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15 ans de prison pour le viol de sa demi-sœur sous la menace d’un couteau

L’avocate générale Hélène Geiger en discussion avec les avocats de la défense et de la partie civile, Me Sylvain Fromaigeat et Me Smaïn Bennouar. (Crédit/ J-B.C/ TNTV)

Jusqu’à la fin de son procès, il s’est enfermé dans ses dénégations. Jamais au grand jamais, il ne s’en est pris à sa demi-sœur de 15 ans, en cette nuit du 20 octobre 2020. Une nouvelle fois, ce vendredi, l’accusé a nié l’intégralité des faits malgré l’insistance de la présidente de la cour, les accusations réitérées de la jeune victime, et les déclarations à charge des témoins, dont sa mère.

« Dis la vérité ! », lui a-t-elle intimé, sans qu’il ne vacille : « J’ai dit la vérité. C’est toi qui es une menteuse, maman. Je te connais. Je sais que tu es en train de la couvrir -la victime, Ndlr ». Devant les enquêteurs, mais aussi l’expert psychologue, l’homme avait pourtant avoué avoir eu une relation sexuelle avec l’adolescente, de 11 ans sa cadette, mais elle était consentie selon lui.

« J’ai dit n’importe quoi, par peur. Ce n’est pas ce qu’il s’est passé (…). Moi, je suis tout seul. C’est moi qui devrais pleurer. Je ne comprends plus rien madame la présidente. C’est eux qui mentent, pas moi », a-t-il lancé depuis son box. Mais son profil ne plaide pas en sa faveur. L’expert psychiatre chargé de se pencher sur sa personnalité l’a décrit comme manipulateur, egocentrique et incapable d’empathie. En bref, « aucun élément favorable » pour l’homme et un risque de récidive très élevé.

« Elle n’est pas née sous une bonne étoile »

Face à ses dénégations, la jeune victime a une nouvelle fois martelé que c’était bien lui qui s’était introduit dans sa chambre, vers 1 heure du matin, avant de la menacer avec un long couteau de cuisine pour l’obliger à avoir un rapport. Des accusations jugées totalement crédibles par les experts, psychologue et psychiatre, qui se sont entretenus avec elle.

Ils ont dépeint une jeune majeure, désormais, abimée par la vie, baladée dans 9 familles d’accueil différentes durant son enfance et déjà victime, avant les faits, d’autres viols. « Elle fait preuve d’une grande résilience (…) mais aussi d’un déni de son mal-être (…) Elle est complément en équilibre entre le fait de trouver sa place dans sa famille (…) et de dire les choses qu’elle a pu subir », a expliqué le psychologue.

« Elle n’est pas née sous une bonne étoile », a acquiescé l’avocat de la jeune femme, Me Smain Bennouar. Et de poursuivre : « imaginez sa terreur sachant tout ce qu’elle a vécu (…). Enfermée dans sa chambre, quelqu’un qui surgit et qui se sert. Elle était comme une proie (…). Elle a été agressée, violée, corrompue (…) Qu’est-ce qu’il lui reste ? Que son courage ! »

« Parole contre parole »

Ce courage, c’est aussi ce qui a « marqué », durant toute la procédure, l’avocate générale, Hélène Geiger. « Quel aurait été son intérêt de dénoncer des faits qui ne se seraient pas déroulés ? (…) Dès lors qu’elle va dire la vérité, elle sait que c’est le risque d’être de nouveau placée ailleurs. Ce sera la dixième fois (…) Devoir à nouveau être en quête affective. Trouver un foyer, trouver une famille. C’est elle qui va devoir quitter le foyer et c’est ce qu’il s’est passé (…) J’ai la certitude qu’il y a bien eu un rapport sexuel et, qu’évidement, elle n’était pas consentante (…) Elle a 15 ans et il en a 26 », a ajouté la magistrate en s’adressant aux jurés. Dans la foulée, elle a requis 12 ans de prison, moins que les 20 ans encourus, au regard du profil de l’accusé « qui fait avec ses armes qui sont assez faibles ». Un homme qui « n’est pas né avec les meilleures cartes en main », ce qui « n’enlève rien à sa dangerosité ».

En défense, Me Sylvain Fromaigeat a dit croire à l’innocence de son client. « En ce qui concerne le viol, ce qui est compliqué, c’est que c’est parole contre parole ». Et celle de l’accusatrice émane d’une « jeune fille qui a eu une vie très difficile, qui est perturbée ». Estimant que le dossier ne comportait pas suffisamment de preuves à l’encontre de l’accusé, et que le doute devait donc lui profiter, l’avocat a demandé son acquittement.

Dernier à prendre la parole, l’homme, qui fait l’objet d’une surveillance en prison pour risque suicidaire, a menacé de mettre fin à ses jours s’il était condamné. In fine, les jurés ont conclu à sa culpabilité et ont été au-delà des réquisitions du ministère public en prononçant une peine de 15 années de réclusion criminelle. Il a la possibilité de faire appel de cette décision.

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