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Tahiti Tattoo Fest 2024 : le parcours de Tana Tokoragi, devenu artiste de renom

Tatoueur depuis plus de vingt ans, Tana (ici dans son tattoo shop de Pamatai) est l'un des porteurs de projet du Tahiti Tattoo Fest 2024, organisé du 28 novembre au 1er décembre prochain (Crédit Photo : TNTV)

Certains enfants sont piqués aux jeux des cours de récréation, d’autres le sont, littéralement, à celui du tatouage. La passion du tattoo, Tana se l’imprime dans la chair alors qu’il n’a que 8 ans.

C’est sa maman, originaire de Nuku Hiva, qui l’emmène se faire tatouer avec elle. Difficile de ne pas se souvenir de la scène : « Elle m’a demandé si je voulais un tatouage, parce que je jouais juste à côté. J’ai accepté. À cet âge-là, je faisais partie des seules personnes tatouées quand j’étais en primaire » , raconte-t-il. Fier de son sang marquisien, il n’a pas peur de montrer son tatouage aux copains, sans tabu.

De là à devenir tatoueur professionnel, il n’y a qu’un – grand – pas. Des années d’observation, de travail acharné, de recherche d’inspiration auprès de ses mentors, avant de s’y mettre pour de bon à la vingtaine, après une formation de joaillerie. Presque « inconsciemment » et sans trop se poser la question, Tana devient tatoueur.

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Une première machine faite maison

C’est en 1998 qu’il tatoue pour la première fois. Les moyens n’étant pas les mêmes, à une époque où l’accès à Internet n’est pas démocratisé, Tana fait preuve d’une bonne dose de système D. « Je n’avais pas les moyens ni les adresses pour avoir du matos. Je m’étais fait tatouer par un copain et j’ai regardé sa machine. J’ai observé pendant la séance. J’ai essayé de reproduire un peu ce qu’il avait fait. La base, c’était un rasoir électrique. J’ai cherché à la maison dans mes affaires et j’en ai trouvé un. Avec une pièce d’un aérographe, avec l’aiguille qu’il y avait à l’intérieur, j’ai confectionné la machine et j’ai commencé à me tatouer » , sourit-il. Son premier test, un tatouage au rotring sur son propre ventre, est un succès. Il se met à dessiner sur ses amis et sa famille, toute tatouée par ses soins depuis.

Tana et ses cinq enfants, le petit dernier enlacé par sa compagne Vaiana (Crédit Photo : TNTV)

C’est l’artiste Tuatini Tamata qui le fait entrer chez Mana’o Tattoo Studio, et le « coache ». À ses côtés, Tana peaufine progressivement son propre style. Un style polyvalent qui fait aujourd’hui sa renommée. Patient, il ne grille pas les étapes et n’ouvre son propre shop – Tahiti Ink Art Studio, à Pamatai – qu’en 2023. La clientèle est au rendez-vous.

« Je suis impressionné de voir à quel point je suis connu. Les gens parlent de moi. Je ne pensais pas que ça allait aussi loin. Tu croises des personnes qui savent déjà ton nom, qui arrivent à reconnaître mes tatouages. C’est une fierté. Tout en essayant de rester humble, et reconnaissant » , nuance-t-il.

Le Tahiti Tattoo Fest, acte de reconnaissance

C’est justement par reconnaissance que Tana et son équipe, avec l’association ‘Aina tatau, décident d’organiser le Tahiti Tattoo Fest 2024. Tahiti n’avait pas accueilli de convention de cette ampleur depuis 2019 et le covid.

« À la base, je n’étais pas vraiment intéressé pour en organiser une, mais j’ai commencé à m’investir sérieusement pour rendre hommage au tatouage, à tout ce que ça m’a apporté » , confie-t-il. Des voyages, des rencontres et de liens d’amitié indéfectibles : sur les 54 tatoueurs présents à la convention, la crème de la crème locale – dont six pratiquant le tatouage traditionnel – et quelques pointures internationales. Steve Peace, tatoueur de Calgary, ou encore les îliens Cudjuy Patjidres et Toetu’u Aisea, issus respectivement de la tribu Paiwan (Taïwan) et de Tonga. De quoi varier les expériences, du traditionnel au contemporain.

La convention rendra un hommage plus qu’appuyé à Tavana Salmon, décédé fin septembre à l’âge de 104 ans. Un « grand homme » , souffle Tana, qui n’a jamais pu rencontrer celui qui participa activement à la réintroduction du tatouage traditionnel en Polynésie. « Il est à la base du renouveau. Quand on a pensé à le mettre à l’honneur, c’est parce qu’il était toujours vivant. On doit rendre hommage aux anciens par rapport au travail qu’ils ont accompli. C’est grâce à eux qu’on est là. Ils ont commencé le travail. Aujourd’hui, on est là, tout le monde tatoue, il y a de plus en plus de tatoueurs » , salue-t-il.

Lire aussi : Homme de culture, Tavana Salmon est décédé à 104 ans

Les dates de la convention, du 28 novembre au 1er décembre, coïncident avec le Matarii i ni’a, période de renouveau et d’abondance dans la culture Polynésienne. Le même week-end, se tiendront le premier Siva afi Tahiti, compétition internationale de danse du couteau de feu, et le Hura Tapairu. Le tatouage, explique Tana, fait partie de ce tout. « Il faut expliquer aussi à la nouvelle génération d’où on vient. L’idée aussi, c’était de ramener le tatouage au cœur de notre histoire » , résume-t-il.

Un récit que Tana et le Tahiti Tatoo Fest présenteront lors d’une soirée d’inauguration exceptionnelle, au cours de laquelle les tatoueurs exposeront leurs plus belles pièces lors d’un défilé. Un concert est prévu pour rassembler l’ensemble des artistes, avant d’attaquer les trois jours de convention.

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Site web : Tahiti Ink Art Studio

Le programme et la billetterie du Tahiti Tattoo Fest 2024
(jeudi 28 novembre – dimanche 1er décembre) sont à retrouver ici

Lieu : Le Tahiti By Pear Resort, Arue
1500 francs / pass journée

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