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Transport maritime : les prix du fret inter-îles vont augmenter

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Sur les quais de Motu uta, le chargement des marchandises par bateau est le reflet de la vie des îles. Sans surprise, l’inflation générale se répercute sur l’activité. Pour maintenir un service de qualité et des rotations suffisantes, dans un secteur très réglementé, les transporteurs maritimes ont fait leur calcul. Entre les charges de la masse salariale, l’indice des prix et surtout les coûts du carburant, il n’y pas d’autre choix que d’augmenter le prix du fret.

Président de la confédération des armateurs, Philippe Wong se montre fataliste : « Le carburant est le deuxième poste de charge le plus important dans nos sociétés maritimes, juste après la masse salariale. On a eu une première augmentation en février, puis une deuxième augmentation en juillet, et là le coût n’est plus supportable du tout. Pour respecter les équilibres économiques, il faut absolument qu’il y ait une augmentation des tarifs ».

(Crédit Photo : Tahiti Nui Télévision)

Plus de 700 millions de charges pour le secteur sur 12 mois

Par un calcul, la commission d’examen des tarifs propose de vérifier qu’elle a le taux d’ajustement nécessaire. Une formule composée de la masse salariale, du carburant, et des charges externes permet de calculer l’ajustement. Et le résultat, c’est une augmentation de 8% des prix du fret.

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« Je sais que ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les consommateurs. En tant qu’opérateurs, nous suivons ça de très près, puisqu’on transporte du consommable. Il ne faut pas non plus qu’une augmentation des tarifs impacte sur la diminution d’une consommation, continue Philippe Wong. On ne pourra jamais construire une autoroute Papeete – Australes – Gambier – Marquises, ou Îles Sous-le-Vent. Cet éloignement implique forcément un surcoût. Mais on ne peut pas continuer à tenir plus, parce que l’impact c’est 60 millions de charges en plus pour le secteur. Sur 12 mois, c’est plus de 700 millions, c’est complètement impossible de tenir la route comme ça ».

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Dans ce cas, les marges de manœuvre sont minces. Impossible d’actionner le levier de la masse salariale si les salaires se maintiennent, idem pour les prix du carburant qui sont déterminés par le gouvernement, ce dernier ayant selon M. Wong la possibilité de solutionner ou au contraire rendre plus difficile l’équilibre des comptes. « On doit faire face à des tâches de maintenance, faire venir des pièces détachées, et donc importer de l’inflation… Avec la COVID, bien souvent, les pièces détachées ne sont pas disponibles à moins de 5 mois. C’est un peu la catastrophe pour faire venir pour du dépannage ou des réparations, on paye vraiment au prix fort toute la maintenance ».

Selon la confédération des armateurs, l’augmentation serait de + 250 à 1500 Fcfp en moyenne pour un mètre cube de marchandises, selon la destination.

(Crédit Photo : Tahiti Nui Télévision)

Forcément, le fret pèsera dans le budget des foyers. Plus les îles sont éloignées, et plus le transport est cher. À noter que les produits de première nécessité, les fameux PPN, sont écartés de ce réajustement tarifaire. Ils représentent 25% des marchandises du chiffre d’affaires des transporteurs.

Sur les quais, les usagers ne sont pas vraiment surpris d’apprendre que le coût du fret risque d’augmenter très prochainement. La conjoncture internationale se répercute à l’échelle locale. Consommateur, Elia Manarani envoie des marchandises vers Tahaa : « Je ne change pas mes habitudes, je vais envoyer ce que je dois envoyer. Pour le moment le fret est encore abordable avec l’avion. Si ça augmente, on va s’adapter, on ne peut pas faire autrement. On envoie, et on subit, comme tout le monde ».

La commission d’examen des tarifs maritimes inter insulaires se réunira jeudi. Les armateurs et le Pays devront s’accorder pour que cette revalorisation ne soit pas trop lourde à supporter par les habitants des îles.

(Crédit Photo : Tahiti Nui Télévision)
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