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Économie bleue : « il faut travailler avec ce qui est localement disponible » estime Günter Pauli

Economie bleue : "il faut travailler avec ce qui est localement disponible" estime Günter Pauli

Vous voulez ouvrir une fondation dans le bassin pacifique et basée en Polynésie. De quoi s’agit-il exactement ?
« Nous avons tous à faire face à des crises. Ce confinement et la covid ont causé la destruction de ce modèle économique que je considère être un modèle économique du passé. Et c’est la raison pour laquelle je souhaite être dans des régions qui sont à la périphérie du monde. Dans cette périphérie on va trouver les opportunités qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs. Et ces opportunités, on souhaite les rassembler dans un portefeuille afin que surtout les jeunes, s’imaginent un grand futur dans leurs territoires. »

« On ne pêche pas avec des filets ni des lignes, mais avec des bulles d’air. On pêche comme le font les dauphins et les baleines, avec les bulles d’air nous poussons les poissons vers la surface.« 

Quelles opportunités justement ?
« Nous sommes dans une région qui est quand même entourée d’eau. (…) C’est pour ça que l’économie bleue est vraiment au centre. Je vous donne un exemple concret qu’on est en train de réaliser dans l’océan atlantique. On fait la pêche avec des bulles d’air… On ne pêche pas avec des filets ni des lignes, mais avec des bulles d’air. On pêche comme le font les dauphins et les baleines, avec les bulles d’air nous poussons les poissons vers la surface, et là on peut faire le tri entre les femelles avec des oeufs et les mâles. Et cette technique a déjà fait ses preuves en Espagne sur une petite ile qui s’appelle El Hierro. Et cette expérience nous permet de doubler en une année de doubler le stock des poissons seulement en conservant la vie des femelles avec des oeufs. (…) »

Est-ce que ce style de pêche est possible en Polynésie ?
« Bien entendu ! Dès le moment que vous avez une côte vous avez cette possibilité. Dès le moment que vous avez aussi des algues ça vous aide beaucoup. Les algues en général sont une sorte de refuge pour les jeunes poissons (…) Nous avons par exemple en Namibie déjà développé cette culture d’algues. Les algues sont un refuge pour les jeunes poissons mais en même temps on fait la recollecte des algues pour en faire du biogaz et des engrais. On a de multiples revenus, de multiples postes de travail à créer et c’est vraiment ce que nous souhaitons exposer ici dans la région. »

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« La levure aujourd’hui qui est utilisée par la Brasserie, elle est importée. Il y a probablement 300 à 500 variétés de levures dans vos montagnes. »

Quels seront les points clef de vos deux conférences en Polynésie ?
« Les deux conférences ne seront pas les mêmes. je vais m’ajuster à l’auditoire. Mais un premier grand point, c’est que comme vous êtes dans la périphérie, ça m’a pris quand même un peu de temps pour arriver même avec des vols directs. Vous êtes dans la périphérie, mais dans la périphérie, il est beaucoup plus facile d’innover et de changer des modèles d’affaire. (…) Vous êtes dans la périphérie, vous avez les opportunités. Deuxièmement : il faut travailler avec ce que vous avez localement de disponible. (…) Aujourd’hui nous étions en train de regarder la montagne, la forêt, et je posais la question aux élus ‘qu’est-ce que vous voyez là qu’on pourrait développer ?’ Et tout le monde pense au bois. J’ai dit ‘non, la levure’. (…) Sans levure, il n’y a pas de bière, il n’y a pas de pain, pas de yahourt, pas de kimchi. La levure aujourd’hui qui est utilisée par la Brasserie, elle est importée. Il y a probablement 300 à 500 variétés de levures dans vos montagnes. C’est du travail, de la recherche développement.

« Si la Polynésie veut faire de la concurrence sur un modèle que je crois être du passé, c’est-à-dire être moins cher que les autres, je vous souhaite bonne chance. Ça ne fonctionne pas. »

Alors premièrement la périphérie, deuxièmement chercher les opportunités avec ce que vous avez, et trois : changer le modèle d’affaires. Si la Polynésie veut faire de la concurrence sur un modèle que je crois être du passé, c’est-à-dire être moins cher que les autres, je vous souhaite bonne chance. Ça ne fonctionne pas. On ne peut pas concurrencer le Bangladesh ou la Chine. Ils seront toujours meilleurs marché. Sauf si on fait une destruction du tissu social et si on ne tient pas compte de l’environnement. Quelle est l’alternative ? J’exposerai les alternatives avec plus de 200 projets déjà réalisés qui nous permettent de faire preuve. (…) »

PRATIQUE

Conférences « Transformer la Polynésie française par l’économie verte et bleue »
29 novembre et 1er décembre
Amphithéâtre de la CCISM

Billetterie ICI

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