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Des emballages qui ont la banane made in fenua

(Crédit photo : Nicolas Perez / TNTV)

Des emballages qui ont la banane made in fenua


Après plus d’un an de recherches, Ayana Champot et Ioteve Mendiola ont lancé il y a un peu moins d’un mois Biobase. La société commercialise des sacs en fibres de bananiers. Si ces emballages plus respectueux de l’environnement existent déjà dans d’autres pays comme en Afrique, le procédé de réalisation reste encore bien gardé. Après plusieurs tests avec des fibres de coco, d’ananas ou encore de cannes à sucre, c’est finalement la fibre de bananier qui l’emporte : « La fibre de bananier m’a donné les meilleurs résultats aujourd’hui. L’avantage de cette fibre, c’est qu’elle a beaucoup d’eau et de glucose, ce qui sert de lien entre les fibres, mais je pourrai utiliser d’autres fibres plus tard » précise Ayana Champot, la fondatrice de Biobase.

« J’encourage les jeunes à faire ce genre de choses et à se lancer, c’est bénéfique pour le fenua. »

Ayana Champot, fondatrice de Biobase

Originaire de Moorea, c’est en ramassant malheureusement trop régulièrement des déchets sur la plage que l’idée lui est venue : « Je me suis demandée pourquoi on avait autant de déchets en plastique et si on ne pouvait pas trouver une alternative avec des emballages locaux et écologiques. On s’est dit qu’on allait essayer de les faire nous. À partir du moment où tu trouves un problème et que tu as envie d’y répondre, il ne faut pas attendre que la solution vienne des autres. Il faut aller chercher les connaissances, faire des expériences et se lancer. Même si au début personne n’y croit autour de toi. Il ne faut pas hésiter, et au moins essayer ».

En Polynésie, il n’existe encore aucun producteur d’emballages locaux (réalisés localement et avec des matières locales) et écologiques. Ces sacs en fibres de bananiers représentent donc une réelle alternative aux emballages importés tout en étant biodégradables, résistants, personnalisables et réutilisables.

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Avec son compagnon, Ioteve Mendiola, Ayana se consacre alors pendant un an à trouver la recette parfaite pour ses sacs. « Mes études d’origine (des études de commerce, NDLR) n’ont rien à voir avec le côté scientifique du projet, donc j’ai vraiment dû faire des milliers d’expériences pour confirmer nos hypothèses, et arriver à ce procédé qui reste encore aujourd’hui très artisanal et long. Nos coûts de production restent élevés tout comme le produit, mais le but, c’est que cela devienne à terme accessible à tout type d’entrepreneurs afin qu’ils arrêtent d’utiliser des sacs importés ».

Une solution d’économie circulaire

Pour sa matière première, le jeune couple se fournit auprès d’une agricultrice qui possède un grand fa’a’apu de bananiers. Une façon de valoriser des ressources locales jusqu’ici délaissées : « On valorise leurs déchets en les rachetant, et ça les (les agriculteurs, NDLR) motive à vraiment nous suivre, car normalement, ils jettent ces déchets » précise Ioteve.

« C’est une force pour nous d’être en couple sur ce projet, on s’encourage mutuellement. »

Ioteve Mendiola, directeur de production

Tout comme Ayana, le jeune homme de 26 ans, opérateur géomètre depuis trois ans, a pour objectif de se lancer dans l’aventure à temps plein. Il attend encore l’aide de l’ICRA pour pouvoir acheter des machines, optimiser le processus de fabrication, réduire les coûts et surtout pouvoir répondre à la demande qui est grandissante. « C’est un projet utile, pour l’environnement, c’est un petit rêve qu’on vit ! On a plein de commandes. On ne s’attendait pas à un tel engouement, et on a du mal à répondre à la demande ! » confie-t-il.

Si pour le moment, la colle utilisée pour les sacs est industrielle, Ayana et Ioteve espèrent utiliser prochainement de la colle de poissons qu’ils fabriqueraient localement. Ils aimeraient aussi, à terme, avoir un local dédié, créer de l’emploi local et embaucher un biochimiste : « pour nos expériences et l’amélioration de nos produits ». Ils souhaiteraient aussi développer leur gamme en faisant d’autres emballages comme des boîtes à bijoux ou encore des boîtes alimentaires, qui ne seraient donc pas hydrosolubles, mais étanches à l’eau.

Les deux écocitoyens, engagés pour leur fenua, sont conscients que chaque petit pas compte et qu’une prise de conscience environnementale émerge de plus en plus : « Avant, on voyait beaucoup plus de gens jeter les déchets sur la route, sans scrupule. On dirait que les habitudes changent un peu aujourd’hui » admet Ayana. « Notre terre, c’est notre richesse, c’est elle qui nous fait vivre. Notre ambition est de remplacer le pastique par notre produit et réduire les importations d’emballages biodégradables » conclut Ioteve.

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