprouver consciemment la douleur », indique une publication de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de 2017 intitulée « La conscience animale : expertise scientifique collective ».

Mais, « pendant des années on a pensé le contraire, du fait que les poissons possèdent une organisation du système nerveux différente de celle des mammifères », explique à l’AFP Sébastien Moro, vulgarisateur scientifique et spécialiste de la question de la cognition animale.

« Il y a une souffrance immense dans les océans notamment due à la pêche », assure le spécialiste, expliquant le manque d’empathie de l’homme envers les poissons par son manque de connaissance et de proximité avec l’univers marin.

« Les poissons vivent dans un milieu qui n’est pas le nôtre, qu’on ne connaît pas, on ne les fréquente pas, on ne les voit jamais », souligne celui qui est à l’origine d’une bande dessinée intitulée « Les paupières des poissons » (2018), dans laquelle il renverse les clichés sur le manque d’intelligence de certaines espèces.

Soixante milliards d’animaux sont abattus chaque année dans le monde pour fournir de la viande, selon les Nations unies. Et entre 1 000 et 3 000 milliards de poissons seraient pêchés, estime le site britannique Fishcount.org.uk. « C’est le plus grand massacre jamais perpétré », note Sébastien Moro.

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