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Transition énergétique : il faut « capter et stimuler les innovations » estime Hervé Mariton

Transition énergétique : il faut "capter et stimuler les innovations" estime Hervé Mariton

Vous êtes le président de la Fedom, la Fédération des entreprises d’outre-mer. Elle a été créée en 1986. Vous êtes à sa tête depuis 2021. Je souligne également que vous avez été un temps ministre des Outre-mer en 2007. Vous êtes actuellement en visite au fenua où vous avez entamé un cycle de séminaires sur la transition énergétique dans les Outrer-mer. Tout d’abord, est-ce qu’on peut faire un état des lieux de la transition énergétique ici en Polynésie ? Où est-ce qu’on se place par rapport à nos voisins du Pacifique ?
« Les choses sont engagées et bien engagées je trouve, pour préparer le séminaire que nous avons organisé ici avec la Chambre de commerce et le Medef, et au-delà, les acteurs économiques de Polynésie française. Nous avons commencé par regarder la programmation pluriannuelle de l’énergie. Avec un bilan actuel, une part d’énergie renouvellable au sein de la production électrique qui n’est pas négligeable du tout, et une ambition, à horizon 2030 qui est tout à fait importante et bienvenue. Au-delà de l’évolution du mix électrique, il faut envisager aussi l’évolution dans le domaine des transports. C’est plus compliqué, mais ce sujet est aussi abordé dans la programmation pluriannuelle de l’énergie. Donc je trouve qu’on est sur une base qui est tout à fait solide, avec en plus des innovations. On cite souvent, et pas seulement ici, aussi sur le plan national, sur le plan mondial, cette belle réalisation qu’est le Swac au CHPF. Ça, c’est quelque chose de tout à fait remarquable. Sur des équipement hôteliers aussi cela a été développé. Donc ces belles réalisations, il faut d’une part qu’elles continuent à prospérer sur le territoire, et puis qu’elles passent à la vitesse supérieure parce que cela peut être véritablement un exemple pour les autres. »

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La Polynésie est bonne élève jusqu’à présent (…) mais il y a encore du chemin à parcourir. Quels sont selon vous les blocages existants en Polynésie ?
« Il y a un enjeu de débat public, d’acceptation avec la population (…) Quand il s’agit de produire davantage en hydraulique, pour parler clair, des barrages, ce n’est pas simple. Ça a été très bien dit : il ne faut pas donner le sentiment d’avancer de manière masquée. C’est important d’avoir une stratégie, de dire où on va, de planifier les choses. Qu’il y ait une prévisibilité. Sur le plan national, le Président de la Républque a appelé ça la »planification écologique et énergétique ». On l’appelle comme on veut, mais il faut que ce soit fait de manière transparente avec la population. Il ne s’agit pas d’embobiner les gens. Il faut ensuite qu’il y ait une véritable stratégie sur le plan industriel et en terme de formation. Mais sur le plan de la formation en vérité, ça peut être extraordinaire parce qu’ici en Polynésie française comme ailleurs dans les outre-mer, on se pose souvent la question de savoir comment les jeunes formés avec leur formation, après leur formation, vont vouloir rester ici au fenua ou revenir. Comment attirer aussi des talents extérieurs ? Eh bien je pense qu’un sujet comme celui de la transition énergétique, c’est un beau sujet pour démontrer la modernité de l’économie locale et proposer aux jeunes des emplois de qualité dans des secteurs d’avenir. »

Et quelles seraient les solution pour une économie décarbonnée en Polynésie mis à part former la future génération ?
« Il faut des objectifs ambitieux, mais ils sont au rendez-vous et c’est une bonne chose. Il faut capter et stimuler les innovations. Il y en a ici sur le terrain et on peut aussi s’inspirer de bonnes idées venant d’ailleurs, mais ici me terrain est aussi capable d’exporter de bonnes idées. Il faut alors mobiliser des financements qui sont nécessaires, pour passer à la vitesse supérieure. Donc c’est l’investissement des acteurs ici qui ont à décarboner l’économie, à réussir la transition énergétique. Mais aussi favoriser l’investissement de ceux qui ont déjà trouvé un certain nombre de solutions, démultiplier sur le territoire, voire apporter ces idées ailleurs. »

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Inciter à l’investissement c’est une chose, mais lorsqu’on est une petite entreprise comme il en existe au moins 80% ici en Polynésie, comment fait on pour trouver les moyens ?
« Eh bien il est important que ces moyens soient proposés aux entreprises qui sont les plus en pointe et parfois des entreprises d’une certaine importance. C’est le Fonds Macron dont on a beaucoup parlé. J’étais avec le Président de la République en juillet 2021 quand il a fait cette annonce et ça va être voté j’espère à l’assemblée de la Polynésie. (…) On peut craindre que les petites entreprises ne soient pas exactement là-dessus. Il faut les inciter à monter à bord. Je prends une exemple : on l’a dit lors du séminaire, il sera sans doute important demain qu’ici en Polynésie, comme ça se fait par exemple en métropole depuis longtemps, la tarification électrique ne soit pas nécessairement la même selon le moment de la journée ou selon le moment de la semaine. Il y a moins de demandes d’électricité le dimanche. C’est un exemple que j’aime citer : les pensions de famille plutôt que de laver le linge le vendredi ou le lundi, c’est peut-être mieux de le laver le dimanche parce qu’alors elles auront une incitation avec une tarification électrique plus incitative, plus faible. »

Il faut faire un effort du côté de EDT également ?
« Bien sûr. Il faut que les entreprises fassent cette proposition, mais moi j’ai compris à l’occasion du séminaire, que EDT avait tout à fait compris qu’il y avait demain un intérêt à proposer des tarifications qui incitent non seulement les plus grandes entreprises, (…) mais aussi les petites entreprises. Vous savez, je pense que le message de la transition énergétique aujourd’hui, il est assez largement partagé, mais il faut en effet trouver les moyens d’action pour que des grandes entreprises investissent et pour que des petites entreprises soient aussi encouragées à investir et à modifier leurs pratiques dans un sens qui va de leur intérêt. »

Dans quels secteurs exactement ici en Polynésie on pourrait plus investir que dans d’autres secteurs, des secteurs porteurs d’avenir en terme de transition énergétique ?
« Dans tous les secteurs il faut investir. Il faut investir dans la production : l’hydraulique, toutes les énergies marines avec un potentiel considérable sur la Polynésie française. Mais il faut aussi investir dans le domaine de la maîtrise de l’énergie, le tourisme. Le tourisme par exemple, ça peut être la maitrise de l’énergie au sens de comment mieux gérer le besoin d’énergie, que ce soit en climatisation, ou d’autres manières. Le Swac peut être utile aussi pour un certain nombres d’hôtels, la pension elle, c’est à quel moment je lave mon linge… Et on l’a vu dans la distribution avec l’exemple de Carrefour. Je crois vraiment que tous les secteurs d’activité peuvent être mobilisés. Et je toruve que c’est une des grandes vertus de la transition énergétique, c’est qu’elle peut vraiment mobiliser l’ensemble de l’économie. C’est un secteur d’activité en soi. Il y a des business à développer, il y a des business à exporter, des jeunes à former, des jeunes à fixer au Pays, des jeunes à attirer, et il y a plein d’innovations à entreprendre sur ce terrain là. Il y a une compétence forte du pays dans ce domaine. Une partie de la mission que la Fedom se donne aussi, c’est que l’Etat mesure quelle est l’importance des Outre-mer, et ici la Polynésie française, pour réussir la transition énergétique. »

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