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Dans le coco, tout est bon, rien n’est à jeter


Dans le monde, chaque année, des millions de coques de coco sont traitées comme déchets ou terminent brûlées. Une combustion responsable d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Pourtant, dans le coco, tout est bon, et rien n’est à jeter. De la fabrication des maisons, en passant par les bijoux, les pirogues ou même les bols, les noix de coco ne sont pas que comestibles et ne servent pas qu’en cosmétologie. En Polynésie, elles sont principalement utilisées en coprahculture : c’est la récolte de la chair de coco séchée pour en faire de l’huile. Le reste du coco est ensuite brûlé, ou broyé et utilisé comme compost.

« On ne valorise pas assez nos cocotiers »

Eriata Tefafano, co-fondateur de Au’a Tahiti

Aujourd’hui, ils sont plusieurs au fenua à leur redonner une seconde vie. Une jeune société a souhaité valoriser de manière artisanale les coques destinées à être jetées. « La population première dans les îles des Tuamotu, c’est la pollution des contenants en plastique à usage unique, comme les barquettes et les gobelets en plastique. (…) On ne voulait pas éliminer, mais plutôt limiter le gaspillage des noix de coco. C’est un trésor qui renferme beaucoup de valeurs, mais qui est malheureusement très peu exploité en Polynésie » explique Eriata Tefafano, co-fondateur et co-gérant de Au’a Tahiti. « On ne valorise pas assez nos cocotiers et on ne renouvelle pas assez notre cocoteraie » déplore-t-il.

Pour un mode de vie plus « cocoresponsable »

Partant du constat que les noix de coco représentaient une ressource pas suffisamment exploitée et trop gaspillée, il a donc eu l’idée de transformer les coques en des objets du quotidien afin de lutter contre la pollution. Différentes noix sont utilisées pour la fabrication de bols, notamment les cocos « femelles » qui ont un fond plat. Au début, si la société récupérait les noix de coco de la coopérative de Arue, elle a par la suite préféré faire une « chaîne fermée » et se fournir en coco dans les îles afin de les faire travailler et contribuer au projet : « On travaille avec un producteur de lait de coco et un fournisseur de coco de Huahine. On rachète les noix de coco à Huahine. On les récupère, on les prédécoupe. On les envoie à un producteur de lait de coco qui utilise la chair et l’eau de coco. Et il nous ramène les noix pour qu’on puisse à notre tour boucler la chaîne et faire les bols. La bourre de coco est elle stockée chez nous pour notre fa’a’a’pu ».

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Pour précision, lorsque l’on coupe une noix de coco, l’une des moitiés est trouée, c’est là où il y a les yeux du coco. Si on ne peut pas l’utiliser pour un bol, on peut s’en servir pour mettre du savon ou des bougies.

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Des ateliers d’immersion, de partage, ouverts à tous, sont également régulièrement organisés pour mieux connaître le coco. Certains sont en reo Tahiti en partenariat avec la start-up Speak Parau Parau Tahiti. Car bien qu’ils nous entourent au quotidien, on ne sait pas forcément comment, par exemple, cueillir les noix de coco, les décortiquer, les râper ou les transformer en bol. « Les participants voient que c’est compliqué, finalement, de faire un bol en coco, mais ils voient aussi qu’avec de la volonté, ça peut le faire. (…) J’attends des participants qu’ils repartent avec un autre point de vue des noix de coco » indique Eriata. Environ 3 heures sont nécessaires en tout pour transformer une coque de coco en bol.

L’entreprise créée il y a un peu plus de deux ans entend faire plus tard des ateliers au sein des établissements scolaires du fenua afin de sensibiliser la jeunesse à toutes les richesses que renferme cette ressource locale.

La journée mondiale du cocotier est célébrée le 2 septembre. Pour l’occasion, l’Huilerie de Tahiti a organisé une journée portes ouvertes où toutes les étapes de la transformation de la noix de coco, du broyage au filtrage, sont expliquées.

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