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Violences sur une personne en fauteuil roulant : les policiers ont menti dans leur déclaration

Sur la vidéo filmée de nuit vendredi et largement diffusée sur les réseaux sociaux, depuis le balcon d’un immeuble, quatre policiers (deux gardiens de la paix et deux policiers adjoints) entourent un homme en fauteuil roulant, puis l’un des agents soulève le fauteuil et fait tomber l’homme à terre. Ce dernier parvient à s’asseoir au sol, mais le même policier lui assène un puissant crochet au visage et l’homme tombe à nouveau. La vidéo, d’une durée de 49 secondes, n’est pas contextualisée et a été filmée dans le quartier Estall de Papeete.

À aucun moment, la personne en situation de handicap ne manifeste de signe d’agressivité. Pourtant, dans le résumé de l’intervention que TNTV s’est procurée, les agents indiquent avoir trouvé l’homme endormi et qu’à son réveil, il était très « excité » : « Ce dernier présente une blessure au niveau de son front et une coupure sur son pied droit. Parvenons à réveiller et ce dernier est très excité. Flirtant avec l’outrage et peu coopératif ». Ils ajoutent par ailleurs que l’homme « serait tombé de son fauteuil tout seul. (…) Retenons ce dernier qui manœuvre son fauteuil manquant de peu de nous écraser les pieds et chute sur la chaussée en devenant de plus en plus agressif en retenant la jambe d’un collègue et nous le repoussons au niveau de sa tête ».

Des propos en contradiction avec les images diffusées. L’homme, âgé de 47 ans, connu sous le nom de Coco, est en effet violenté à plusieurs reprises dans la vidéo. Bien connu du voisinage, il vivait seul. Des témoins disent qu’il était saoul et proférait des injures aux policiers qui l’ont violenté. Il doit subir prochainement une intervention à la jambe pour une infection sans lien avec les faits.

La main courante des policiers, le soir de l’altercation.

L’un des agents était récemment passé en conseil de discipline.

Les 4 policiers ont été suspendus et placés en garde à vue. La procureure de la République en Polynésie française, Solène Belaouar, a déclaré à l’AFP : « Il faut respecter la présomption d’innocence, mais tout le monde a vu la vidéo. (…) Je ne sais pas ce qui a précédé la vidéo, mais ça ne peut de toute façon pas justifier ces actes ». Elle a ouvert une enquête pour violence volontaire en réunion par dépositaire de l’autorité publique sur personne vulnérable.

« Si les faits sont avérés, ils devront être punis sévèrement », a réagi sur X -anciennement Twitter- le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. « Je serai un soutien à toute épreuve de nos forces de l’ordre, mais j’attends d’eux la plus grande exemplarité », a-t-il ajouté.

La victime a déclaré samedi ne pas vouloir porter plainte et avoir bu une bouteille de pastis le soir de l’altercation. Entendus, les agents de la DTPN minimisent les faits en parlant de stress au travail et de surcharge de travail.

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