Site icon TNTV Tahiti Nui Télévision

5 ans de prison pour 4 kilos d’ice venus des cartels mexicains

En tout, 4 kilos d'ice ont été saisis par les douanes américaines et celles de Polynésie. (Crédit: OFAST Polynésie et Douanes de Polynésie)

En 2020, cet homme de 25 ans aujourd’hui, avait été interpellé à l’aéroport de Los Angeles en possession de 500 grammes de méthamphétamine. Il avait été condamné à une peine d’un an de prison ferme dans une prison fédérale américaine.

Menacé par des membres de gangs derrière les barreaux, il avait trouvé refuge auprès d’un détenu, un certain “Miguel Sinaloa”, qui était devenu son “protecteur”. Après avoir purgé sa peine, le jeune homme avait été expulsé des États-Unis et avait regagné Tahiti.

Libre, au fenua, l’intéressé a voulu créer une roulotte, une “belle”, “américaine”. A la même période, “Miguel Sinaloa” s’est rappelé à ses bons souvenirs. Car en prison aux États-Unis, le jeune homme lui a parlé de Tahiti, un pays où le gramme d’ice se vend au minimum 1000 dollars US. Un prix exorbitant pour ce membre d’un cartel mexicain qui a rapidement compris les profits qu’il pourrait en tirer.

Dans les premiers échanges, Miguel lui a proposé de s’associer avec lui dans la roulotte. Rapidement, les messages ont porté sur un autre sujet : l’envoi de colis. Le prévenu lui a alors fait parvenir des numéros de boites postales à Tahiti et lui a fourni des identités censées être reliées à ces dernières.

Son plan c’était de descendre à Tahiti. Je devais juste donner des noms et récupérer les colis. Il arriverait plus tard”, a expliqué le jeune homme au tribunal.

5 envois ont été effectués. Le premier a été intercepté par les douanes américaines et les autres par les agents à Tahiti. La drogue était dissimulée dans les coutures d’une robe, des casques de moto, un pot d’échappement, mais aussi dans des bottes et un poncho. Au total : 4 kilos de méthamphétamine.

Depuis son box, le jeune homme a assuré qu’il n’était “pas le commanditaire” du trafic et qu’il avait agi uniquement par crainte de représailles : “Je sais de quoi ils sont capables. Ils sont violents. Je ne voulais pas qu’il m’arrive quelque chose. Ils tuent des gens en prison. Ils n’en ont rien à faire. Je préférai être leur ami que leur ennemi”.

J’ai fait des erreurs. Je le regrette d’être là et de devoir me justifier pour quelque chose que je n’ai pas voulu faire. Mais je suis content que ce soit arrêté”, a-t-il conclu.

La drogue était cachée dans divers colis comme dans celui contenant un pot d’échappement. (Crédit OFAST Polynésie/Douane de Polynésie)

Une version des faits peu convaincante pour le procureur Yann Hausner au regard des “éléments à charge” du dossier. “Il a donné des instructions à Miguel. Il a écrit : ‘mets à l’intérieur du rembourrage dans les casques’ (…) Il s’est associé avec des gens bien implantés aux Mexique et aux États-Unis”, a estimé le magistrat, tançant au passage le prévenu pour avoir “suscité l’intérêt des cartels avec la valeur de la marchandise en Polynésie”.

Quant aux menaces supposées, le procureur ne les a pas jugé crédibles. “Les échanges ne le montrent pas”. Et “la réalité de la venue de Miguel et infinitésimale. Il n’est pas chez lui, ici (…) Il y a aussi de gros bras en Polynésie qui ne se laissent pas faire et qui n’auraient pas peur d’un simple Miguel”, a-t-il ajouté.

L’avocate du mis en cause a, elle, jugé possible la version de son client, un “gamin qui ne sait pas se défendre”. “Il a donné son numéro de téléphone à Miguel cet imbécile et, là, il a eu un nombre incalculable d’appels (…) Il s’est retrouvé englué dans une situation qui le dépasse”, a plaidé Me Béatrice Eyrignoux.

En plus, il n’avait aucune possibilité de récupérer les colis. C’étaient des identités trouvées par hasard et d’autres totalement fantasques (…) Je n’ai pas envie que mon client soit sacrifié sur l’autel de la lutte contre l’ice”, a encore dit l’avocate.

Le représentant du parquet avait requis 7 ans. Le jeune homme a finalement écopé de 5 années ferme de détention à Tatutu. Il devra également s’acquitter d’une colossale amende douanière de 400 millions de francs.

Quitter la version mobile