Depuis sa création en 1881, le Heiva a connu ses grandes époques et ses difficultés. Suspendu pendant la guerre ou les périodes de graves épidémies, transformé en festival au changement de millénaire, annulé en 2020 durant la crise de la Covid-19, converti à nouveau en festival, 140 ans après sa création, en sortie de crise sanitaire, voici en 2022 le grand retour du Heiva i Tahiti.
Ce repère intense du calendrier culturel et de nos racines ancestrales est l’un des festivals les plus anciens du Pacifique voire même du monde. Attendu chaque année par les Polynésiens de tous les archipels, le Heiva i Tahiti est l’expression la plus traditionnelle de notre culture, de nos langues, de nos légendes. Il en est aussi l’expression la plus essentielle. C’est un spectacle vivant, mêlant danse, musique, ’ori Tahiti et hīmene, qui nous invite à retracer nos coutumes et ainsi les garantir.
Pour ce 1er juillet 2022, les festivités du Grand Heiva reviennent sur la scène de To’ata en force. La cérémonie d’ouverture et le rāhiri ouvrent la danse, faisant revivre les traditions et la mémoire de cette culture séculaire. Le Heiva n’a pas fini de nous émerveiller.
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Cérémonie inaugurale et Rāhiri
« Transmettre le savoir ancestral de nos Tupuna aux générations futures est la plus belle marque de respect que nous leur devons » : cette phrase résume le discours rassembleur prononcé par Édouard Fritch, président de la Polynésie française, en introduction de la soirée inaugurale. La culture et son implication dans l’enseignement obligatoire seront ses maîtres-mots. Puis le président fait place aux neuf membres du jury pour la traditionnelle célébration du Rāhiri.
Tamari’i Tuhaa Pae No Mahina – tārava Tuhaa pae
Créée en février 2015 et dirigée en tant que Ra’atira ti’ati’a himene par Tavita Viviane, l’auteure des chants est Rochette Poema et la composition fut confiée à Vaea Refi. Poema, l’auteure, a choisi pour thème : ‘Amaitera’i, enfant de Tupu’ai, conte-moi la légende de Taita’a ‘Amaitera’i tama no Tupu’ai, ‘a fa’ati’a mai na te ‘a’ai ‘o Taita’a
À son palmarès, la troupe de Tavita a obtenu, entres autres, le Prix spécial Ra’atira ti’ati’a 2017 et le 1er prix tarava Tuhaa pae.
Les membres de la troupe des Tamari’i Tuhaa Pae no Mahina, tous vêtus de blanc, évoquent le mythe de Taita’a, la montagne la plus haute de Tubuai. Le public se laisse porter par les douces mélodies polytonales contant cette légende.
Tamari’i Teahupoo – tārava Tahiti
Tamari’i Teahupoo, groupe de chants et de danses, a été créé en 2006 sous la conduite de monsieur Adolphe Raveino. Lors du Heiva de cette année-là, Tamari’i Teahupoo a eu le troisième prix du concours de danse amateur et le premier prix du costume traditionnel. C’est en 2008 que le groupe qui s’est représenté aux concours de chants et de danses, a remporté le prix ôte’a tane en décrochant la première place. En 2012, Tamari’i Teahupoo est revenu, mais cette fois-ci uniquement dans le concours de chants. Depuis, tous les ans, le groupe participe régulièrement au Heiva et en 2014, sous la responsabilité de Laiza Tanematea, la nouvelle présidente du groupe, conduit par son nouveau arata’i ti’ati’a, monsieur Tematuanui Raveino, il remporte le troisième prix du Tarava Tahiti, le premier prix du hīmene rū’au, le premier prix du ūtē paripari et le deuxième prix du ūtē arearea.
En 2015, le groupe gagne le troisième prix du concours du ūtē arearea. En 2016, Tamari’i Teahupoo participe au Heiva avec le thème suivant : Te pohe rahi o Taiàrapu ia te oropaa. Résultat : 3ème prix du ūtē ārearea. En 2019, la troupe remonte sur scène au Heiva avec le thème de : Paripari fenua no Teahupoo. En 2021, Tamari’i Teahupoo participe au Festival Tahiti Ti’a Mai en reprenant le thème de 2014, « l’eau et les rivières de Hui e Taiarapu ». Cette année 2022, le groupe Tamari’i Teahupoo a choisi le thème de la tradition du Rähui pour se présenter au Heiva i Tahiti.
Hitireva – hura tau
Depuis sa création en 2006, Hitireva s’est régulièrement illustrée au Heiva i Tahiti entre 2007 et 2019. La troupe de danse est primée à plusieurs reprises et remporte notamment le 1er Prix Madeleine Mou’a en catégorie Hura Tau en 2016 avec son spectacle lïfai to’u hîro’a. Kehaulani Chanquy, directrice et fondatrice du groupe, a su créer une identité singulière dans le geste, le mouvement et la scénographie qu’elle propose à la fois chez les hommes et les femmes qui forment la grande famille Hitireva.
Cette identité s’est construite au fil des années et s’est surtout affirmée grâce à la complicité infaillible de l’auteur Jacky Bryant qui s’efforce d’offrir des thématiques liées au patrimoine de notre terre et aux savoir-faire de nos tupuna. Par ailleurs, ces thèmes qui interrogent notre société contemporaine inscrivent Hitireva dans une démarche purement innovatrice et dynamique qui saisit un héritage commun et le nourrit avec nos existences du présent.
Cette année encore, Hitireva, toujours guidée par l’écriture de Jacky Bryant, s’entoure de personnes fidèles comme Teme Paraurahi, chef d’orchestre et compositeur des musiques de percussions et Nels Labbeyi, créatrice de renom et conceptrice de l’ensemble des costumes du spectacle. La composition des ‘aparima est confiée à Teiva LC, Nohora’i Temaiana et Jean-Marc Zinguerlet. L’équipe d’encadrement qui permet le bon déroulement des répétitions est composée de Heilani Teina, Teiho Jenny, Matatini Mou, Ahutoru Stéphanie ainsi que Terii Teina, Aurai Atapo et Taha Taharagi. Par ailleurs, la cheffe de groupe de Hitireva compte sur le soutien de deux assistants : Moana’ura Tehei’ura et Erena U’ura. La troupe Hitireva remercie l’ensemble des personnes qui apportent leur sincère soutien à l’élaboration de ce spectacle, ouvrage collectif et communautaire qui n’a pour seule prétention : la fierté de l’appartenance à un peuple, à un pays. Le nôtre.
Avec le conte de trois histoires, celles de trois arbres du fenua, le Àito, « bois de fer », le Àèho « bois solide » et le Tāhinu « roseau des montagnes », le décor est en place pour une « invasion » culturelle énergique et sensuelle et où opère la magie du Heiva. Une participation « massivement passionnée » des danseurs et danseuses au son des to’ere, qui tel le tocsin, confirmait le retour d’une célébration de tradition séculaire.