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Peterson Cowan : le ténor tahitien démocratise l’art lyrique au fenua

(crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Peterson Cowan : le ténor tahitien démocratise l’art lyrique au fenua

Enfant du fenua, il a à son actif une carrière internationale. Après des débuts dans une grande firme américaine du numérique, sa vie bascule. Son père et sa mère décèdent. « Il a fallu se réinventer, trouver une raison de continuer à vivre », témoigne Peterson. « Après avoir terminé un petit bout de carrière à l’armée de l’air, je suis revenu à Paris et je me suis retrouvé à la Sorbonne pour m’inscrire en musicologie ».

Peterson Cowan incarne le Duc dans l’opéra ‘Rigoletto’ (crédit photo : Youtube)

Des études qui le conduisent très vite à devenir soliste et à côtoyer les plus grands jusqu’à Luciano Pavarotti. « En 1998, les trois ténors font le tour du monde. Et pendant trois jours, j’ai tenté de venir jusqu’à sa chambre et d’avoir audience auprès de Maestro Pavarotti. Je voulais savoir si ce métier était fait pour moi. Autant le demander à ceux que moi j’estime être des références. Pavarotti décroche son téléphone, appelle les services des trois plus grands concours internationaux : ‘il y a un petit nouveau qui va arriver. Il sera prêt d’ici là trois ans’. Et la nomination de « ténor tahitien » m’a été donnée par Pavarotti lorsqu’il m’a inscrit, donc je l’ai gardée ».

Puis une rencontre lui fait prendre un nouveau virage : « je me suis expertisé dans le suivi des enfants avec un handicap. Le premier contact avec ces enfants autistes a été terrible pour moi parce que j’ai eu droit à des hurlements, des cris, donc je suis parti ne sachant pas ce qu’il se passait. Je suis revenu pour demander au médecin ce qu’il s’était passé et il m’a dit ‘c’est la première fois que ces enfants réagissent’. J’ai compris qu’ils avaient aimé. Et pourquoi ces cris ? Parce qu’ils ne savaient pas faire autre chose. Je décide de me connecter avec eux. J’ai repris toute ma pédagogie, j’ai revu l’ensemble de ma manière de penser le chant et j’ai revu également l’ensemble de mon discours et de mon vocabulaire. De telle sorte que ces enfants, que j’appelle des « handicapables », soient capables de me comprendre et qu’il y ait un échange entre eux et moi ».

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Peterson enseigne désormais l’art lyrique au Conservatoire artistique de Polynésie française (crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Depuis la rentrée, ce prodige de la musique succède à Emmanuel Vidal et Gaby Cavallo au département d’art lyrique du Conservatoire. Pour lui, les Polynésiens qui souhaitent suivre sa voie ont tous le potentiel requis : « qu’est-ce qui fait le différence entre l’art lyrique, le himene ou la bringue ? C’est juste un peu de technique, une structuration peut-être un peu plus formelle de ce qu’est la musique et également une ouverture au niveau de l’écoute. L’art lyrique apporte une densité et une intensité au chant que le Polynésien est tout à fait apte à pouvoir ingérer ».

(crédit photo : Conservatoire artistique de la Polynésie française)

Enthousiaste, avec des projets pleins la tête, le ténor tahitien compte bien redonner une place de choix aux chants traditionnels : « la musique polynésienne est une richesse qui a encore beaucoup de choses à nous faire découvrir. Je veux absolument remettre dans le protocole de mise en place nos chansons polynésiennes. Je prends exemple pour le himene sur ce qui est fait à Hawaii où les enfants qui sont dans les écoles, lorsqu’ils accueillent des personnalités ou lorsqu’ils ouvrent leur journée, chantent. Je ne suis là pour rien d’autre qu’un échange de compétences et de savoirs. J’ai beaucoup de choses à apprendre de mes élèves et de la Polynésie française ».

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