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Entre inflation et pression fiscale, les classes moyennes prises en étau

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Entre inflation et pression fiscale, les classes moyennes polynésiennes prises en étau

Avec une inflation à plus de 8%, le niveau de vie des classes moyennes a sensiblement baissé. En Polynésie, ces travailleurs représentent près des deux tiers de la population. Du côté des salariés, ils sont près de 25 000 à gagner entre 200 et 400 000 Fcfp selon l’ISPF. Ils sont en revanche plus de 49 000 à percevoir un salaire inférieur à la moyenne brute, soit moins de 330 000 Fcfp. Ce qui représente 72% du total des salariés.

Selon les syndicats de salariés, le préavis de grève déposé début mars mettait justement le doigt sur la situation des classes moyennes, et notamment des classes moyennes inférieures, susceptibles de glisser vers la précarité.

« Certains couples basculent même dans la précarité »

Patrick Galenon, président de la CSTP-FO

« Elles ont perdu beaucoup de pouvoir d’achat, insiste le secrétaire général de la CSTP-FO Patrick Galenon. 8% d’inflation c’est énorme » . Pour la frange « basse » de la classe moyenne, il est dorénavant « impossible d’acheter une maison ou un terrain », et Patrick Galenon estime « normal qu’on puisse se bagarrer pour qu’ils récupèrent un peu de pouvoir d’achat. Parce que certain couples et salariés basculent aujourd’hui dans la précarité. »

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L’inflation « un mécanisme mondial »

Mais du côté des patrons, impossible de suivre une inflation « exogène » sur l’ensemble des salaires, au risque pour les entreprises de perdre en compétitivité et donc de disparaître.

« Aujourd’hui, le mécanisme est mondial. On dépend de ce qui se passe ailleurs, président du Medef Frédéric Dock. Que ce soit le choc du covid ou de la guerre en Ukraine, tout le monde a perdu quelque part du pouvoir d’achat, c’est le cas aussi des chefs d’entreprises et des entreprises en général, parce qu’elles n’ont pas pu répercuter toutes les hausses. L’ensemble des charges ont augmenté et il était évident qu’on sortirait de cette crise affaiblis » poursuit le responsable.

« La partie inférieure de la classe moyenne, elle le sent très très largement passer »

Florent Venayre, économiste à l’UPF

Aide alimentaire ou hausse du smig : si les foyers les plus modestes ont perçu des aides ciblées, les mesures anti-inflation du pays, comme le gel du prix des hydrocarbures, les exonérations de TVA ou de CPS, l’élargissement des PPN ou encore la baisse de 2 points de la cotisation maladie, ont concerné tout le monde. Les classes moyennes en revanche, sont plus nombreuses à contribuer à la protection sociale. « Ils ont pas grand chose comme aides par contre ils contribuent beaucoup à la protection sociale. La partie supérieure de la classe moyenne c’est moins douloureux pour elle évidemment, la partie inférieure par contre, elle le sent très très largement passer » commente l’économiste, Florent Venayre.

Le levier de l’emploi

Au-delà des cotisations sociales pour le financement de la PSG (protection sociale généralisée), les classes intermédiaires contribuent également à la CST (contribution de solidarité territoriale). « Ils sont mis à contribution par des impositions directes. En plus évidemment, ils vont avoir toute l’imposition indirecte qu’on a dans le pays, c’est-à-dire les taxes douanières, etc. qui se répercutent sur les prix de tout le monde, et donc sur ceux de la classe moyenne » précise l’économiste.

Mais il faut bien financer la PSG. Pour réduire la pression fiscale, l’économiste attire plutôt l’attention sur le levier de l’emploi afin de répartir l’effort sur un plus grand nombres de travailleurs. « On a un taux d’emploi qui n’est pas bon, de 53%, ce qui est extrêmement faible, à peine plus d’une personne sur deux en âge de travailler travaille, note-t-il. De fait la pression fiscale sur ces gens-là est assez largement différente selon qu’on travaille ou non, donc il ne faut pas plus que ça devienne désincitatif au travail ».

En Calédonie, le taux d’emploi atteint 56%, contre 67% en France et 77% en Nouvelle-Zélande.

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