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Nos coraux à l’agonie

Photo d'illustration (Crédit : archives TNTV)

Nos coraux sont-ils voués à disparaître ? Ils vivent en tous les cas une époque charnière de leur longue et riche existence. Le réchauffement climatique, de plus en plus marqué, engendre une hausse des températures des eaux et de l’acidité, qui leur est particulièrement néfaste.

Dans l’archipel de la Société, les coraux s’étaient pourtant très bien remis d’une invasion de taramea il y a une dizaine d’années. Mais en quelques mois, courant 2019, un épisode marqué de hausse des températures les a décimés. Comme l’a constaté Laetitia Hédouin, chercheuse au CNRS qui travaille de longue date sur le sujet.

« Le réchauffement a été trop long, trop intense et du coup les coraux blanchissent. Il y a une grosse partie qui est morte. On a eu 40% à peu près de mortalité, explique-t-elle. Le corail, c’est un animal. Il se reproduit de manière sexuée comme les animaux, comme nous. Et notamment il est très fragile face au réchauffement climatique. »

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Et leur disparition aurait de lourdes conséquences pour le fenua. Elle provoquerait une raréfaction de la faune marine, donc moins de nourriture pour les populations locales. Mais aussi moins de touristes, faute de luxuriants fonds marins. Sans oublier que sans récif, les littoraux seraient impactés par la houle. 

« Si le récif corallien n’était pas là tout autour de l’île, ces vagues, cette puissance rentrerait dans le lagon et viendrait accentuer l’érosion du littoral qu’on connaît déjà, poursuit la scientifique. C’est nécessaire d’avoir un récif corallien en bonne santé pour permettre de bien vivre sur une île, de vivre correctement. »

(crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Les scientifiques ne cessent donc de tirer la sonnette d’alarme. Et si replanter des spécimens de coraux plus résistants peut être une solution, encore faut-il que leur milieu se prête à leur survie. 

« Ce sont des actions qui nous permettent de gagner du temps, indique Laetitia. Mais elles doivent être accompagnées d’un changement radical de nos modes de vie, de nos modes de consommation, d’alimentation, de déplacement. Parce que le gros problème des récifs coralliens aujourd’hui, c’est le réchauffement et finalement c’est la quantité de gaz à effet de serre qu’on va rejeter dans l’atmosphère. C’est soit on décide de faire des efforts pour vraiment préserver les récifs coralliens, soit on considère que c’est pas grave, on pourrait vivre sans eux. Mais si on décide de vivre sans les récifs coralliens, ça veut aussi dire qu’on décide de vivre sans toute une partie de la biodiversité de la planète. Parce que les récifs coralliens ne sont qu’un reflet de la biodiversité sur la terre. »

Mais pour la scientifique, populations et pouvoirs publics n’ont toujours pas pris la mesure de ce qui se joue aujourd’hui.

« On parle de grandes mesures qui vont être prises pour limiter les gaz à effet de serre et on voit que ça avance beaucoup trop lentement et que les actions sont trop lentes à être mises en place, déplore la chercheuse au CNRS. Je suis un peu pessimiste, mais je garde un peu d’espoir. »

Selon une étude de l’Unesco publiée en 2018, les récifs coralliens pourrait être amenés à disparaître d’ici à peine 30 ans.

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