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Torea Falzowski, mana polynésien sous lumière digitale

Torea Falzowski (Crédit Photo : TNTV

L’illusion est parfaite. On croirait observer une peinture à l’huile, mais c’est bien grâce au numérique que Torea Falzowski, 28 ans, réalise ses oeuvres.

Né à Raiatea, où il grandit, Torea se prend de fascination pour les jeux vidéos, comme beaucoup de gamins de sa génération. Là où la majorité y trouve un simple passe temps, Torea montre déjà des signes précurseurs de son avenir. Le travail d’écriture, la direction artistique derrière le jeu éveillent sa curiosité.

Il ne s’agit alors que d’une question de temps avant qu’il ne se découvre une passion : il le comprendra plus tard, c’est bien tout le travail photographique et illustratif du jeu vidéo qui l’attire. Parmi ses références actuelles, il « adore un jeu comme ‘Ori and the Blind Forest‘, ce genre de jeux très narratifs et riches en décor, en ambiance« , dans un style mystique identifiables sur certains de ses propres dessins.

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C’est vers ses 12 ans, en jetant un regard furtif sur les dessins du grand frère, Gaël, qu’il franchit le cap. Il pense : « C’est cool. Moi aussi, je veux faire ça« , s’arme de papier et de crayons, et imite son aîné. Comme lui, il fera une école d’art. Comme lui, il se lancera dans le cinéma d’animation, à ceci près qu’il va vite bifurquer vers la spécialité jeux vidéos puis cinéma & effets spéciaux à ARTFX Montpellier, où il passera 7 ans avant son retour aux sources, il y a deux ans. Il le concède, ce comeback à Raiatea « n’était pas dans ses plans » de départ : « À la base, je voulais me diriger spécialement vers les métiers du cinéma, tout ce qui se bosse en pré-production, faire des planches d’ambiance, de croquis de personnages…avec le Covid, c’était compliqué« .

Un mal pour un bien, puisque la Polynésie le rapproche irrémédiablement des artistes locaux, et du lien prononcé de leurs œuvres avec le fenua. Il se réapproprie la culture polynésienne et ancre ses dessins entre le réel polynésien et l’imaginaire : « J’essaie d’inviter le spectateur à travers un quotidien, comme de la pêche, pour montrer toutes les émotions qu’il y a derrière, explique-t-il. Il s’agit par exemple d’un pêcheur qui se bat pour sa vie. Comment le montrer à travers plus qu’une image ?« .

À cette question, il répond par l’utilisation de couleurs très vives et recherchées, « en fonction du mood sur lequel je veux travailler ». Le principal challenge étant de faire appel à la technique du couteau et de la peinture à l’huile…en version numérique. Il utilise des encres spécialisées ultrachrome, qui permettent l’impression de couleurs saturées depuis son ordinateur : « C’est ce qui rend mon travail riche en couleurs. Mais ça reste de l’encre. Il faut parfois repasser plusieurs fois derrière l’écran pour ajuster les valeurs« , détaille-t-il.

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Il aura tout de même fallu de la patience à Torea avant d’exposer ses toiles. Les premiers mois de son retour, ses parents l’aident à balayer ses doutes, jamais vraiment dissipés quand on veut vivre de son art. « Boosté » par les mots de son père qui lui répète à l’envi qu' »avec les capacités, il faut travailler« , décomplexé par la vente de ses premiers tableaux, il se dirige naturellement vers la Maison de la culture.

Les premiers pas devant le public sont, forcément, stressants : « La pression vient à partir du moment où beaucoup de personnes voient ce que tu as essayé de créer. Tu es un peu vulnérable à ce moment » souffle-t-il. Une amie m’a dit que les gens étaient venus la voir en pensant que c’était elle qui avait peint, parce qu’ils trouvaient mes tableaux très féminins« . Les retours sont positifs, mais Torea retient surtout les progrès qu’il lui reste à faire. « On m’a fait remarquer le manque de matière. On peut passer devant un tableau et se dire ‘mince, pourquoi la toile est plate ?’. J’essaie d’apporter de la texture, du relief« .

Au vernissage, Moana Louis dit Blackstone, photographe, et A’amu, portraitiste sont venus lui prodiguer quelques conseils et l’encourager dans ses débuts. « Je prends énormément de photos, je me suis référencé sur les diverses légendes polynésiennes pour m’inspirer. De là part la création. J’en apprends toujours plus sur la culture polynésienne« , confie l’artiste, dont l’évolution est marquée, entre les premiers tableaux très synthétiques et les plus récents, nuancés.

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Au delà de cette première exposition, Torea a d’autres idées, notamment « un court métrage pour transmettre les légendes polynésiennes, que l’on a tendance à perdre aujourd’hui« . Une façon pour lui de retourner vers son premier amour, le cinéma d’animation, et de projeter à long terme. « C’est un travail qui prendrait 16 mois, précise-t-il, j’ai sélectionné les légendes pour chaque archipel. Reste à trouver un animateur à la hauteur ».

L’exposition se déroule à la salle Muriavai de la Maison de la culture du 14 au 18 Février.
Retrouvez le travail de Torea Falzowsi sur Local Bird et sur ArtStation.

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