Site à la pointe de l’aquaculture à l’échelle internationale, le centre aquacole de Vairao, berceau mondial de l’élevage de la crevette dans les années 70, est un espace de recherche appliquée qui ne cesse de se démarquer. « On peut parler de la reproduction d’une espèce d’holothurie à mamelles blanches localement comme d’une première mondiale. La maitrise de la reproduction d’une espèce de poisson qui n’est fait quasiment qu’en Polynésie comme le Paraha Pehue, est aujourd’hui reconnue mondialement. Effectivement, un savoir-faire est sollicité à l’extérieur, mais on sait aussi valoriser le savoir-faire local » indique Moana Maamaatuaiahutapu, responsable des programmes aquacoles à la DRM.
Un savoir-faire unique, fruit d’une collaboration public/privé orchestrée au quotidien par la Direction des ressources marines (DRM). Réunie cette semaine en séminaire sur l’aquaculture polynésienne au bénéfice de plusieurs institutions et porteurs de projets du territoire, la DRM a mis à l’honneur les acteurs de ce centre aquacole. Parmi eux, la coopérative des aquaculteurs de Polynésie. Des entreprises qui, sans l’expertise de la DRM et de l’IFREMER, ne pourraient pérenniser leurs activités. « Les programmes de recherche sont indispensables pour l’émergence de ces filières. Il peut aussi y avoir des émergences par le privé, comme c’est le cas actuellement pour le rori. Mais en tous les cas, il y a un appui nécessaire dans la vie des filières en cas d’apparitions de problèmes techniques, de pathologies etc. sur les productions » explique Benoit Le Maréchal, président de la coopérative des Aquaculteurs de Polynésie.
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Aujourd’hui, grâce à cette collaboration, ces professionnels ont des objectifs clairs, notamment pour la production de crevettes. Sur 500 tonnes de crustacés consommés annuellement en Polynésie, la filière locale en produit 150, mais envisage d’accélérer la cadence : « Les débouchés sont là, c’est indéniable. Ce n’est pas un problème de commercialisation. On a essentiellement des problèmes dans la production. Sur la crevette, c’est un peu particulier, on n’a pas de problème technique à proprement parler, mais c’est plutôt un problème de foncier et de développement des infrastructures pour la production. Pour ça, il y a la zone bio-marine de Faratea qui va répondre à ce problème-là, ainsi que l’agrandissement des écloseries ».
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La cinquantaine de convives ont ainsi pu découvrir les divers projets en développement : la culture de la Saccostrea cucullata, huitre de bouche originaire des iles Sous-le-Vent, les fameux Paraha Peue ou encore des algues consommables. Rosina Teaka, aquacultrice sur l’atoll de Reiao aux Tuamotu et spécialisée dans le bénitier, a notamment été sensible aux vertus du Rori à mamelles blanches : « Cette espèce n’est pas commercialisée, donc elle n’a pas vraiment de valeur commerciale, mais elle a une valeur pour nettoyer notre lagon ».
Soutenue depuis des décennies par des fonds publics, l’aquaculture polynésienne peut compter sur le soutien indéfectible du Pays, comme l’a affirmé Charles Fong Loy, représentant et président de la commission des ressources marines, des mines et de la recherche de l’Assemblée de Polynésie.
Le secteur de l’aquaculture en Polynésie devrait entrer dans une autre dimension dès 2024 avec la création de la zone bio-marine de Faratea de 35 hectares. Un espace de production XXL qui pourrait générer un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de Fcfp et créer près de 200 emplois directs et indirects.