Un homme de 20 ans a été jugé pour homicide involontaire par le tribunal correctionnel, ce lundi. Les faits, qui se sont déroulés à Bora Bora, remontent au 16 novembre 2024.
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Vers 11h du matin, ce samedi, les gendarmes de Bora Bora sont appelés suite à un grave accident entre un camion et deux cyclistes, un couple de touristes métropolitains partis faire le tour de l’île à vélo, sur lesquels il se rabat brusquement. L’homme est touché à la tête avant de tomber, son épouse est également heurtée. Encore au sol, elle voit du sang autour de son mari, tandis que le conducteur se confond en excuses. Il est entouré par des témoins qui appellent les secours et lui retirent ses clés.
Les urgences prennent en charge la victime, Bernard Ayel, garagiste roannais qui vient de souffler ses 65 bougies. Avec sa femme, ils arrivent au terme de leur voyage de rêve en Polynésie française. Fascinés par les cultures océaniennes, ils s’offrent un passage par les Îles Marquises, puis finissent en beauté par la perle du Pacifique. Bernard décède à peine une heure après l’accident, un jour avant son retour pour la métropole, comme le rappelle la présidente du tribunal. « Ils devaient rester 21 jours et repartir. Au 20e, ils ont croisé votre chemin » , assène-t-elle au prévenu, qui prend lentement conscience des conséquences de son geste à mesure que l’audience se déroule.
« Je voulais tout simplement rentrer. Je ne pensais pas que j’allais avoir un accident » , commence-t-il. Il reconnaît pourtant avoir bu, entre le barbecue du vendredi après-midi et sa virée en boîte de nuit, une vingtaine de bières et deux pichets d’1,5 litres, environ 13 litres selon lui. Les contrôlent révèlent une alcoolémie de 0,51 mg/l d’air expiré, et la consommation de cannabis. Âgé de 20 ans, il a eu son permis en 2023 et s’était rendu à Bora Bora pour une mission en menuiserie. À chaud, il déclare aux gendarmes qu’il vient de « gâcher sa vie » et celle des proches de sa victime.
À la barre, en revanche, il montre un certain détachement. « Ce n’est pas comme si j’avais fait exprès. Cela peut arriver à n’importe qui » , déclare-t-il. Des paroles qui consternent Me Bouyssie, représentant les parties civiles. « Je vous trouve particulièrement insouciant (…) ça fait froid dans le dos, et ça m’inquiète. J’aurais aimé voir de votre part un peu plus de compassion, de remords, mais vous n’avez pas l’air capable de faire passer ces sentiments, déplore l’avocat. Mon sentiment est que vous avez été irresponsable. Manifestement, vous n’avez pas intégré l’interdit » .
« Il y a des choses que vous ne pourrez pas rembourser »
Après le portrait du conducteur « zombie » tiré par le procureur, qui sollicite 3 ans de prison dont 2 avec sursis et le retrait du permis, le jeune homme semble rattrapé par la gravité du moment. « J’ai ôté la vie. Si je pouvais payer la famille de la victime » , dit-il, suggérant d’ôter la sienne en guise de compensation. Côté financier, il peut e, effet compter sur son assiduité au travail, comme l’indique son avocate, Me Genot. « Il est sorti de terminale en 2022. Depuis, il n’a eu de cesse de travailler. Il porte sa peine. Nous ne minimisons absolument pas les faits » , assure-t-elle.
Mais l’implacable réalité est rappelée par la présidente du tribunal. « Il y a des choses que vous ne pourrez pas rembourser » , lance-t-elle au prévenu. Sur son banc, il essuie ses larmes avec son t-shirt, qu’il met du temps à changer avant de renouveler ses pardons pour clore l’audience.
Le tribunal l’a finalement condamné à 4 ans de prison dont 3 avec sursis, sans mandat de dépôt.