Tetiaroa, ses plages de sable fin, sa faune et sa flore préservées inspirant à Marlon Brando ses idées les plus folles... et son océan à découvrir. Le président de la Tetiaroa Society Richard Bailey s’apprête à en sonder les profondeurs, plus précisément la zone mésopélagique de l’atoll – entre 200 et 1000 mètres de profondeurs – , là où la lumière commence à disparaître, à l’aide d’un sous-marin.
« Avant de commencer à façonner une politique par rapport à l’exploration ou l’exploitation des fonds marins, il faut savoir de quoi on parle, avance-t-il. Et on n’a juste pas du tout de connaissances, pas assez de connaissances sur les grandes profondeurs de la mer pour commencer à imaginer ce qu’on pourrait y faire » .
Le sous-marin (ci-dessus) permettra d’embarquer à son bord trois personnes – deux passagers et un pilote. Équipé pour des missions d’observation de 8 heures, il sera mis à disposition des océanographes et chercheurs. Deux engins sont en cours de construction en Californie. « Notre idée, c’est de rendre beaucoup plus accessible logistiquement et financièrement cette zone qui contient une biomasse très diverse et très importante dont nous ne connaissons presque rien » , ajoute Richard Bailey.
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La zone contient pourtant 80% de la biomasse. Ambitieux, le projet sera présenté lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan, prévu en juin prochain à Nice. « Nous imaginons que la Polynésie a la compétence et la passion pour devenir vraiment un centre d’excellence et un centre de connaissances dans le Pacifique, dans le monde » , conclut Richard Bailey.
Tetiaora est aussi un lieu de prédilection pour les tortues marines. Sur une plage de 20 mètres, 10 sites de ponte ont été recensés par l’association Te Mana O Te Moana, indique sa présidente Cécile Gaspar.
« L’an dernier, on a vraiment eu l’année record sur les 18 ans avec 1400 montées de tortues et plus de 550 nids. Ce qui veut dire que c’était une année où ces femelles-là étaient très nombreuses et que dans 4 à 6 ans, on va de nouveau avoir une année très élevée » , prédit-elle.
46 000 bébés tortues sont nés l’an dernier sur Tetiaroa. Si leur taux de survie reste très faible une fois dans l’océan, ces programmes de protection, de recensement et de conservation sont essentiels. De même que la formation des référents dans les îles et à l’échelle du Pacifique sud pour compléter les données. « On aimerait homogénéiser la collecte de données et voir si on a la même influence de la température, de l’érosion des plages ou éventuellement des changements de comportement des tortues par rapport à la raréfaction de leur nourriture dans les océans puisque, dans le cadre des changements climatiques, tout change. Et en fait, on est en train d’étudier ce qui se passe » , conclut Cécile Gaspar.
Au côté de ces associations, l’État s’est engagé pour préparer la conférence des nations Unies sur l’océan. Avec le soutien du Fonds vert, l’atoll a lancé son programme de lutte contre l’érosion du littoral.