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Cinq ans de prison ferme pour le « masseur » de mineures

(Crédit Photo : TNTV)

Un « prédateur sexuel » , « gravement dangereux » . Devant ses clientes prostrées, l’avocat des parties civiles, Me Bourion, ne passe pas par quatre chemins pour décrire l’homme jugé par le tribunal correctionnel, ce jeudi.

Cet homme de 43 ans, père de 3 enfants dont deux filles qu’il ne voit plus que par Messenger, a un casier judiciaire qui n’a cessé de se remplir depuis sa première condamnation, en 2007, pour violences conjugales. Il est notamment passé devant les assises pour avoir braqué le champion de Moorea avec une arme, il y a une quinzaine d’années, ce qui lui a valu de passer 5 ans derrière les barreaux, de 2009 à 2014.

Les faits jugés ce jeudi sont de nature sexuelle : 4 agressions sexuelles sur des mineures entre 2017 et 2024, dont trois sur la même victime, sa jeune belle-sœur d’alors. L’autre agression sexuelle pour laquelle il comparaît concerne la mère de cette dernière, victime d’attouchements alors qu’elle dormait. Alité avec son ex-compagne, elle aussi assoupie, l’homme croit l’entendre se masturber, ce qu’il prend pour une invitation à la rejoindre. Il se rapproche d’elle et commence à toucher ses parties intimes, ce qui la réveille. « Elle se masturbe pendant son sommeil ? C’est rare, non ?  » , lance le président du tribunal, interloqué. Réponse de l’homme : « C’est rare. Mais pas impossible » .

« Je n’ai rien vu d’anormal »

La fille de la victime, elle, dit qu’elle se souvient de trois agressions du mis en cause. La première alors qu’elle n’avait que 8 ans, lorsqu’il était venu lui raconter l’histoire de Charlotte aux fraises avant de glisser sa main sous la couverture et de toucher sa culotte, la seconde lors d’une baignade dans le lagon de Moorea deux ans plus tard, où il l’avait forcée à se coller à lui, et la dernière vers ses douze ans, alors qu’il rentrait visiblement d’une soirée arrosée. Il s’était livré à des ébats avec sa compagne devant elle.

La dernière plainte en date a été déposée par une autre mineure, pour des faits remontant à début septembre. Hébergé dans une cabane sur le terrain familial avec un ami à lui, l’homme se rend dans le salon de la maison principale, où la jeune fille se trouve. Celle-ci se plaignant de douleurs aux pieds, il lui propose un massage. La jeune fille, qui le connaît bien et l’appelle « tonton » , se laisse faire. « Si une enfant te dit qu’elle a mal et que tu peux proposer ton aide, tu proposes » , assure-t-il. Mais il ne s’arrête pas là. Il lui prodigue un deuxième massage qui n’en est plus un. Il remonte vers les parties intimes de l’adolescente, qui se sent immédiatement mal à l’aise. Lorsqu’il pose son pouce sur sa culotte, elle prétexte avoir trop mangé et se dirige vers les toilettes, avant de se réfugier dans sa chambre. Elle rejette les propositions de l’homme, qui s’est saisi d’une bouteille de monoi, de continuer les massages dans sa cabane.

Celui-ci compare ces massages à ceux qu’il faisait à ses copains sportifs du foot ou du basket, pour apaiser leurs crampes. Au retour d’une adulte, qui lui demande des explications après avoir été alertée par la jeune fille, il s’extirpe de la propriété. « Je n’ai rien vu d’anormal » , se défend il. Pourtant, son ami, témoin de la scène, confirme la version de la victime. Un « coup de jalousie » , explique-t-il. « Lui aussi, il a eu des vues sur elles » , dit l’homme. « Tout le monde vous en veut dans cette procédure » , note le président du tribunal. « C’est pas grave, c’est comme ça. C’est la vie » , balaie le mis en cause.

Pratique « courante »

L’homme a une « faculté de dissimulation assez importante » , lance Me Bourion, appuyé par la procureure dans son réquisitoire. Le quadragénaire est dissert sur son passé judiciaire et ses projets de réinsertion, « beaucoup moins sur les faits reprochés » , qui en cachent peut-être d’autres selon elle. Son agression dans le lagon de Moorea, poursuit-t-elle, est une pratique « courante en Polynésie » , les prédateurs simulant un jeu avec leurs victimes avant de coller les mains « partout où il ne faut pas » . « Avec un casier pareil, je ne comprends pas comment il peut continuer à sévir (…) il aurait pu commettre des faits encore plus graves » , conclut Me Bourion.

Conseil du mis en cause, Me Genot demande au tribunal de s’en tenir aux faits et de ne pas le juger sur une partie invisible de « l’iceberg » que décrit la procureure, qui requiert à son encontre sept ans de prison ferme.

Le tribunal a finalement condamné l’homme à 5 ans de prison ferme. Celui-ci sera obligé de se soumettre à un suivi socio-judiciaire et des obligations de soin pendant trois ans, sans quoi il sera condamné deux années de prison supplémentaires. Il ne pourra plus paraître à Moorea, ni entrer en contact avec les trois victimes, à qui il paiera 900 000 francs de dommages et intérêts plus 120 00 francs de frais de procédure.

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