Cinq jours après cette violente bagarre qui a conduit la victime à l’hôpital, les trois prévenus, âgés de 20 et 21 ans, ont fait face aux magistrats du tribunal correctionnel pour « violences en réunion ».
A la barre, les trois jeunes, connus « pour passer leur temps à se battre », selon des habitants de l’île, ont été peu prolixes malgré les questions pressantes du président du tribunal. Muets la plupart du temps, ils n’ont pu expliquer les raisons qui les ont conduits à provoquer une rixe générale qui, outre le rameur, a fait plusieurs autres blessés, légers.
En garde à vue, l’un d’eux avait déclaré avoir participé au lynchage « pour s’amuser avec les copains » de son quartier, d’autant qu’il se « sentait en confiance » avec son « groupe ». Un autre avait, lui, reconnu avoir frappé la victime « de toute sa force ». « C’est l’effet de groupe qui m’a poussé à continuer à me battre. Et l’alcool aussi », avait-il dit aux gendarmes.
« C’est effrayant d’entendre ça, de taper de toutes vos forces sur quelqu’un qui ne vous a rien fait », s’est indigné le président du tribunal sans véritablement susciter de réactions des prévenus jusqu’ici inconnus de la justice. « C’est pas bien ce qu’on a fait », a tout de même fini par consentir l’un des trois.
L’avocat du rameur a expliqué dans sa plaidoirie que son client, qui souffre d’un traumatisme crânien, pourrait garder des séquelles de son agression. Son incapacité totale de travail a d’ailleurs été fixée à 30 jours et non plus 21 comme initialement. « C’est un rameur, un père de famille. Quelqu’un qui n’aime pas la bagarre. Son seul tort a été de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment », a-t-il déploré.
« Folie collective »
L’avocat a également fait le parallèle avec la dramatique mort de Sandy Ellacott, décédé sous les coups d’un homme en 2015, déjà à Bora Bora. « Heureusement, mon client n’a pas fini comme lui », a-t-il ajouté tout en se disant inquiet pour la sécurité des prévenus : « le papa de mon client, les cousins, les tontons, n’attendent qu’une chose, c’est qu’ils reviennent à Bora Bora».
« Je suis consternée de voir autant de violences mais ils étaient dans une folie collective. Je pense qu’ils ne se rendaient même pas compte de ce qu’ils faisaient », a plaidé, de son côté, l’avocate des prévenus, en demandant au tribunal de tenir compte de leur jeune âge.
Le plus impliqué des trois a finalement écopé de 24 mois de prison, dont 16 ferme, et a été maintenu en détention. Il a donc immédiatement été conduit derrière les barreaux. Le deuxième a été condamné à 18 mois de prison dont 6 avec sursis. Il sera ultérieurement convoqué pour purger sa peine. Quant au troisième, il s’en tire avec un simple sursis de 6 mois. Les trois jeunes majeurs ont également interdiction d’entrer en contact avec leur victime qu’ils devront, en outre, indemniser. Une expertise médicale a été demandée et le montant des dommages et intérêts qu’ils devront lui verser seront fixés à l’occasion d’une prochaine audience.