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Les îles Cook explorent leurs fonds marins en vue d’une exploitation minière

Des milliers de tonnes de métaux, comme cette bille de cobalt, reposent au fond des eaux territoriales des Îles Cook - Photo : Mike Leyral

Les îles Cook explorent leurs fonds marins en vue d’une exploitation minière

L’avenir se cache-t-il au fond de nos océans ? Les ressources tapies dans les fonds marins excitent les convoitises, partout en Océanie. Pour la première fois, nos voisins des Îles Cook ont lancé cette année des campagnes d’exploration. Leurs eaux abritent d’importantes quantités de cobalt, mais aussi de cuivre, de nickel et de manganèse. Ces métaux servent dans la construction des téléphones portables, des batteries, et de nombreux appareils de grande consommation. Or, ils commencent à manquer sur terre.

Comme d’autres pays d’Océanie, les îles Cook veulent donc affiner leur connaissance des richesses du fond de leur océan. Elles ont accordé, pour cinq ans, un permis d’exploration à une société américaine et deux européennes.

« Nous avons accordé des licences d’exploration à ces trois compagnies, et l’investissement, le risque, ce sont elles qui le prennent : elles doivent réaliser ces recherches et nous démontrer, à nous, le gouvernement, qu’elles peuvent réaliser les extractions de nodules en toute sécurité, sans dommages sur l’environnement. Si elles ne peuvent pas le démontrer, nous ne les autoriserons pas à passer à l’étape suivante » a expliqué Alex Herman, la Directrice de l’Autorité des Mines sous-marines aux Îles Cook.

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Quelques-unes des ressources recueillies, pour l’instant de manière expérimentales, dans les eaux des Îles Cook – Photo : Mike Leyral

Une association de Rarotonga, spécialisée dans la protection des océans, est fermement opposée à un début de collecte dans 5 ans. Avec ses petits moyens, Te Ipukarea Society a du mal à s’élever contre le gouvernement ou des poids lourds de l’énergie. Mais pour elle, le rôle de l’océan dans l’équilibre de la Planète est trop essentiel pour risquer de le perturber. L’association demande au moins dix ans de recherches avant de débuter la collecte.

« La technologie que nous avons pu voir dans les prototypes est une grosse machine posée au sol, qui ne permet pas d’extraire seulement les nodules : elle ramasse tout ce qui est au fond des océans et tout ce qui peut y vivre » s’inquiète Alanna Smith, la présidente de Te Ipukarea Society. C’est pourquoi nous pensons que la technologie de collecte est loin d’être aboutie, à la fois pour ramasser assez de nodules pour devenir rentable, et pour limiter les dommages causés à l’environnement ».

Le gouvernement, lui, affiche une confiance prudente. Il veut diversifier son économie tout en préservant l’environnement, mais aussi garder la main sur ses ressources minières face aux appétits des grandes compagnies.

Mark Brown, premier ministre des Îles Cook – Photo : Mike Leyral

« Les ressources dont nous disposons appartiennent toutes aux Îles Cook. Toutes les informations, toutes les données collectées pendant la période d’exploration : cela aussi appartient aux Îles Cook. Ce sera notre pays qui déterminera la façon dont nous choisirons d’utiliser ces données et avec qui nous choisirons de nous engager » rassure Mark Brown, le premier ministre des Îles Cook, également chargé des ressources minières.

« Nous n’avons pas encore déterminé de quelle manière les bénéfices seront partagés » reconnaît-il. Mais nous avons déjà établi une fiscalité qui assure aux Îles Cook d’obtenir une part des bénéfices qui pourront être réalisés. Nous sommes en train de créer un fonds souverain, pour que les profits bénéficient à notre population et aux générations futures. Pour l’instant, on détermine les coûts et ensuite, on déterminera de quelle manière les bénéfices des extractions seront répartis« .

Si la richesse minière des fonds marins est connue depuis les années 70, elle est encore peu exploitée. Jusqu’ici, elle était inaccessible, ou trop chère à collecter. Mais après deux décennies de recherches, un peu partout dans le monde, le rêve des industriels devient possible.

« Les technologies existent déjà. Dès demain, quelqu’un pourrait venir et collecter des nodules. Mais le véritable défi des compagnies, c’est : comment réaliser cette collecte en réalisant des bénéfices, tout en évitant de dégrader notre environnement » prévient Alex Herman.

A ces profondeurs de plusieurs kilomètres sous la surface, il n’y a pas un bruit, ni la moindre lumière. Les essais ont montré que le fond de l’océan pouvait être perturbé à plusieurs kilomètres autour de la zone de ramassage. Pour le moment, la Polynésie française a dit non. Les Cook, eux, ont dit peut-être.

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