Quasiment l’ensemble de la Polynésie a été placé en vigilance orange et rouge mercredi, en raison de la forte houle. À Tahiti, en vigilance rouge, plusieurs habitations à Teahupoo ou encore Papeari ont été sous les eaux dans la nuit de mercredi à jeudi. Plusieurs dizaines de familles auraient été touchées, selon un premier bilan. « Dans les îles, nous sommes à peu près dans la même situation, en particulier aux Tuamotu » a déclaré le vice-président Jean-Christophe Bouissou, après le conseil des ministres extraordinaire qui s’est tenu ce vendredi 15 juillet. Les dégâts occasionnés sur les infrastructures publiques se chiffreraient à des centaines de millions de Fcfp. 7 aérodromes ont d’ailleurs été fermés par mesure de sécurité, mais ils n’ont pas été endommagés. « Nos équipes sont sur le terrain, que ce soit au niveau de l’équipement, de l’OPH, des affaires sociales. (…) Ils ont déjà remonté des premiers éléments, et nous faisons aujourd’hui appel à ceux qui n’auraient pas encore vu nos agents, qu’ils se rapprochent de leur commune, car on travaille en partenariat avec les communes, afin d’agir ensemble sur ses problématiques » a déclaré René Temeharo, ministre des Grants travaux.
Certaines zones , -qui seront bientôt définies- vont ainsi être placées en état de calamité naturelle. Un premier inventaire des dégâts occasionnés par cette houle exceptionnelle est en cours d’élaboration avec les communes et les Tavana, avec les circonscriptions administratives et les Tavana Hau du Pays, avec la direction de l’Équipement, ainsi que les équipes de l’OPH et de la DSFE. Il est toutefois encore trop tôt pour quantifier les dégâts et pour estimer leur coût.
L’arrêté pris aujourd’hui par le conseil des ministres ouvre la porte au recensement des dégâts, puis à la mise en œuvre des fonds permettant l’indemnisation. Dès lundi, une première tranche de crédits sera débloquée.
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La déclaration d’état de calamité naturelle permet au Pays de déployer des crédits au titre des dépenses imprévues (qui permettent de faire face aux dépenses les plus urgentes à réaliser en cas de catastrophe naturelle du Pays). Seules exigences prévues par les textes : la délimitation du secteur géographie et de la période visée par l’état de calamité naturelle en conseil des ministres. Cela permet donc aux dirigeants d’agir rapidement auprès des sinistrés, qu’il s’agisse de particuliers ou de professionnels. Cela peut-être sous forme d’aides (alimentaires, en matériaux, de remplacement de véhicules sinistrés, en construction d’un nouveau logement..), de subventions, mais aussi de travaux.
Aussi, l’arrêté 77 CM du 25/01/2017 institue une commission de recensement des sinistres et de répartition des secours, qui en plus d’être en charge de répertorier les dommages causés aux habitations et permettant sous condition l’octroi des aides, est également chargée de valider les inventaires des biens mobiliers endommagés, détruits ou disparus. Sur la base de cet inventaire, des aides peuvent être octroyées pour renouveler les mobiliers. Cette commission se prononce également sur les aides pouvant être octroyées aux agriculteurs pour les dommages causés aux exploitation agricoles, d’élevage et forestières. Enfin, la commission peut éventuellement se prononcer sur les dommages causés aux commerces de proximité, restaurants et petites entreprises.
Pour précision, aucun régime assurantiel des catastrophes naturelles n’est applicable en Polynésie française actuellement.
« Sur le plan du mobilier, nous comptons aussi sur la solidarité nationale. Que l’État prenne en charge la couverture des dépenses liées aux mobiliers à l’intérieur des logements, comme ça a été le cas par le passé. Et pour les prises en charge par la solidarité territoriale, sur les matelas, le remplacement des réfrigérateurs etc. c’est quelque chose que nous envisageons également » a expliqué le vice-président du Pays. Pour la reconstruction des logements : « Une commission va rapidement se mettre en place, dès la semaine prochaine. Pour effectuer les constations et prendre les décisions qu’il faut, sachant que nous avons une ligne de crédit au niveau du budget pour les dépenses imprévues qui peuvent intervenir » ajoute-t-il. Pour les « maisons modérément touchées », elles pourront faire l’objet d’aides en matériaux a par ailleurs précisé Bouissou.
« On ne va pas passer toute une vie à reconstruire »
Jean-Christophe Bouissou, vice-président de la Polynésie
Les dossiers seront traités et analysés au cas par cas. Le vice-président a rappelé que les logements reconstruits seraient suivis de près : « Si on on construit à 2 mètres de la plage, il serait malheureux que l’on vienne à reconstruire dans les mêmes conditions. Cela veut dire que nous allons regarder de près l’application des plans de prévention des risques naturels et des zonages effectués, notamment les zones rouges. Nous avons souvent été critiqués sur le fait que des PPR existent. On voit bien aujourd’hui que ces gens qui construisent sans permis de construire et sans même regarder s’il y a des risques, mettent en danger leur famille… Il faut donc qu’on les aide, qu’on les accompagne, en reconstruisant, soit, à des endroits sur leur terrain, mais avec des logements appropriés, comme des pilotis. Il faut construire à plus d’1,5 mètre de hauteur, comme ça, si cela se reproduit demain, que les eaux ne viennent pas détruire une nouvelle fois les maisons. On ne va pas passer toute une vie à reconstruire ».
Pour rappel, le dernier état de calamité naturelle déclaré remonte aux 13 et 14 janvier derniers, lorsque d’importantes pluies s’étaient abattues aux îles Sous-le-Vent et aux îles du Vent.