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3 ans de sursis pour avoir “pillé” l’entreprise familiale aujourd’hui liquidée

La gérante a aussi été condamnée à une interdiction définitive de gérer une entreprise. (Photo d'archives TNTV)

De ce groupe autrefois “florissant”, il ne reste plus rien. “La grandeur et la décadence d’une société qui faisait de l’argent”, dixit l’un des avocats de la défense. Ceux d’une agence maritime familiale implantée au port de pêche, désormais liquidée après une gestion désastreuse.

Le patriarche de la famille, vieillissant, avait laissé les clés du groupe à sa fille il y a quelques années. Il était décédé peu après, pendant l’épidémie de Covid. Son épouse s’était éteinte quelques mois plus tôt.

La situation de l’entreprise familiale s’est rapidement détériorée. Leur fille ne tenait pas de réelle comptabilité et confondait allégrement le compte de la société avec le sien pour des montants de plusieurs dizaines de millions de francs. Elle avait également considérablement revu son salaire à la hausse, le portant à 925 000 francs.

Pendant ce temps, les dettes s’accumulaient. Le liquidateur de la société, qui est finalement intervenu, a constaté 122 millions de francs de créances, dont 84 millions dus au Port Autonome.

Quand il -l’ancien patron, Ndlr-était là, l’ambiance était bonne. Il nous donnait beaucoup de conseils. Quand il est parti, j’ai senti que l’entreprise allait à sa fin. C’était elle qui gérait les finances”, avait témoigné une commerciale de la société. “Il ne voulait pas croire que sa fille faisait n’importe quoi avec les fonds”, avait également déclaré la comptable.

Absente pour raisons médicales, la prévenue n’a pu être entendue par les magistrats. En garde à vue, elle avait reconnu les faits, mais aussi expliqué que certains virements correspondaient à des avances qu’elle avait faites à l’entreprise. Et d’autres destinés à la prise en charge de ses parents malades.

“C’est la gabegie absolue”

La procureure

Tout est lié à ce qui est leur est arrivé. Toutes nos actions étaient pour les soins et le matériel qui leur étaient destinés. Je reconnais avoir utiliser de l’argent à des fins personnelles, mais je ne suis pas d’accord avec les montants”, avait-t-elle déclaré aux enquêteurs. 

“Il y a des virements sur son compte personnel, mais ce n’est pas pour mener une vie luxueuse”, a plaidé son avocat selon qui sa cliente n’est pas responsable de la mort de l’entreprise : “Elle n’a pas agi dans le dos de son papa. C’est toute la famille qui s’est trouvée en difficulté. Le papa était tout à fait au courant du système qui a été mis en place par nécessité”.

Un avis diamétralement opposé à celui de la procureure. “C’est l’histoire d’une entreprise sans doute florissante qui se voit piller par des rejetons incapables de gérer quoi que ce soit pour des montants extrêmement significatifs (…) Je trouve cette histoire extrêmement triste. C’est l’anarchie comptable. Il y a des éléments de banqueroute. C’est la gabegie absolue”, a soufflé la magistrate.

Pour banqueroute et abus de bien, la prévenue a été condamnée à 3 ans de prison avec sursis ainsi qu’à une interdiction définitive de gérer une entreprise. Elle devra également rembourser les créanciers de la société familiale disparue.

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