A l’origine, c’est devant une cour d’assises que cet homme de 53 ans, sans emploi, aurait dû comparaître, l’enquête ayant été ouverte pour viol. Mais la victime a accepté que les faits soient correctionnalisés pour éviter une procédure “longue et pénible”, selon son avocate.
En mai 2021, la jeune femme avait bu quelques bières avec sa compagne et une de leurs amies après une journée de travail. Le quinquagénaire, qui vit à proximité de leur fare, avait été invité, bien que toutes se méfiaient de lui. En fin de soirée, ivre, la victime s’était endormie seule sur un matelas posé à même le sol de la cuisine.
Après avoir attendu que tout le monde aille se coucher, l’homme s’était discrètement introduit dans son lit et l’avait agressée alors qu’elle était en plein sommeil. Ses agissements avaient fini par sortir la jeune femme de la torpeur. Elle était parvenue à le faire fuir. Mais le quinquagénaire était revenu quelques heures plus tard, pour réitérer.
Devant le juge d’instruction, le prévenu avait déclaré avoir “envie d’elle depuis longtemps” car il était “amoureux”. “Elle s’est laissé déshabiller. Elle ne s’est pas débattue”, a-t-il, ce mardi, aux magistrats du tribunal, espérant démontrer de la sorte que sa victime était consentante. Pourtant, l’homme tournait depuis de très longues années autour de la jeune femme. Et elle lui avait signifié fermement à plusieurs reprises de passer son chemin.
D’autant que les hommes ne l’intéressent pas. “Il s’en est pris à elle alors qu’elle ne souhaitait plus avoir de relation sexuelle avec un homme (…) ça augmente son préjudice et sa souffrance”, a souligné son avocate.
“Il m’a détruite. On me dit que j’ai perdu la raison, que je deviens folle”(…) J’ai la haine”, a témoigné la jeune femme à l’audience, en pleurs. Elle a raconté consommer depuis les faits de l’alcool plus que de raison pour parvenir à trouver le sommeil.
“Pendant des années, il a harcelé ma cliente, parfois en pleine nuit (…) Elle essaye de survivre tant bien que mal, mais elle est toujours dans un état de sidération qui n’a pas évolué depuis les faits (…) Elle n’arrive plus à se concentrer”, a soufflé son avocate.
Celle du quinquagénaire a plaidé le “malentendu” pour expliquer les agissements de son client : “Ce soir-là, elle lui a dit de venir. Il a mal interprété la situation. Dans son esprit, si elle lui dit de venir, c’est peut-être parce que ses sentiments ont changé. Il se rend compte qu’il a fait souffrir une personne qu’il aimait beaucoup”.
“Je m’excuse. Je comprends que je ne dois plus faire ça”, a fini par consentir l’agresseur, finalement condamné à 5 ans de prison dont 30 mois ferme. Celui-ci ayant déjà passé 18 mois en détention provisoire dans la cadre de cette affaire, il lui restera un an à purger.
Le tribunal lui a également fait interdiction d’entrer en contact avec sa victime et il devra lui verser 3 millions de francs de dommages et intérêts pour son préjudice.