L’événement, coprésidé par l’Inde, a accueilli quelque 1 500 participants et a été le premier voyage hors des États-Unis du vice-président J.D. Vance.
Mais en mettant l’IA au cœur de nombreuses discussions scientifiques, politiques et diplomatiques pendant près d’une semaine, le sommet a aussi révélé de profondes divisions sur l’avenir de cette technologie, parfois comparée à l’arrivée d’internet.
L’Europe et les États-Unis dos à dos
Avec un discours sur la toute-puissance américaine, J.D. Vance, entré en fonction avec Donald Trump fin janvier, a mis à mal tout espoir de faire émerger une vision commune entre l’Europe et les États-Unis.
– PUBLICITE –
« Les États-Unis sont les leaders dans l’IA et notre administration entend qu’ils le restent », a-t-il clamé mardi lors de la cérémonie de clôture du sommet au Grand Palais, qui réunissait notamment des chefs d’État et de gouvernement.
Il a martelé la position de la nouvelle administration américaine sur l’IA, en rejetant une « régulation excessive » qui « pourrait tuer une industrie en plein essor ».
La réponse européenne n’a pas tardé, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, affirmant dans la foulée que le « leadership mondial était toujours à saisir ».
La division s’est à nouveau affichée quand le président français Emmanuel Macron a officialisé la signature d’une déclaration sur une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique » par une soixantaine de pays.
Dans la liste des signataires du texte, pourtant non engageant, ne figuraient ainsi ni le Royaume-Uni ni les États-Unis.
Investissements record en France
La formule du président Macron, issue d’une interview donnée à la presse régionale à deux jours de l’ouverture du sommet, résumait déjà les ambitions françaises. « Il faut y aller à fond, acheter l’intelligence artificielle française et européenne à chaque fois qu’elle existe ! », avait-il exhorté.
Quelques semaines après l’annonce d’un plan d’investissements de 500 milliards de dollars aux États-Unis, baptisé « Stargate », ce sont 109 milliards d’euros qui doivent être investis par des entreprises en France au cours des prochaines années, a indiqué le chef de l’État, dont une part importante dans des centres de données.
« C’est de nature à faire toute la différence », a commenté auprès de l’AFP Chadi Hantouche, expert IA et data au sein du cabinet de conseil Wavestone, soulignant l’importance de l’implantation de ces « data centers sur le territoire français, puisque ce sont des infrastructures essentielles au développement de l’IA ».
Cet élan français a été accompagné par l’Union européenne et porté par un champion national.
Tandis que 200 milliards d’euros ont par ailleurs été mis sur la table dans le cadre d’une alliance public-privé baptisée « EU AI Champions Initiative », avec une contribution de 50 milliards de la Commission européenne, la start-up française Mistral AI a multiplié les annonces.
L’IA « en ébullition »
L’entreprise, fondée par un trio de chercheurs français, a officialisé de nombreux partenariats, après avoir conclu en janvier un accord avec l’AFP pour utiliser les dépêches de l’agence dans les réponses de son robot conversationnel Le Chat.
Orange, Free, France Travail : toutes utiliseront ou proposeront à leurs clients des outils de la start-up. Quant au constructeur automobile Stellantis, il a renforcé un partenariat déjà existant avec Mistral AI pour équiper ses véhicules.
Au-delà du cas français, Chadi Hantouche souligne « une mobilisation incroyable au sein des entreprises françaises et internationales » sur le sujet de l’IA parallèlement au sommet.
« Cela a mis en ébullition plusieurs écosystèmes », poursuit-il. « Ce moment a réussi à faire dialoguer plusieurs écosystèmes, plusieurs pans de la société, l’entreprise, le milieu académique, le politique ».
La sécurité, la nécessité d’une IA frugale, ou encore l’impact de la technologie sur le monde du travail ont aussi alimenté de nombreux échanges et mené à certains accords.
Une effervescence qui n’a apaisé la déception de Dario Amodei, dirigeant de l’entreprise américaine d’IA Anthropic, qui a qualifié le sommet d’« opportunité ratée ».
Il a estimé « nécessaire de se concentrer davantage sur plusieurs sujets », citant notamment l’enjeu démocratique de l’IA, ainsi que les risques liés à la sécurité et à l’emploi que fait peser cette technologie.