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Vols de Hello Scoot’ : « Si ça continue, on ne va pas pouvoir survivre »

9 Hello Scooters et 22 batteries ont été volés depuis le 1er janvier. Montant des pertes estimé : 5 millions de francs de matériel (Crédit Photo : TNTV)

Vols chez Hello Scoot’ : « Si ça continue, on ne va pas pouvoir survivre »


C’est par un post largement relayé sur Facebook que l’entreprise Hello Scoot a annoncé la nouvelle : les scooteurs électriques jaunes de Tahiti et Moorea, jusqu’ici accessibles H24 en libre-service via une application dédiée, ne le seront plus de 20 heures à 6 heures, et dans des zones restreintes. Une décision qui fait suite à une recrudescence particulièrement importante des vols de véhicules et de leurs pièces sur le mois de janvier.

Si les dégradations constatées sur les véhicules lors des premiers temps d’exploitation, en 2021, étaient attendues par l’entreprise, les chiffres de 2024 sont éloquents : 9 Hello Scooters et 22 batteries ont été volés depuis le 1er janvier. Montant des pertes estimé : 5 millions de Fcfp de matériel, chaque scooter comportant deux batteries d’une valeur de 150 000 Fcfp chacune.

« C’est comme si on laissait une voiture sur un parking et qu’on enlevait les quatre roues, les rétroviseurs, on cassait les vitres et on démontait le moteur (…) En trois ans, nous avons eu quelques soucis avec nos véhicules laissés sur la voie publique, mais c’était sans commune mesure avec aujourd’hui » , déplore le gérant de la société Arthur Ceccaldi.

Le système est pourtant « fiable » , assure ce dernier : chaque scooter est équipé d’un système GPS, chaque pièce est identifiée et numérotée. « On a investi dans la sécurité de nos scooters, en sachant qu’ils allaient rester dehors (…) On va devoir réinvestir pour améliorer la sécurité, et on va surtout dégrader l’expérience que l’on offrait aux Polynésiens et aux touristes qui venaient » , ces derniers représentant près de 70% des usagers mensuels, soit environ 2450 véhicules. Le reste concerne principalement les Polynésiens pour les « petits trajets » en ville.

Hello Scoot a d’ores et déjà porté plainte auprès de la DTPN et des gendarmeries de Faa’a et de Punaauia, où deux interpellations pour flagrant délit de tentative de vol ont eu lieu. Les cyclomoteurs ne sont par ailleurs pas assurés pour le vol, « en particulier sur les scooters électriques« , ajoute M. Ceccaldi, qui dénonce « une méconnaissance des outils à l’intérieur des scooters et la façon de les assurer » . Selon le gérant, la plupart des batteries volées finissent ainsi sur des vélos électriques survitaminés, à l’image du cycle 8 batteries saisi par les mutoi de Arue, fin janvier.

« Impact moral » et sacrifices

« Le premier impact est moral. On souffre beaucoup de cette situation. Toute une équipe met du temps, de la sueur du lundi au dimanche pour offrir un service utile aux étudiants, aux associations sportives, reprend M. Ceccaldi. Aujourd’hui, on se lève le matin en se disant que si ça continue, on n’aura plus de scooter dans trois mois et on mettra la clé sous la porte ».

Mise au centre du projet Hello Scoot, la foi des dix salariés en la responsabilité des usagers est sérieusement ébranlée. La perspective d’embauche de deux personnes supplémentaires pour soutenir l’activité dans les prochains mois n’en est plus vraiment une, la société ayant décidé de faire revenir des pièces complémentaires pour remettre les carcasses en état. 70 scooters sur la centaine habituelle sont opérationnels.

Pour l’heure, Hello Scoot a décidé de ne pas mettre la clé sous la porte, au prix de plusieurs sacrifices. « On va faire une mesure de sauvegarde de l’emploi et potentiellement dire aux contrats temporaires qu’on arrête, on est obligés de réduire la voilure sur les investissements. On a arrêté le contrat de notre community manager, certains baux de stationnement (…) pour préserver la trésorerie et continuer à exister » , lâche M. Ceccaldi. Des restrictions qui n’incitent pas à l’optimisme pour l’avenir du service sur le territoire. « Si ça continue, on ne va pas pouvoir survivre (…) C’est un vrai tournant dans la façon dont on va proposer le service aux Polynésiens. Les allers simples en ville, potentiellement, ce ne sera plus possible« , conclut-il.

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