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6 mois de prison avec sursis requis contre l’ancien dirigeant de Paciferme

(Crédit Photo : Tahiti Nui Télévision)

Mercredi 4 décembre 2019 : un camion-grue de 28 tonnes appartenant à la société Paciferme intervient sur un chantier près de l’avenue des Poilus Tahitiens, sur les hauteurs de Paofai, à Papeete. Une zone où les servitudes, pentues, exigent une certaine vigilance de la part des grutiers et chauffeurs de poids lourd. Ce jour-là, après avoir déplacé un container, un employé guidé par un second entame sa redescente aux commandes de l’engin. La situation dégénère en quelques secondes : la grue prend de la vitesse et dévale la pente pour finir sa course dans le salon d’une maison en contrebas, où se trouvent deux adultes et une petite fille. Aucun d’entre eux n’est blessé.

Le conducteur, lui, se heurte la tête à un muret en s’éjectant du véhicule. Victime d’un important traumatisme crânien, il ne survit pas. Âgé de 39 ans, il laisse derrière lui une femme et un enfant.

Un enchaînement de circonstances dramatiques qui a fait l’objet d’une audience collégiale au tribunal de première instance, ce matin. Le prévenu appelé à la barre est l’ancien dirigeant de la société Paciferme, qui faisait alors travailler 17 employés. Ancien, puisqu’il a cessé son activité suite à l’accident.

Le parquet lui reproche notamment de ne pas avoir produit de formulaire autorisant son employé à manœuvrer le camion-grue, comme l’exige le Code du travail. Qui plus est, insiste la procureure Hélène Geiger, la victime n’était en aucun cas formée aux risques que présentait le chantier, et ne justifiait pas d’aptitude médicale à exercer son emploi . « Les témoins l’on vu être mal à l’aise, déclare-t-elle. Il transpire, il est inquiet » . Et lorsque le véhicule par en roue libre, il est « encore moins formé » à réagir de façon sécurisée.

La défense, elle, tient à dire que la victime était expérimentée, et que les responsables de l’accident sont les entreprises censées être intervenues pour des réparations sur le véhicule. Les experts mandatés par les compagnies d’assurance ont en effet constaté qu’un incident sur la boîte de vitesse était lié à la perte de contrôle du véhicule. « La cause unique est celle de la défaillance technique » , clame Me Jourdainne. La grue, dit-il, a été achetée par Paciferme en 2011. Jusqu’à l’accident, la boîte de vitesse n’est pas remplacée, un vice que « cachent » les entreprises censées être intervenues pour l’entretien du véhicule.

Évoquant les expériences précédentes du trentenaire décédé, Maître Jourdainne demande la relaxe de son client. « Il a fallu que (la défense) montre que la victime était formée, qu’elle avait de l’expérience, parce que le parquet de l’a pas fait » , ajoute-t-il.

Le parquet a requis 6 mois de prison avec sursis et 300 000 francs d’amende contre l’ancien dirigeant de Paciferme. 3 millions de francs ont également été requis contre Paciferme, en tant que personne morale.

Le tribunal rendra sa décision mardi 28 mai.

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