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Rapport spécial du GIEC : pour préserver alimentation et climat, il faut agir vite

(Crédit photo : Pixabay / 3D_Maennchen)

Les humains ont dégradé un quart des terres émergées – érosion des sols, désertification, déforestation, perte de biodiversité… – et le changement climatique accentue cette pression. Ce mélange explosif représente une menace pour la sécurité alimentaire d’une population grandissante, de près de 8 milliards d’individus.

Telles sont les conclusions majeures du rapport spécial du GIEC sur « le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres » dévoilé jeudi à Genève.

« La pression humaine sur les terres grandit, les terres font partie de la solution mais ne peuvent pas tout », a résumé devant la presse Debra Roberts, co-présidente du groupe des experts climat de l’ONU.

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Le système alimentaire dans son ensemble génère « jusqu’à un tiers de nos émissions » de gaz à effet de serre, a souligné Eduardo Calvo Buendia, co-président du GIEC.  Et des pratiques agricoles trop intensives peuvent appauvrir les sols.

Le temps est compté, alors que le réchauffement des terres émergées atteint déjà 1,53°C, le double de la hausse globale (océans compris), selon le rapport.

Une urbanisation galopante

Les risques d’instabilité en termes d’approvisionnement alimentaire pourraient être « très élevés » à 2°C, a expliqué Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du GIEC. 

Il faut agir vite, insiste le GIEC, qui énumère une série de mesures applicables à court terme, adaptées aux spécificités régionales. Des passages ont d’ailleurs été ajoutés à la synthèse de 65 pages pour les décideurs politiques, adoptée au terme de cinq jours de discussions entre les 195 pays membres, pour tenir compte du problème des villes et de l’urbanisation galopante.

On veut « réduire les émissions issues des terres le plus possible » mais sans oublier « l’autre part de l’équation : les émissions de gaz à effet de serre principalement issues du secteur de l’énergie », a insisté auprès de l’AFP Hoesung Lee, président du GIEC.

La marge est étroite si l’on veut à la fois contenir le réchauffement et ses effets dévastateurs sur les terres et nourrir convenablement une population, qui pourrait dépasser 11 milliards d’individus à la fin du siècle.

« Nous devons penser de manière beaucoup plus approfondie à la façon dont nous allons utiliser chaque hectare. Les terres doivent permettre de cultiver notre nourriture, fournir la biodiversité et l’eau douce, donner du travail à des milliards de personnes et capturer des milliards de tonnes de carbone », commente Piers Forster, professeur sur le changement climatique à l’université de Leeds.

Le GIEC a élaboré différents scénarios pour limiter le réchauffement à 1,5°C ou bien en dessous de 2°C par rapport à la période pré-industrielle. Ils incluent des mesures d’atténuation basées sur les terres et des changements d’usage, combinant boisement, reboisement, une déforestation réduite et des bioénergies.

Consommer moins de viande

Les scénarios nécessitant d’importantes conversions de terres (reboisement pour capturer du CO2, champs dédiés aux bioénergies…) pour lutter contre le réchauffement pourraient avoir « des effets secondaires indésirables » : désertification, dégradation des terres, insécurité alimentaire… Tout est une question d’échelle.

« Protéger et restaurer nos forêts » fait partie des « mesures incontournables et urgentes », pour Cécile Leuba, de Greenpeace France.

Pour le GIEC, des solutions existent du côté du système alimentaire et des habitudes de consommation. Actuellement, de « 25 à 30% de la production totale de nourriture est gaspillée », souligne-t-il, alors qu’environ 820 millions de personnes souffrent de la faim. 

Si dans les régions pauvres, l’apport en protéines animales est parfois insuffisant, dans les pays riches, il peut dépasser les recommandations nutritionnelles, avec 2 milliards d’adultes en surpoids ou obèses.

Le rapport souligne l’intérêt pour l’environnement et la santé de régimes moins riches en viande mais « le GIEC ne prescrit pas les régimes des gens », a insisté son co-président, Jim Skea.

« J’espère que ce rapport bénéficiera d’une attention médiatique encore plus grande que le précédent » et que chacun « réalise la signification » des conclusions du Giec, a réagi auprès de l’AFP la jeune militante suédoise Greta Thunberg, présente cette semaine à Lausanne pour un sommet des jeunes pour le climat et de passage à Genève.

Ce travail est le deuxième d’une série de trois « rapports spéciaux » du Giec, après celui de l’an dernier sur la possibilité de contenir le réchauffement à 1,5°C et avant celui sur les océans et la cryosphère (banquise, glaciers, calottes polaires) attendu fin septembre, au moment où l’ONU organisera un sommet sur le climat à New York.

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